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Carnivale, Nicole Caligaris (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 19 Mai 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Verticales, Roman

Carnivale, janvier 2021, 388 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Nicole Caligaris Edition: Verticales

 

Certains fleuves, en France comme ailleurs, recèlent, malgré un calme apparent, des tourbillons dont la particularité est d’entraîner le nageur vers le fond, avant de le propulser à la surface. Pour qui n’est pas n’est pas averti, le danger est réel, le sentiment de ne pouvoir lutter contre l’élément liquide, masse mouvante dont la force annihile tout effort.

Ce sont ces sentiments, contradictoires et puissants que provoque la lecture de ce texte. Le tourbillon tout d’abord, puisque Nicole Caligaris déploie des phrases parfois très longues, dans lesquelles ce qui s’apparente à des digressions produit en définitive une espèce de kaléidoscope où se superposent plusieurs degrés du récit. Mais la trame est présente, les éléments du puzzle se mettent progressivement en place, l’auteure ne perdant jamais le fil d’une construction dont les apparences peuvent laisser supposer le contraire. La trame se dessine ainsi, au fil des appendices que sont ces « digressions », les images d’abord floues se précisent et les différents protagonistes affichent les liens qui, au premier regard, étaient plutôt distendus.

Mon frère Robert Johnson, Dans l’intimité de la légende du blues, Annye C. Anderson (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 04 Mai 2021. , dans La Une Livres, Rivages, Les Livres, Critiques, Essais

Mon frère Robert Johnson, Dans l’intimité de la légende du blues, Annye C. Anderson, mars 2021, trad. Nicolas Guichard, 172 pages, 19 €

Les éditions Payot-Rivages Rouge ajoutent à cette collection dédiée au blues et au rock ce témoignage qui, s’il n’est pas strictement littéraire, éclaire d’un jour particulier la vie du légendaire bluesman Robert Johnson. On connaît peu de sa vie, sinon qu’une légende, tenace au point que littérature et BD s’en sont abondamment emparés, voudrait qu’il rencontrât le diable pour lui vendre son âme…

Robert Johnson est né le 8 mai 1911 dans le Mississipi, où il meurt le 16 août 1938 dans des circonstances troubles. Malgré sa très courte vie qui ajoute à la légende, il va devenir le bluesman le plus influent de l’histoire de cette musique. Et le contrat « signé » avec le diable explicite cette importance.

Alors qu’il allait s’endormir, le diable lui serait apparu à un croisement de routes (crossroads), aurait pris sa guitare pour l’accorder, et se serait évanoui. De ce pacte avec le diable seraient nés les fameux 29 titres que le bluesman a créés et enregistrés, titres qui ont inspiré de nombreux musiciens tels que Jimi Hendrix, Jimmy Page, Brian Jones et Keith Richards des Rolling Stones, Eric Clapton…

The Rolling Stones Rock and Roll Circus, Édouard Graham (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 15 Avril 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Essais, Le Mot et le Reste

The Rolling Stones Rock and Roll Circus, Édouard Graham, janvier 2021, 173 pages, 17 € Edition: Le Mot et le Reste

 

Il y a tout d’abord la photo de couverture, qui tient toute la couverture dont une partie de la quatrième. Ce sont les Stones, déguisés dirait-on, entourés de John Lennon, Yoko Ono, Eric Clapton, Marianne Faithfull… Cette photo date de décembre 1968 et montre une partie de celles et ceux qui participeront à ce drôle de cirque, qui va mêler musique rock et cirque sur une idée de Mick Jagger.

L’auteur consacre donc son livre à cet épisode de l’histoire du rock qui aboutira à deux jours de répétition et de scènes filmés, dans le but d’en proposer à la télévision le résultat filmé, pour promouvoir la sortie de l’album Beggars Banquet. L’idée est de réunir ce qu’il y a alors de plus traditionnel en matière de spectacle, le cirque, et de plus novateur, le rock.

Plusieurs pages sont consacrées au contexte qui précède ces deux jours de tournage en studio où l’on dressera un chapiteau. En Angleterre, les émissions de télé sont nombreuses qui sont consacrées aux musiciens de rock, et qui rencontrent un fervent public, les « sixties » étant cette période très féconde qui verra éclore des groupes aussi importants que les Beatles, les Stones, les Who, les Yardbirds, pour ne citer que les plus importants.

Brigitte Fontaine, Benoît Mouchart (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 25 Février 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Le Castor Astral

« Brigitte Fontaine », Benoît Mouchart, 372 pages, 18 euros, janvier 2020. Edition: Le Castor Astral

 

Elle est une figure majeure de la scène underground française, une météore qui depuis un demi siècle fait des apparitions remarquées dans la medias chez lesquels elle a une difficile réputation en raison de ses propos  jugés provocateurs, parfois scabreux, énigmatiques ou agressifs ; elle reste cependant largement méconnue du grand public mais aussi méconnue pour la large palette de ses talents qui s’expriment certes dans la musique, mais aussi en poésie, en littérature, au théâtre…

Brigitte Fontaine est cette artiste protéiforme à laquelle Benoît Mouchart consacre ce livre. Dès les premières pages, l’auteur la compare à une pythie, qui délivre ses oracles à qui veut bien l’entendre, sans pitié, pour dénoncer, rugir, éructer ou adopter un ton plus voluptueux pour déclamer les hontes d’un monde auquel elle peut aussi trouver des charmes évidents. Brigitte Fontaine sait, ajoute-il, adopter un ton espiègle et enjôleur, pour ne pas mâcher ses mots, quitte à mettre son interlocuteur dans l’embarras, voire provoquer un malaise, et ainsi essaime-t-elle « de violents signaux d’alarme contre l’anormalité de la normalité ».

Le cœur battant du monde, Sébastien Spitzer (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 03 Décembre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Roman

Le cœur battant du monde, Sébastien Spitzer, août 2019, 445 pages, 21,90 € Edition: Albin Michel

 

Après Ces rêves qu’on piétine, Sébastien Spitzer signe un roman qui s’enracine dans le Londres de la seconde moitié du 19e siècle. C’est la révolution industrielle avec son lot d’innovations, de richesses accumulées et de misère inhérente à un système dévastateur du point de vue humain, révolution qui est ici un contexte qui devient un « personnage » essentiel.

Charlotte, une Irlandaise, débarque ainsi à Londres pour y trouver travail et logement. Les circonstances vont faire d’elle celle qui va élever le fils caché (jusque dans les années soixante) d’un certain Karl Marx. Telle est la structure du roman qui suit la vie de Freddy, le bâtard de Marx depuis sa naissance. Sa mère, la bonne de la famille Marx, accouche de Freddy, fruit d’une relation avec l’auteur du Capital alors que l’épouse était absente. Et c’est le premier paradoxe de ce texte qui dépeint un Marx théorisant, à force de travail acharné, les classes sociales que la révolution industrielle va user pour les unes, et favoriser pour les autres. C’est bien une morale bourgeoise qui va exclure de ce monde le fils illégitime dont on aura hâte de se débarrasser. Charlotte, qu’un hasard malheureux va faire rencontrer le docteur Malte, sera donc chargée de l’éducation de Freddy, allant jusqu’à la prostitution pour subvenir aux besoins quotidiens dans ce Londres où la misère le dispute aux révoltes.