Identification

Articles taggés avec: Donikian Guy

Le Bruit des tuiles, Thomas Giraud (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 19 Août 2019. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, La Contre Allée

Le Bruit des tuiles, Thomas Giraud, août 2019, 280 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Thomas Giraud Edition: La Contre Allée

 

Considerant, tel est son nom, sans accent sur le « e », fait partie de ces utopistes sans lesquels le monde n’aurait pas exploré les limites d’une utopie imposées par la nature. Parce ce qu’il s’agit d’une utopie que cet ingénieur économiste polytechnicien français aura voulu vivre et faire vivre.

Nous sommes en 1855. Considerant se rend dans quelques villes françaises pour recruter les candidats à une vie nouvelle. Considerant est un disciple de Fourier, et son projet n’est rien moins que fonder une ville « ex nihilo » pour que chacun puisse rapidement jouir d’une vie plus égalitaire et plus paisible. Ainsi a-t-il acheté des terres dans le « nouveau monde », près d’une ville, Dallas, sans les avoir visitées, grâce à un intermédiaire, pour y bâtir une nouvelle ville qu’on nommera Réunion. Son projet séduit des Français qui parfois n’ont plus rien à perdre et des Suisses intéressés par l’idée d’une vie nouvelle. Ces candidats sont dotés d’un enthousiasme proportionnel au désarroi ou à la misère endurée jusque-là. Réunion, c’est pour eux un nouveau départ qui devrait laisser loin derrière eux jusqu’au souvenir des jours difficiles.

Eros Capital, Les lois du marché amoureux, François de Smet (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 14 Mai 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Flammarion

Eros Capital, Les lois du marché amoureux, janvier 2019, 320 pages, 21 € . Ecrivain(s): François de Smet Edition: Flammarion

 

On se souvient tous des propos d’une vulgarité sans nom d’un certain Donald Trump dans une vidéo où il déclarait éhontément : « Grab’m by the Pussy ». C’était en 2005, les propos d’un futur président… Cette citation fait partie de celles qu’utilise François de Smet dans cet Eros Capital, dont l’objet n’est rien moins que de démonter les thèses romantiques des unions amoureuses quelles qu’elles soient et de démontrer des équivalences a priori surprenantes : le mariage romantique et la relation sexuelle rétribuée ont un dénominateur commun qui n’est autre qu’un échange économico-sexuel.

Chez l’épouse bourgeoise l’échange est implicite alors qu’il est clair chez la putain avec un billet de 50 euros. Quand Trump fait cette déclaration, il choque évidemment nos éthiques en même temps qu’il nous remémore des réalités étouffées par une morale qui n’aura fait qu’entériner des nécessités sociales et économiques.

Rock’n’Roll Animals, Grandeur et décadence des rock stars 1955/1994, David Hepworth (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 22 Février 2019. , dans La Une Livres, Rivages, Les Livres, Critiques, Arts

Rock’n’Roll Animals, Grandeur et décadence des rock stars 1955/1994, octobre 2018, trad. Jean-François Caro, 384 pages, 23 € . Ecrivain(s): David Hepworth Edition: Rivages

 

 

On attribue généralement l’importation du rock à Michel Legrand qui vient de disparaître, ce musicien extraordinaire dont les mélodies constituent la bande-son de la seconde moitié du vingtième siècle. Cette musique, le rock’n’roll, a engendré très rapidement ses icônes, véritables stars qui auront acquis leur notoriété de façon souvent fulgurante et se seront comportées comme des enfants gâtés aux caprices éhontés, aux attitudes provocantes, au langage peu châtié, autant d’attributs qui devaient en faire des personnages exclus, et qui devinrent des modèles pour une multitude de jeunes qui voyaient là l’occasion d’une revanche sur les frustrations d’un monde coincé dans les diktats d’une société étriquée. Il fallait de véritables horizons aux générations de l’après-guerre, une vision élargie de l’avenir qui s’affranchirait des codes en vigueur, et le rock qui arrivait à point nommé permit l’éclosion de ces « rock stars ».

Concours pour le Paradis, Clélia Renucci (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 30 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Roman

Concours pour le Paradis, août 2018, 268 pages, 19 € . Ecrivain(s): Clélia Renucci Edition: Albin Michel

 

Venise, nuit du 20 décembre 1577. Le feu ravage le palais des Doges. Véronèse, réveillé par son frère Benedetto, ne s’alarma tout d’abord pas de l’incendie, mais devant l’agitation inhabituelle des Vénitiens, il ne put que se rendre à l’évidence : l’affaire était grave, et le palais des Doges allait subir des dégâts très importants.

« Rien ne subsistait de la salle du Grand Conseil, ni les bancs des patriciens, ni la tribune sculptée dans un bois précieux, ni les dizaines de portraits des doges répartis en frise en-dessous du plafond aux cadres dorés à l’or fin. De l’immense fresque représentant le Paradis, ils distinguèrent à peine quelques fragments ». Ce sont là les dernières lignes des premières pages de ce roman historique qui donnent au lecteur le propos du livre : Le Paradis, cette immense toile ayant été détruite, c’est son remplacement dont il va être question et les conditions et péripéties qui vont en émailler la facture.

Opus Niger, Pierre Stans (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 10 Septembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Opus Niger, PhB éditions, juin 2018, 100 pages, 10 € . Ecrivain(s): Pierre Stans

 

Ce sont presque 40 années d’écriture que ce recueil de poèmes offre au lecteur (1976-2014). Opus Niger, le titre de l’ouvrage, est également le titre de l’un des six « chapitres » qui ponctuent la publication. Lire Pierre Stans, c’est s’immerger dans une écriture que caractérisent le souci des « petits riens » et une extrême sensibilité. C’est aussi confirmer que la poésie est sans doute le dernier bastion d’une réelle écriture face à l’hégémonie du roman qui voit aujourd’hui se succéder des truismes dont le poème n’a que faire. Il ne s’agit plus de (se) raconter des histoires, mais de souligner ce que toute civilisation a mis au jour, un rapport on ne peut plus sensible au réel, qui tient du paradoxe puisque c’est l’impalpable qui se meut dans les vers, cet impalpable qui fait de nous des êtres bourrés de vibrations pour exprimer le plus intime de chacun. La « musicalité », la scansion donnent aussi au texte une épaisseur que les termes révèlent essentiellement dans ces circonstances.