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Articles taggés avec: Saint-Aubin El Fakir Véronique

Kathleen Raine « La fleur du monde » (par Véronique Saint-Aubin El Fakir)

Ecrit par Véronique Saint-Aubin Elfakir , le Jeudi, 03 Octobre 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques

Pour Kathleen Raine, le monde de l’enfance semble s’apparenter à un jardin paradisiaque dans les landes écossaises. En effet, son tout premier souvenir se rapporte à l’image de fleurs de groseilliers longuement contemplées, comme le relate le premier volume de son autobiographie (1) : « (…) je les contemplais, ces corolles minuscules et parfaites, au cœur secret, dans le ravissement d’une connaissance extatique ». Ce ravissement s’accompagne d’un sentiment de reconnaissance et de présence totale qui n’est pas sans évoquer ces « instants d’être » chers à Virginia Woolf où la réalité semble se condenser en quelques éclats mystérieux. C’est ce sentiment d’union ou de réunification avec la nature qu’elle n’aura de cesse de vouloir retrouver à travers sa vocation artistique et que de nombreux poèmes ne cessent de célébrer :

J’avais pensé écrire un poème différent,

Mais, m’arrêtant un instant dans mon jardin à l’abandon,

J’aperçus, tout d’un coup, le paradis descendant dans le soleil

Matinal

Filtré à travers les feuilles (2)

Sapho ou l’amour de la question (par Véronique Saint Aubin El Fakir)

Ecrit par Véronique Saint-Aubin Elfakir , le Jeudi, 22 Août 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

Il s’agira ici de Sapho de Marrakech, comme elle se plaît à se définir. Car on connaît Sapho la chanteuse, mais sans doute un peu moins la poétesse qui est pourtant la marraine d’honneur depuis de nombreuses années du festival Voix vives à Sète :

 

« Sapho allait à la façon des Grecs antiques Jeune un chant sort de ses cheveux ondulés Elle va elle est une force qui va » (1).

 

A l’image de ses chants qui mêlent toutes les langues et transgressent toutes les frontières, ces textes poétiques se déploient comme des arabesques mêlant morceaux de vie, méditations métaphysiques, voyages, livres lus, visages croisés. Des fragments de vie qui s’entrecroisent où l’on entend encore le frémissement des voix perdues du souvenir dans la fraîcheur d’un patio.

Li Qingzhao : la fleur de la mélancolie (par Véronique Saint-Aubin El Fakir)

Ecrit par Véronique Saint-Aubin Elfakir , le Mardi, 09 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

A l’ombre des canneliers, Li Qingzhao, l’illustre poétesse chinoise, semble nous sourire à travers ces siècles qu’elle aura su traverser avec élégance et raffinement. La particularité́ de son œuvre réside dans la sensualité́ et l’extrême sensibilité́ qui émane de ses textes à une époque où se développe un type d’esthétisme plus impersonnel. Li ose la singularité́ et échappe ainsi à toute forme de normativité́ en assumant avec audace sa propre subjectivité́ à travers une forme de poésie chantée très codifiée dans sa forme et dans ses rimes que l’on nomme « le Ci » (1).

En ces débuts, la poésie de Li Qingzhao est une ode à la jeunesse et célèbre cette passion ardente pour son époux en une sorte d’érotisme extrêmement vibrant et subtil. Elle échappe ainsi aux carcans de l’époque comme en témoigne le texte suivant :