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Irish blues, Neville Rowley, Rory Gallagher (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian 12.05.25 dans La Une Livres, Les Livres, Arts, Recensions, Le Mot et le Reste

Irish blues, Neville Rowley, Rory Gallagher, Editions Le Mot et le Reste, mars 2025, 160 pages, 17 €

Edition: Le Mot et le Reste

Irish blues, Neville Rowley, Rory Gallagher (par Guy Donikian)

 

Rory Gallagher fit partie des grands guitaristes britanniques (Irlande) des années soixante-dix. Le blues fut son inspiration première, mais sa musique a franchi les frontières du blues. C’est en 1972, le 12 septembre, que le Melody Maker le plébiscite devant Eric Clapton et Jimmy Page. « Le 18 au matin, Jimi Hendrix est retrouvé mort à son domicile à Londres. C’est la fin d’une époque ».

Et quelle époque !

Rory Gallagher commence alors une carrière solo après la dissolution du groupe qu’il avait formé, Taste. Neville Rowley nous embarque dans le sillage du musicien irlandais sur douze de ses titres, comme les douze mesures du blues qui aura inspiré sa musique.

Taste est donc formé à l’été 66, un trio à l’image de celui que Gallagher admirait tant pour la liberté de jeu que cette formation laissait au guitariste, Cream. Il y aura Eric Kinterringham à la basse et Norman D’amery à la batterie. Le nom du groupe, Taste, sera choisi à la hâte. « Après tout, si certains s’appellent “la crème”, pourquoi ne pas insister sur “le goût” ? ». Le groupe commencera par des reprises des Rolling Stones, des Who, de Chuck Berry, ou encore de Dylan. Gallagher va alors s’essayer à l’harmonica, qu’on retrouvera plus tard sur certains titres. Tout cela se passe à Cork, mais pour que le groupe décolle, on va privilégier les compositions et on va s’installer à Belfast. Puis les tournées vont se succéder comme à Hambourg en janvier 1967.

En novembre de la même année, Taste joue à Londres, où tout se passe, en première partie des Bluesbreakers de John Mayall, qui a confié la guitare à un certain Mick Taylor, bientôt débauché par les Rolling Stones. Si la musique des Bluesbreakers est de qualité, leur présence scénique est plutôt tranquille, ce qui contraste avec l’énergie de Taste, énergie qui va « enfoncer » le groupe de John Mayall.

Le groupe progresse, et va enregistrer un 45 tours en avril 68, avec le titre Blister on the Moon, là encore un titre choisi à la hâte, comme le nom du groupe. Ce titre « c’est d’abord un gros son. Guitare, basse, batterie : ça sent la cave, les cheveux longs et la transpiration. On comprend immédiatement pourquoi les trois petits jeunes de Cork ont conquis bien des salles de concert, et pas seulement en Irlande ».

Dès ce premier enregistrement, Gallagher s’occupe de tout, c’est lui qui compose, qui place sa guitare, chante. C’est ce qu’il fera désormais tout au long de sa (trop) courte carrière. Suivra un album, sommairement intitulé Taste, enregistré dans la foulée mais qui paraîtra un an après, dans lequel les compositions sont plus maîtrisées et la production plus précise.

« Le 28 août 1970, Taste se produit au festival de l’île de Wight, dans le sud de l’Angleterre, et la performance est non seulement enregistrée, mais aussi filmée. (…) Comme à Woodstock, les clôtures ont sauté et plus d’un demi-million de personnes assistent gratuitement à ce défilé de grands noms, des Who à Jimi Hendrix, en passant par Miles Davis et Leonard Cohen ». Gallagher va tout donner dans ce concert, les idées musicales fusent, tout se passe comme si tout n’était qu’improvisation maîtrisée. Mais ce concert sera le chant du cygne de Taste, Rory Gallagher va se séparer de ses comparses pour d’autres horizons, sa carrière solo peut commencer, la maturité musicale le permettant. Le dernier concert du groupe a lieu le 24 octobre 1970 à Belfast, là où le groupe avait véritablement décollé.

Gerry McAvoy et Wilgar Campbell seront respectivement à la basse et à la batterie, deux musiciens qui vont « servir » Gallagher et sur lesquels le guitariste pourra s’appuyer. Un album sera enregistré, intitulé Rory Gallagher, comportant des titres plus aboutis, des chansons « plus savamment construites ».

L’aventure commence en trombe et Neville Rowley dissèque un des titres de l’album, I fall Apart, pour souligner non seulement le texte, révélateur, mais aussi le choix musical qui s’inscrit dans la lignée d’un Led Zeppelin qui sortira un peu après son quatrième album.

Le texte de Neville Rowley, documenté, nous convie ensuite à vivre les sommets du guitariste, tout comme ses angoisses et sa solitude… Un guitariste une fois encore parti trop tôt.

 

Guy Donikian

 

Neville Rowley est historien de l’art, spécialisé dans la Renaissance italienne. De par ses origines irlandaises et sa passion du blues, il est familier de l’univers de Rory Gallagher.



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