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Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

L’arrestation, Derrida-Kafka, Jean Esponde (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 05 Janvier 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

L’arrestation, Derrida-Kafka, Jean Esponde, éd. Atelier de l’Agneau, février 2020, 154 pages, 18 €

 

Fiction, roman épistolaire, journal de bord, prose autobiographique, essai, critique littéraire – ce roman protéiforme brasse un peu et en un livre ces genres dans une dynamique réflexive qui nous embarque dans un récit initiatique, à l’aune du miroir de la littérature romanesque, surtout lorsqu’elle s’exerce en période historique de crise.

L’arrestation de Jean Esponde (qui a déjà écrit des livres concernant Rimbaud, la Corne d’Afrique et le désert afar, Segalen et la Chine, Héraclite et la Grèce ancienne, Barthes… où des cycles s’enchaînent, prose et poésie se nourrissant et avançant parallèlement) se situe dans l’ère du juridique, dans laquelle notre société s’englue progressivement jusqu’à menacer les libertés individuelles. Cet aspect est signalé dès le choix du titre, dans les citations de Kafka et Derrida en exergue, dans les propos du roman et la présence de l’auteur tchèque et du penseur français.

Vigiles des villages, Bernard Fournier (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 16 Décembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Vigiles des villages, éd. Cahiers de Poésie Verte, Coll. Trobar, Prix Troubadours/Trobadors, 2020, 42 pages, 12 € . Ecrivain(s): Bernard Fournier

 

Ce trente-deuxième recueil de la Collection Trobar est publié en supplément au n°131 de Friches, Cahiers de Poésie Verte, dirigés par Jean-Pierre Thuillat, pour nous emmener au pays des « pierres levées, pierres pointées, pierres soignées », ces monuments mégalithiques dont les menhirs et les dolmens sont les Vigiles des villages dans le département de l’Aveyron (ancien comté du Rouergue). L’occasion pour le poète Bernard Fournier d’y tracer ses lignes non loin de Guillevic, natif de Carnac, qui a aussi chanté les pierres ; de rester en contact avec une mère disparue à travers ces figures maternelles représentées par les « statues-menhirs » du Musée Fenaille de Rodez (« mères à la poitrine lasse, mère aux hanches fécondes ») ; de garder trace de ses racines modelées dans la langue d’oc au pays rouergat.

La personnification de ces « pierres nues / vieilles archives, aïeules aux hanches larges / aux baisers enfuis » prend corps dans le mystère et l’obscur lumineux des strates de « nos mémoires » sur lesquelles

Le fil et la trame suivi de Par quels secrets passages, Danièle Corre (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 10 Décembre 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Le fil et la trame suivi de Par quels secrets passages, Danièle Corre, éditions Aspect, 2020, 110 pages, 17 €

« Tenir le fil de nos trames / qui parfois nous lâche », écrit la poète Danièle Corre, qui nous rappelle que le poème peut être ce recours existentiel pour « calmer la blessure ». Si le temps peut ravauder les carences, le manque, les « trous » qui forment les cahots de notre cheminement (« Les doigts courent / vers le fil de leur folie /ils connaissent / leur néfaste puissance »), seul le poème évite l’effondrement au bord du « vertige » sur le fil duquel nous (re-)tenir pour avancer « le cœur criblé ». La navette des mots tisse le patchwork de nos fragments d’existence, que le Langage poétique recoud, tisserand d’une « toile de résistance » à portée de nos voix quand elles entreprennent – à l’instar de la fleur rimbaldienne dans Aube – de dire le nom du Vivre vrillé au sens d’une quête initiatique. Encore faut-il amorcer notre avancée existentielle sur le bon chemin, celui qui impulse l’élan et soutient la dynamique de nos marches où « chaque pas te donnera vigueur / chaque geste nommera la joie », loin des « chemins des douaniers / où la mer rôde / dérobant sa puissance au vent, / redoublant l’immensité », loin des sentes trompeuses « posant sur la bouche / un bâillon d’ombre (la « bouche d’ombre », écrivait Rimbaud) / qu’il te faudra arracher ».

Gueule noire, Estelle Fenzy (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 25 Novembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, La Boucherie Littéraire

Gueule noire, 54 pages, 12 € . Ecrivain(s): Estelle Fenzy Edition: La Boucherie Littéraire

 

Le responsable éditorial, Antoine Gallardo, le précise dans les remerciements inscrits à la fin de l’opus : « Tout comme moi, Estelle Fenzy ne s’imaginait pas au moment où elle me confiait ces tendres souvenirs d’enfance, qu’ils m’inspireraient une nouvelle collection ». Après la collection éminente des éditions de La Boucherie littéraire, « Sur le billot », Gueule noire ouvre ainsi la nouvelle collection « Sur le billot pour tous » avec un opus poétique s’adressant à des lecteurs de 7 à 107 ans qui souhaiteraient goûter « la saveur de l’enfance retrouvée ». Et celle-ci, universelle par sa période d’inédite exploration à un âge où les perspectives du monde offert sont encore indemnes, indéfinissables et terriblement ouvertes, est profondément palpable entre les pages de cette publication aussi rafraîchissante que chaleureuse, comme la tendresse peut remuer les herbes folles et verdissantes de l’enfance, réactiver la joie ou la nostalgie dans un présent traversé par les souvenirs.

Le Travail du monde, Jean-Louis Rambour (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 11 Novembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Le Travail du monde, éditions L’herbe qui tremble, octobre 2020, 132 pages, 15 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Rambour

 

Le « Travail du Monde » : celui que font les Hommes ; celui qui fait de ses ouvriers, des Hommes… Dans Le mémo d’Amiens, publié aux éditions Henry en 2014, J.-L. Rambour offrait le « Poème-photo » contemporain des gens ordinaires de la Picardie, plus précisément de la ville d’Amiens, observés en leur réalité quotidienne dans leurs faits et gestes. Ici, dans Le Travail du monde, J.-L. Rambour nous offre de lire et entrevoir en « 100 poèmes-diapos » la lutte laborieuse des prolétaires, après les Trente-Glorieuses, en prise avec les effets dévastateurs du progrès industriel sur leurs conditions de travail.

 

Autour du tracteur Mac Cormick, ils sont encore

à regarder sereins le travail s’accomplir.

Mais il leur faut des années pour comprendre

qu’ils ont trop chanté l’arrivée de ces engins :