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Articles taggés avec: Donikian Guy

Les Ephémères (Mayflies), Andrew O’Hagan (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 19 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Métailié

Les Ephémères (Mayflies), Andrew O’Hagan, Métailié, août 2024, trad. anglais (Ecosse), Céline Schawller, 288 pages, 21,50 € Edition: Métailié

 

Ce sont les années Thatcher qui constituent la toile de fond de ce roman. Andrew O’Hagan dépeint ces moments particulièrement durs pour la classe ouvrière qui, de grèves en difficultés pécuniaires, a connu des soumissions à l’ordre financier comme jamais. Le monde que l’auteur met en scène est celui des jeunes qui vivent un moment ingrat dont les perspectives relèvent du « no futur » que les punks éructèrent quelques années auparavant. C’est dire aussi que la musique est omniprésente, celle populaire, mais ô combien idoine pour cette époque.

C’est dans ce contexte des années 80 que l’auteur va faire naître et durer une amitié entre Tully Dawson et le narrateur. Tully Dawson est ce garçon fantasque d’une vingtaine d’années qui, en mal de repères familiaux, se tourne vers le cinéma, la musique, et le foot. Nous sommes en Écosse et la jeunesse se morfond dans le chômage et les difficultés qui vont avec, le fric, l’ennui au quotidien, l’alcool, la drogue, ce qui résonne comme une évidence mais ce qui, ici, est le socle d’une amitié qui va se sceller lors d’une virée à Manchester.

Le village secret, Susanna Harutyunyan (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 04 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Pays de l'Est, Roman

Le village secret, Susanna Harutyunyan, Les Argonautes Éditeur, février 2024, trad. arménien, Nazik Melik Hacopian-Thierry, 218 pages, 22 €

 

C’est à un voyage hors du temps que nous sommes conviés à la lecture de ce texte, hors du temps puisqu’aucune date précise n’est donnée, mais daté cependant quand il a comme toile de fond, tout juste évoquée, le génocide de 1915 ou encore l’ère soviétique.

Un voyage hors du temps parce que Susanna Harutyunyan « conjugue les souffrances du peuple arménien avec la poésie de ses légendes ».

Le village secret est donc situé en Arménie, aux confins des montagnes, secret parce qu’il n’est connu de personne « à l’extérieur », secret parce que s’y réfugient ceux qui ont par miracle échappé aux tueries.

L’amour est un exil, Denis Donikian (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 25 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions

L’amour est un exil, Denis Donikian, Editions Actuel Art, 2024, 515 pages

 

Protéiforme, polymorphe, sont les termes qui s’imposent d’emblée à la lecture de la nouvelle parution de Denis Donikian, « Ce livre fou de tous les extrêmes », écrit-il par ailleurs à propos de ce livre. Avant tout, c’est une écriture, des écritures pourrait-on dire, qu’on reconnaît aisément quand Donikian manie l’oxymore, la contradiction et surtout le paradoxe, ces constants va et vient comme pour ne pas se laisser enfermer dans une affirmation, quelle qu’elle soit. Ces figures de style, ces jeux de mots (il aurait écrit maux…) sont vraisemblablement la concrétude que vit chaque exilé, fût-il de la deuxième génération. Donikian est né en France, durant la seconde guerre mondiale de parents rescapés du génocide. S’il n’a pas connu l’exil, il en a, en revanche intériorisé les conditions par la double culture dont il est dépositaire.

Aphorismes, poèmes, textes littéraires, argumentaires bourrés de contradictions comme pour éveiller le lecteur assagi, l’électriser et le parachuter dans l’inconfort de questionnements qui disent essentiellement l’absurdité de vivre et le cadeau inestimable qu’offre pourtant la vie.

L’Âge de l’innocence, Edith Wharton (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 17 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, USA, Les Belles Lettres

L’Âge de l’innocence, Edith Wharton, Les Belles Lettres, 2019, trad. anglais (Etats-Unis) Sarah Fosse, 453 pages, 15,50 € . Ecrivain(s): Edith Wharton Edition: Les Belles Lettres

 

C’est en 1920 que paraît ce roman qui obtient le Prix Pulitzer en 1921. L’autrice, Edith Wharton, entend répondre à son mentor, Henry James, qui lui enjoignait de dépeindre New York, avec ce roman qui se situe donc dans le New York de la seconde moitié du 19ème siècle.

C’est plus précisément au début des années 1870 que se situe le roman, dans le milieu très fermé de la bonne société new-yorkaise, milieu élitiste dans lequel l’étiquette a ses exigences auxquelles on ne saurait se soustraire. Tout y est codifié, s’agissant du langage, du vêtement (on se change pour le dîner…), du maintien corporel ou des interactions dans une société qui règle les parcours, qui ne tolère aucun écart quant aux codes en vigueur et où les unions ne sont pas nécessairement liées au transport amoureux.

Le Cheval en Feu, Anuradha Roy (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 01 Avril 2024. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Asie, Recensions, Roman

Le Cheval en Feu, Anuradha Roy, Actes Sud, novembre 2023, trad. anglais (Inde), Myriam Bellehigue, 271 pages, 22,50 € Edition: Actes Sud

« Il était une fois, il y a fort longtemps, un potier, qui était tombé amoureux d’une femme. Ils vivaient dans le même quartier, il la croisait tous les jours, mais il ne pouvait aller la trouver pour lui dire ce qu’il ressentait. Cet homme et cette femme appartenaient à deux tribus qui se détestaient. Il savait bien que jamais ils ne pourraient vivre ensemble. Une nuit, un cheval de terre cuite le visita en songe : ses naseaux crachaient du feu, il avait des yeux de braise et il s’adressa à lui si clairement que le potier comprit chacun de ses mots. S’il apprenait à chevaucher ce cheval de feu sur la terre et sous l’eau, la femme serait à lui. Il se réveilla avec la certitude que ce cheval devait voir le jour et que c’était à lui de le créer ».

Nous sommes en Inde, le potier se nomme Elango. Il a dans les mains un savoir-faire hérité de ses ancêtres, il ne cède en rien aux modes du moment, ce qui pourrait pourtant le sortir de la misère. C’est son histoire que raconte Sara, étudiante à Londres, qui, pour tromper l’ennui et la solitude, pratique l’art traditionnel de la poterie que lui a enseigné Elango, alors qu’elle était petite fille dans un village en Inde.