Le poète Bernard Fournier poursuit sa quête de Réponses (Marches III, partie I), à l’écoute symbiotique du monde naturel qui l’environne, dépositaire de voix humbles ou enfouies auxquelles de prime abord on ne prête pas toujours attention. Ici la rivière prend le relais des pierres qui, Vigiles des villages, peuvent comme nous écouter l’univers, lorsqu’« elles veillent, / les yeux mi-clos sur leurs traits lapidaires / à l’écoute du bruissement des soies, des griffures d’insectes : froissements ou feulements de fauves ». S’il ne l’arraisonne pas complètement, l’homme qui marche (cf. Marches, éd. Aspect) gère son embarquement dans sa traversée du monde, afin de ne pas se perdre et pouvoir poursuivre sa destination. Et même si la poésie – cette nourriture des mots – pourrait éventuellement égarer son cap, il se préoccupe d’accomplir un destin davantage qu’un voyage : « Apprenons la patience des orages le long des routes et des rivages » écrit le poète. Savoir la terre, les arbres, les fleurs, ici les rivières, c’est, non seulement (re-)connaître le terroir et nos territoires mais aussi, écouter l’environnement et s’y accorder, notamment en célébrant par le chant poétique la symphonie polyphonique d’un Univers-Un.