Identification

Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Éternelle Yuki, Coralie Akiyama (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 23 Avril 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Éternelle Yuki, Coralie Akiyama, Éditions du Cygne, Coll. Voix au poème, février 2024, 56 pages, 12 €

 

Akiyama, un autre langage : celui que porte la voix d’une mère, Coralie, à l’adresse de sa fille Yuki coupée d’elle comme une île serait coupée de son archipel.

L’espoir de te revoir s’amuse s’amenuise s’amenuise et

puis comme ça un jour tu me raconteras ta journée je

me jetterai sur l’anecdote comme une affamée sur du

pain.

Yuki signifie « neige », et l’on sait l’inaccessible beauté des neiges éternelles. Neige dont un glaçon par moment renfermerait une pierre et blesserait celle qui innocemment s’en trouverait touchée dans l’éblouissement candide de sa ferveur ; qui atteindrait son corps, son âme, en la brûlant, en les ravissant. En dépit de l’espoir qui tisse sa toile pour en faire la tapisserie d’une Pénélope persévérante et malgré tout tournée vers le possible retour équilibré d’une situation nouée de douloureuse absence.

Oh, les filles !, Philippe Lacoche (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 05 Décembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Nouvelles

Oh, les filles !, Philippe Lacoche, éditions Héliopoles, octobre 2023, 176 pages, 17 €

 

Quel est ce fin renard pêcheur à la ligne illustré en première de couverture par Victoria Le Stunff, au bord de ce qui ressemble aux étangs de Commelles situés en Picardie, et qui paraît avec son air goguenard nous jeter un œil complice ? N’a-t-il pas l’allure de notre Marquis des Dessous chics alias Philippe Lacoche ou Ph. L., si admirateur de la gent féminine (filles, femmes, « héroïnes parfois ; seconds rôles, souvent ; simples profils… qu’importe ! ») et si féru de pêche à la ligne ?

Cette fois, le journaliste romancier et parolier, auteur d’une quarantaine de livres, nous invite à pousser la porte de nouvelles littéraires où ce sont bien les femmes qui tirent les ficelles des textes comme du destin des hommes qui les entourent. Se permettant d’emprunter ce titre, Oh, les filles !, à la célèbre chanson des Pingouins, œuvre d’Eddy Vartan et de Marty Robbins, immortalisée par le groupe

Florbelle, Jacques Cauda (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 07 Novembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Florbelle, Jacques Cauda, éditions Tinbad, Coll. Roman, octobre 2023, 96 pages, 17 €

Trois raisons incitent Jacques Cauda à être ici plus que jamais Sadien : trois raisons reliées à trois lieux : Vincennes, Saint-Germain et l’Atelier de Cauda Paris XXe. Le livre de Sade que Jacques Cauda recrée ici, après que le fils irrévérencieux du marquis l’a jeté au feu et d’après les reliques de l’œuvre laissées par les notes, ne nous arrive ni n’est survenu par hasard dans la vie de l’auteur. On connaît en effet l’intérêt fidèle de Cauda pour Sade.

En outre, trois signes manifestent que ces deux-là, Sade & Cauda, n’auraient pas pu ne jamais se rencontrer malgré la distanciation chronologique. Premièrement, Cauda est né non loin du zoo de Vincennes où l’auteur des Cent Jours de Sodome et des Crimes de l’amour fut emprisonné en 1794, dans le donjon du château alors prison d’État. Deuxièmement, un même patronyme relie les deux hommes, celui de « Saint-Germain », nom natif de notre peintre contemporain surfiguratif et nom de la précieuse amie du marquis. Troisièmement, l’atelier du peintrécrivain Jacques Cauda « se situe à l’emplacement d’une ancienne propriété de la famille de Sade ». Trois signes donc : Vincennes, Saint-Germain et l’Atelier Cauda situé dans l’ex-village de Charonne si riche de faits historiques brûlants surtout durant la Commune.

Combinaisons, Denis Ferdinande (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 26 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Combinaisons, Denis Ferdinande, Éditions Atelier de l’Agneau, Coll. Architextes, mai 2023, 198 pages, 23 €

Et si nous allions, de la périphérie de l’écriture vers son centre ? À savoir : partant des objets qui l’exécutent à même la table d’écriture, puis, « – dérivant –, l’écriture prenant graduellement le pas », enfin, comme une apparition dans la matière noire de l’imagination ouverte de la fiction, nous acheminant vers la pièce centrale : la pièce de théâtre. Par sauts chronologiques et/ou d’association, sauts d’obstacles sémantiques, réflexions, séquences de lectures ou d’écoute de pièces musicales, observation de photographies, écarts poétiques et alinéas sans cesse reconduits sous une forme fragmentaire mise en scène en fonction d’une totalité textuelle, ou encore sentences oniriques crayonnées à même le feuillet de la mémoire à l’occasion d’un sursaut d’éveil – en aval d’« un blanc des effacements successifs qui introduisent le fragment » – l’auteur et à sa suite le lecteur traversent l’écriture attablée ici à l’impuissance de sa possibilité même et cependant incessamment mue par le désir de réitérer sa propre nuit, jusqu’à… « sa pointe d’où voir tout se déployer », même l’éclat de son savoir dans la désertion « antésophique » de son acquisition (« remets-toi à ignorer ce que tu sais, pour savoir comment tu le savais et savoir ton savoir), (Paul Valéry, cité in situ). Telle est la nouvelle expérience littéraire expérimentale à laquelle nous convient Les Combinaisons de Denis Ferdinande…

La nuit est toi, Claire Boitel (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 21 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

La nuit est toi, Claire Boitel, Éditions Fables fertiles, avril 2022, 96 pages, 15 €

 

Une narratrice hantée par un récit commun aux multiples diffractions… Mise en abyme de l’acte scriptural littéraire plongeant jusqu’à l’abysse de « la mer écrite » (Marguerite Duras) et dédoublement presque dostoïevskien ou nervalien transportant (transe portant) le lecteur « dans les méandres envoûtants de mystérieuses variations organiques, quasi intuitives », défiant la stabilité du sol. Déviances ou déséquilibres fulgurants voire effondrements de nos centres de gravité qui, nous jetant hors, se dérobent parfois ou font que nous sentons à notre insu le sol se dérober sous nos pas marchant à vue, à l’aveugle ou pris de vitesse, sous nos avancées chaotiques…

La nuit est toi de Claire Boitel est de ces récits aux versants sombres et visionnaires, sans être tout à fait obscurs, à la frange du réel et des zones fantastiques où l’être à tâtons avance, trébuche, VOIT son jumeau inversé dans le miroir, bouscule les repères, près de basculer dans le vide abyssal tentaculaire d’un monde peuplé. La nuit est toi retentit d’une lumière qui perce l’abcès de nos noirs silences serrés entre nos mâchoires d’angoisse, là où les loups les louves de la nuit lunaire ont des dents étincelantes au bord de la bouche rouge incendiée par le craquement des mots