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Mémorial du génocide des Arméniens, Raymond H. Kévorkian, Yves Ternon

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 18 Février 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Histoire, Seuil

Mémorial du génocide des Arméniens, novembre 2014, 496 pages, 30 € . Ecrivain(s): Raymond H. Kévorkian et Yves Ternon Edition: Seuil

 

L’année 2015 marque le centenaire du début du génocide des Arméniens, perpétré par le gouvernement turc de l’époque, Talaat Pacha, ancien ministre de l’intérieur, étant alors le maître d’œuvre des opérations. Ce fut tout d’abord l’arrestation, à Istanbul, le 24 avril 1915, de 600 intellectuels arméniens qui furent conduits à l’écart de la ville et qu’on ne revit jamais. Ce fut ensuite l’organisation méthodique de la déportation de toutes les populations arméniennes du pays, tant en convois ferroviaires, dans des wagons à bestiaux (déjà !) qu’en colonnes de déportés à pied. Dans tous les cas, la destination, pour ceux, peu nombreux, qui en réchappaient, en raison des attaques dont ils étaient victimes par les bandes kurdes sous l’œil bienveillant des soldats turcs, ou par les populations turques à qui on autorisait tout, moyennant parfois quelque argent, était le désert du nord de la Syrie, Der El Zor. Les survivants y étaient exécutés massivement, et ce lieu est devenu pour chaque Arménien de la diaspora ou d’Arménie un lieu sacré où la mémoire se fixe.

La rage est mon énergie, John Lydon alias Johnny Rotten, Andrew Perry

Ecrit par Guy Donikian , le Samedi, 10 Janvier 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Seuil

La rage est mon énergie, John Lydon alias Johnny Rotten, octobre 2014, traduit de l’anglais Marie-Mathilde Burdeau et Marc Saint-Upéry, 711 pages, 25 € . Ecrivain(s): Andrew Perry Edition: Seuil

 

Voila encore quelqu’un qui aura fait noircir des pages et des pages (ici plus de 700) à des fins pécuniaires ou pour affirmer de façon livresque une notoriété qui serait plutôt mal en point, diront certains. N’en déplaise aux grincheux, cet homme-là, malgré quelques carences qui lui font admirer le foot comme un supporter inconditionnel, a de quoi surprendre quand on le découvre aux antipodes de ce qu’une certaine presse laissait bêtement supposer : qu’on se le dise, le chanteur des Sex Pistols, groupe punk des années 70, ne fut pas cette bête hurlante, ornée d’épingles à nourrice comme seuls attributs distinctifs, outre les fameux tee-shirts à l’effigie de la reine quelque peu « chopperisée ».

Qu’on se souvienne, donc. Musicalement, le rock et la pop s’enlisent, à la fin des seventies, dans des discours qui traînent en longueur, donnant des plages interminables à l’instar de groupes comme Yes, qui ont cependant commis quelques titres emblématiques. Mais la tendance du moment favorisait les démonstrations techniques au détriment d’une efficacité dont se réclamaient les groupes-phare de l’époque.

Portrait craché, Jean-Claude Pirotte

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 06 Octobre 2014. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Récits, Le Cherche-Midi

Portrait craché, août 2014, 192 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Le Cherche-Midi

 

Jean-Claude Pirotte nous a livré ici un volume à titre posthume qui vaut testament, et la raison essentielle de cet ouvrage tient dans ses mots : « les livres relient à tous les passés mémorables (…) car les livres font échec au temps ». Ce poète, trop peu lu, qui publia aussi des essais, et des romans, n’a eu de cesse d’écrire la vie sous l’angle de l’émerveillement ; ses poèmes résonnent de cet amour du vivre et du désespoir qu’il engendre naturellement.

Pirotte nous apprenait son cancer en 2013 dans son roman Brouillard, et il disparaît en mai 2014. Dans ce texte, Jean-Claude Pirotte procède au « recensement de ses douleurs », il « rentre en lui-même » pour saisir, comprendre la maladie et pour mieux sentir ce corps qui, poursuit-il, est encore vivant, malgré la présence de cette anarchie cellulaire. Pourtant son visage déformé, tordu par la maladie, l’empêche de boire ou de fumer. Son menton est souillé par le café qu’il boit difficilement.

Correspondance (1764-1770), J-J. Rousseau, Henriette, Yannick Séité

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 25 Août 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Correspondance

Correspondance (1764-1770), JJ Rousseau, Henriette, Editions Manucius, présentation et notes Yannick Séité, 138 pages, 10 € . Ecrivain(s): Yannick Séité

Décidément, notre 18ème siècle français aura été bien riche, et notre légitime amour des Lumières occulte parfois des trésors que les éditions Manucius ont le mérite de remettre en « lumière » ! Cette correspondance entre J.J. Rousseau et Henriette vient en témoigner, tout d’abord pour l’objet lui-même, et ce joli petit livre de quelque 130 pages délivre par ailleurs une richesse roborative. Cette correspondance n’a pas fait l’objet d’une édition séparée depuis 1902, cette édition étant efficacement préfacée Yannick Séité, spécialiste des Lumières.

Nous sommes au printemps de 1764. J.J. Rousseau est réfugié à Môtiers, principauté de Neuchâtel, après la publication d’Emile. Il reçoit alors une longue lettre signée du seul prénom d’Henriette. C’est là que tout commence. Cette Henriette va éperonner Rousseau en partant de « son expérience singulière pour gagner l’abstraction ». Elle va tout d’abord flatter quelque peu Rousseau en lui avouant l’admiration sans bornes qu’elle lui voue, « vos principes me paraissent les plus vrais, les plus clairs et les plus solides », pour lui signifier très rapidement sa quête du bonheur afin d’atténuer une difficulté de vivre sereinement.

Jimi Hendrix, Mémoire d’outre-monde, Peter Neal, Alan Douglas

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 21 Mai 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, USA, Jean-Claude Lattès

Jimi Hendrix, Mémoire d’outre-monde, traduit par Claire Breton, novembre 2013, 22,90 € . Ecrivain(s): Peter Neal, Alan Douglas Edition: Jean-Claude Lattès

 

La notoriété, l’importance historique, l’empreinte indélébile d’un individu ne peuvent suffire à donner naissance à l’écriture d’un livre qui fera date. D’aucuns soupireront en disant qu’il n’y a là qu’un livre de plus sur ce musicien génial qu’était Jimi Hendrix, que tout a été dit et que ces parutions n’ont pour but que l’importance d’un tirage lucratif. C’est sans doute le cas pour nombre de ces ouvrages qui n’apprennent pas grand-chose et qui se contentent d’exploiter l’admiration sans faille que les lecteurs potentiels vouent au musicien. D’autres en revanche auront à cœur de se procurer tous les ouvrages parus, quelle que soit leur teneur, l’essentiel étant de les aligner, par déférence aveugle.

Mais ici l’affaire est tout autre. A l’origine, il y a parmi ceux qui ont côtoyé Hendrix, ceux qui l’ont vraiment connu, tant par et pour la musique et aussi humainement. Ce sont Alan Douglas, le producteur de Hendrix et Peter Neal, journaliste. Ceux-là projettent tout d’abord la création d’un film biographique, et vont donc compulser une documentation considérable dont les sources sont ce que Jimi Hendrix lui-même a écrit ou « griffonné » et les interviews qu’il a données, le tout augmenté des propos qu’il a pu tenir avec des musiciens comme Miles Davies, John Mac Laughlin…