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Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

L’oiseleur, Pierre Lepère (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 19 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Z4 éditions

L’oiseleur, juin 2018, 104 pages, 12 € . Ecrivain(s): Pierre Lepère Edition: Z4 éditions

 

« Et n’étant plus personne Reconquérir Ithaque », écrit le poète Pierre Lepère dans L’île intérieure, l’un des poèmes constituant le premier volet, Intimité, de son nouveau livre paru chez Z4 éditions, L’oiseleur. Car, « au commencement comme à l’achèvement suffit le Verbe », note Hans Limon dans l’Avant-propos. Suffit effectivement le Verbe, le chant poétique, à celui qui, éternel passant et passager du ciel migratoire, effleure pudiquement mais s’approche tragiquement d’une bribe de ses ailes le cadastre d’humanité, le sien ouvert à l’univers – d’une aile, d’un regard, à l’affût pacifique de ce qui se trame au pays des Hommes et de la Terre. L’oiseleur est ce marchand qui prend les petits oiseaux à la pipée, aux pièges, aux filets. Le poète-oiseleur, pacifiste, capte par le « filet de lueurs » et par ses « stances orphiques » une réalité prise au risque des mots : celui de l’envol, forcément ravissant, à la prise de vue d’envergure, heureuse et/ou malheureuse, l’augure aléatoire dans le ciel quotidien mais augural dans la forêt des signes et des songes emparfumée de brume et de soleils noirs ou de tonicité magnétique à l’instar du sens de l’orientation des oiseaux livrés, corps entier, à l’altitude mystérieuse, énigmatique.

Choix de poèmes, William Butler Yeats (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 12 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Choix de poèmes, éditions Petra, août 2018, édition bilingue, trad. anglais Claude-Raphaël Samama, 140 pages, 16 € . Ecrivain(s): William Butler Yeats

 

Cette nouvelle traduction française de poésies de William Butler Yeats par Claude-Raphaël Samama – après les restitutions françaises antérieures proposées par Fréchet (Aubier), Cazamian (Aubier), Bonnefoy (Gallimard), Briat (Seuil), Masson (Verdier) – se penche sur la part humaniste, sentimentale et réflexive de l’œuvre de l’écrivain irlandais, plutôt que sur celle ésotérique ou politique. Un lyrisme personnel s’exprime dans ces textes poétiques à la voix émouvante et désabusée, retenant l’attention du lecteur touché par l’expression de faits, d’états sentimentaux que le poète a pu lui-même expérimenter. Les textes de Yeats choisis par Claude-Raphaël Samama évoquent la guerre, les déceptions sentimentales, l’impossibilité de l’amour, la tentation de la résignation face à la bêtise ou le dépit amoureux, la sagesse acquise avec l’âge, la mort rêvée ou méditée, etc. La relativisation du sentiment amoureux revient murmurer au destinataire (lecteur, lectrice, Je, Tu, Nous) : « Ne donne jamais ton cœur » ou « Surtout n’aime pas trop longtemps » : Ma douce amie, que ton amour ne dure :Moi j’ai aimé trop et trop longtemps.

Réarmement lumière, Alexandre Desrameaux (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 08 Novembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Réarmement lumière, Alexandre Desrameaux, Ed. Des Vanneaux, Coll. L’Ombellie, mars 2018, 58 pages, 15 €

 

Le titre à première lecture interpelle : Réarmement lumière, mais encore ? Signalétique d’un opus poétique, le lecteur l’interprète d’emblée en son sens figuré et se souvient que le réarmement a pu historiquement désigner un mouvement de rénovation spirituelle fondée sur des valeurs pacifiques et altruistes, « réforme du monde par une réforme de la vie personnelle ». Gandhi en fut un représentant avec sa doctrine de non résistance fondée sur des moyens pacifiques. Est-ce de cela que nous parle ici le poète Alexandre Desrameaux ? Appliqué à la poésie nous devinons que le réarmement désigne ici un rechargement des batteries pour « transformer la vie » au sens rimbaldien. Du moins le supposons-nous de prime abord. L’illustration de couverture qui représente un détail d’une œuvre picturale signée du poète d’envergure Bernard Noël, confirme cette orientation par sa légende « Les soupirs de la méthode » et nous conforte dans l’idée que nous nous ouvrons là à la lecture d’un cheminement, cognitif et créatif très probablement, les deux se complétant, formant la dimension non systémique mais totalisante de notre intégration au monde ici pulvérisé pour souffler le carcan de remparts transfigurés en « fumées d’escaliers, montant Babel de chiffres et prouvant dieu malgré eux ».

Énigmes du seuil, Poèmes & dessins, Rio Di Maria (par Murielle Compère Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 29 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Poésie

Énigmes du seuil, Poèmes & dessins, L’Arbre à paroles, juin 2018, 148 pages, 15 € . Ecrivain(s): Rio Di Maria

 

 

« La maison » qu’habite le poète est celle du Langage, où « le poème résiste chambre de passage pour l’ailleurs ». Maison originelle, maison des mots, dont il lui a fallu / dont il lui faut franchir « le seuil » tendu vers « l’intransigeante énigme » invoquée par l’horizon, – seuil

« que nul ne pourra franchir

tant

que l’impossibilité d’être ailleurs

subsistera »

Seuil, situé dans le mouvement de flux et reflux, entre la « maison vide » et la « maison de lumière ». Naître, grandir, franchir le seuil, partir et, revenir car « revenir au foyer dilate l’horizon ».

Aphélie, suivi de Noctifer, Frédéric Tison (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 24 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Aphélie, suivi de Noctifer, éd. Librairie-Galerie Racine, février 2018, 124 pages, 15 € . Ecrivain(s): Frédéric Tison

 

Deux livres en miroir composent cet opus du poète Frédéric Tison, auteur d’une dizaine de livres de contes et de poésie, qui collabore régulièrement avec des peintres, graveurs et photographes pour des livres d’artiste. Le premier, Aphélie, focalise son regard sur ce lointain que l’on nomme parfois l’Autre (l’autre que soi-même, ou l’autre enfoui en soi parfois posté dessous notre doublure), « celui qui est en chacun denous, à l’ombre du monde que nous hantons ». L’« aphélie » désigne en astronomie le point de l’orbite d’un corps céleste le plus éloigné du Soleil. Du sens astronomique au sens métaphysique et humain le lien est étanche, centré sur la question du regard et de ses points de vue. Le second livre, Noctifer, continue de s’approcher de l’un des versants-mille-feuille insolites de notre présence humaine (à la fois singulière et universelle : partie intégrante d’une humanité), cette fois du côté de celui désigne « l’étoile du soir » (qui a nom aussi Vesper), « le porteur de nuit ». Donnant « la parole à ce lointain qui est en (lui) », le poète « interroge sa nuit », précise-t-il dans ses « notes liminaires » – en pointant l’acmé de nos errances vrillées à la condition humaine : « cette nuit », demande Frédéric Tison, « est-elle notre origine ou notre histoire ? ».