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L'ange Esmeralda, Don DeLillo

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 26 Février 2013. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Recensions, Nouvelles, USA

L’Ange Esmeralda (The Angel Esmeralda: Nine Stories), traduit (USA) Marianne Véron, 252 p. 21,80 € . Ecrivain(s): Don DeLillo Edition: Actes Sud

 

L’Ange Esmeralda est un recueil de nouvelles écrites par Don DeLillo entre 1979 et 2011. A côté de ses romans, l’occasion nous est donnée d’apprécier une autre facette du talent de l’auteur, sur des formats courts, facette que l’on avait déjà pu découvrir avec son dernier ouvrage, Point Oméga, une novella déjà bien moins longue que ses habituels écrits.

DeLillo est aussi brillant en novelliste qu’en romancier par sa capacité à planter le décor, d’incarner des personnages, et de créer une tension avec peu d’effets.

L’Ange Esmeralda est un concentré de Don DeLillo, une sorte de miroir de son œuvre, une évocation de ses thématiques. Comme ses romans, les neuf nouvelles de ce recueil sont tantôt brillantes, ultra brillantes, avec leur écriture précise, mais tantôt aussi un peu poussives, à cause d’une certaine tendance à la pseudo philosophie, de dialogues un peu théoriques, pleins de formules, de sentences dont l’auteur a parfois tendance à abuser (mais c’est ce qui fait aussi son charme et pourquoi on l’aime).

La femme d'un homme qui, Nick Barlay

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 19 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Iles britanniques, Roman, Quidam Editeur

La femme d’un homme qui (The wife of a man who), trad. de l’anglais (Royaume-Uni) Françoise Marel, 364 p. 23 € . Ecrivain(s): Nick Barlay Edition: Quidam Editeur

 

Joy est la femme d’un homme qui… est retrouvé mort dans une chambre d’hôtel de Leipzig, dans des circonstances incongrues. Il s’est étranglé avec un collant. Un Golden Lady. Séance d’asphyxie auto-érotique qui a mal tourné.

Joy est la femme d’un homme qui… menait une double vie. Une double vie qu’elle va s’employer à éclaircir, au fil d’une enquête qui la mènera en Allemagne et en Belgique.

Mais, d’abord un mot sur la manière dont l’histoire est racontée.

Nick Barlay explose les codes narratifs en recourant à l’utilisation du « tu ». Mais ce n’est pas un « tu » traditionnel, un je qui s’adresse à un autre, c’est plutôt un « tu » intérieur, un « tu » d’une personne qui se parle à elle-même. C’est comme si Joy commentait ce qu’elle faisait, mais avec un effet de distance, comme si ce n’était pas tout à fait elle qui était embarquée dans cette histoire. D’ailleurs, ce n’est pas elle, mais plutôt pas la femme d’un homme qui…

Le mur de mémoire, Anthony Doerr

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 13 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Albin Michel, Recensions, Nouvelles, USA

Le mur de mémoire (Memory Wall), traduit (USA) par Valérie Malfoy, 7 février 2013, 290 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Anthony Doerr Edition: Albin Michel

 

Un voyage dans l’espace qui se double d’un voyage dans le temps.

Avec son recueil de nouvelles, Le mur de mémoire, Anthony Doerr nous conduit de l’Afrique du Sud aux Etats-Unis, en passant par la Chine, la Lituanie ou l’Allemagne. En plus de nous convier aux quatre coins du monde, il traverse aussi les époques. Mais loin de se livrer à des exercices de reconstitution historique, c’est le souvenir d’événements qui guide ses récits.

Les six nouvelles de ce recueil ont en effet pour thème la mémoire et sa persistance. Elles posent la question de savoir comment des souvenirs continuent à vivre dans le présent et, dans une certaine mesure, comment ils influent sur la vie, voire la déterminent.

Tous les personnages d’Anthony Doerr sont hantés par la perte ou la résurgence de leur passé. Le passé crée un manque parfois vertigineux. Ce qui a été mais n’est plus devient une boussole pour continuer à avancer, mais aussi un fardeau – quand il devient presque fantasme –, qui empêche d’aller de l’avant et de se construire.

Le coeur de l'homme, Jón Kalman Stefansson

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 05 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Pays nordiques, Roman, Gallimard

Le cœur de l’homme (Hjarta Mannsins), trad. de l’islandais Eric Boury, 2013, 452 p. 22,90 € . Ecrivain(s): Jon Kalman Stefansson Edition: Gallimard

 

« Où résident le bonheur et la plénitude, si ce n’est dans les livres, la poésie et la connaissance ? »

Après le magnifique Entre ciel et terre, prolongé par La Tristesse des anges, qui était déjà un ton en-dessous, Jón Kalman Stefánsson conclut sa trilogie avec Le cœur de l’homme. Disons-le tout de suite : c’est l’épisode le plus faible.

L’intrigue de ce troisième opus commence là où celle du deuxième se terminait. Jens le postier et le gamin ont manqué de ne pas sortir vivants de la tempête de neige qu’ils ont bravée. Ils ont été recueillis par le médecin d’un village. Le gamin se réveille avec l’impression de revenir soudain à la vie. Il n’est d’ailleurs pas certain d’être toujours vivant.

« As-tu décidé si tu voulais vivre ou mourir ? s’enquiert cette femme ou plutôt cette jeune fille. Elle est rousse, les cheveux des défunts sont roux. Je ne sais, répond-il, je ne suis pas sûr de connaître la différence, et je ne suis pas non plus sûr qu’elle soit si grande ».

L’hiver cède bientôt la place au printemps et à l’été. La nature devient moins hostile. On ne risque pas la mort en sortant de chez soi.

Shangrila, Malcolm Knox (2ème recension)

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 18 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Océanie, Asphalte éditions, Roman

Shangrila (The Life), trad. de l’anglais (Australie) Patricia Barbe-Girault, 512 p. 22 € . Ecrivain(s): Malcolm Knox Edition: Asphalte éditions

 

A la fin des années 60, il était le plus grand des surfeurs. Une légende. « Le Grand Homme », le surnommait-on. Dennis Keith alias DK. « Tout a été dit sur lui, le plus grand surfeur sur la planche, le fumeur de joints, l’accro à l’héroïne, le génie complètement allumé, le taré, le schizo, le type qui fait pschitt, le ouais mais c’est ».

« Dans l’eau, j’étais un génie, un pur génie ».

Dans l’eau, DK savait quoi faire. Il regardait les vagues et tout devenait naturel. Les autres surfeurs étaient ébahis par son talent, sa maîtrise, sa capacité à exécuter des figures que personne n’avait jamais vues. Il était un pionnier, un créateur, qui a complètement défini une discipline. Tous les autres se sont mis à le copier.

« Y’avait quelque chose dans l’eau qui m’aplanissait. Sur la terre ferme, j’étais qu’un ado balourd, un poisson sans eau, je suffoquais ».

Il a le profil du mythe. Une vie à 150 à l’heure et une mort jeune.