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À propos de Traction-Brabant 80, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 15 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Revues

Traction-Brabant 80, 2,40 €

 

Ce numéro 80 du 15 septembre 2018 permet à Patrice Maltaverne d’« aborder le thème sensible du grand âge », l’éditeur-poète s’imaginant être « aussi vieux que (s)on poézine ! ». Non sans humour et causticité comme à son habitude (on ne change pas de tempérament, même si au fil des années l’expérience nous apprend à peser l’importance des choses, en mieux ou en pire…). Ce qui nous donne un numéro aussi revigorant que son capitaine tient coûte que coûte le cap, malgré la concurrence et en dépit d’une société performative qui pousse ses pions à remplir leurs objectifs et faire leur bilan de compétences de plus en plus compétitives… Si Maltaverne était aussi vieux que son poézine, voyons voir, il aurait le bel avantage de se consacrer à plein temps à l’écriture, écrit-il bien campé dans sa page savoureuse des Incipits finissants, sa poésie « en viager », et pressant « les éditeurs, des gens de (s)a génération, donc des êtres d’expérience, de (l’) éditer plutôt deux fois qu’une, ou rien qu’une fois de plus, jusqu’à la prochaine, parce que voyez-vous, on n’est pas immortel, même moi, et çaserait dommage que je sois édité à titre posthume ». Il écrirait, il publierait, il courrait… conformément au rythme tendance d’une société boulimique produisant en temps chronophage (sourire), mais… ne vaudrait-il pas mieux « dormir, être décédé au quotidien » ?

Mordre l’essentiel, Christophe Esnault (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 11 Octobre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Mordre l’essentiel, Christophe Esnault, Tinbad-Poésie, mai 2018, 332 pages, 26 €

Dans la vie après tout, tout n’est-il pas question de syntaxe (désaxée, normative ou transgressée) et de style ? Avec le don, ou pas, d’une voix singulière. Nous en avons une ici, la voix singulière de Christophe Esnault. Étonnante, décalée, pour la meilleure envergure. Amplifiée par ses ratures, pour « rater encore » ; augmentée par ses vomissures ; ses raclures où morfler, renifler / expectorer (plus que respirer, « respirer, c’est déjà cautionner un système »).

« Ce que vous avez pris pour mes œuvres, écrivait Artaud, n’étaient que les déchets de moi-même, ces raclures de l’âme que l’homme normal n’accueille pas ». Nous y sommes.

Quand le lecteur recevra ce livre il y replongera, forcément, pour « rater mieux » sa vie ordinaire. Y reviendra, se retournera tous ses sens déréglés, biffera peut-être l’ambition secrète de devenir un jour « un écrivain » si ce n’était qu’écrivain « raté ordinaire » ou reverra sa posture en crevant la baudruche de ses illusions. Les autres souriront de découvrir, dans le style de Christophe Esnault, l’invisible d’évidences tues au quotidien surgir ici la tête de l’eau, une succession de situations absurdes nommée Vivre, une « altérité du ratage. Ou l’inverse ».

cOsmOésia, Christophe Dekerpel, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 26 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

cOsmOésia, Christophe Dekerpel, éd. La Chouette imprévue, octobre 2018, 59 pages, 14 €

 

Origine de l’Univers & Origine de l’Un/de l’Être au singulier, dans sa Singularité : où se situe l’Un, par rapport à l’Autre ? Se rejoignent-ils ? Lors de quel « voyage, hors du temps » ? Soumis à la gravitation, pesant (« Gravitation fois mille ~ G X 1000Pesanteur zéro ~ P=0 »), être « humanimal », au cœur de l’univers, « Suis-je ici ? Suis-je ailleurs ? Ici et ailleurssimultanément ? »… Le nouveau livre de Christophe Dekerpel qui avait signé précédemment De corps, encore, aux éditions Corps Puce, nous assigne dans cOsmOésiaà notre errance constitutionnelle d’être humain en quête d’une place où trouver corps, existence, au sein de l’Univers infini.

Les questions à l’origine de la réflexion philosophique sont posées dès le départ de ces poèmes métaphysiques : d’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous (« Que deviennent les choses quand elles s’érodent ?Rejoignent-elles, infiniment petites, l’univers, dansleurs versions ioniques, subatomiques ? »). Une sorte de « How to be or how not to be » se décline ici, nous replongeant dans un questionnement inhérent à la condition humaine dès qu’elle s’interroge sur sa géolocalisation dans l’espace-temps (« multiplicitémultiplicitêtre ») devenu ici espace-temps sidéral.

Après la nuit après, Thierry Radière (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 19 Septembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Après la nuit après, éd. Alcyone, coll. Surya, mai 2018, 67 pages, 18 € . Ecrivain(s): Thierry Radière

 

Le miel se fabrique ici dans la ruche des songes, Après la nuit après, juste au sortir du Rêve. La singularité de ce nouveau recueil de Thierry Radière se tient, non entre chien et loup mais, à ses antipodes analogues, dans l’entre-deux communicant du sommeil en phase terminale et du réveil qui n’a pas encore tout à fait mis pied à terre (« (…) cet instant-là entre deux nuits où le jour (sera) court (…) »).

La situation du paroxysme plonge l’auteur et les lecteurs de ces lignes dans le plaisir de l’Écrire, passerelle sous laquelle court l’appel de la lumière, suspendue dans « la nuit en apnée ».

Nous connaissions L’Expérience de la nuit ainsi que Marcel Béalu nous l’a retranscrite – pour citer en exemple un auteur s’étant toujours tenu, comme ici et souvent Thierry Radière, dans l’entre-deux créatif du rêve et du réel –, son écart énigmatique fascinant dans l’entre-deux où se meut le mystérieux pouvoir des mots quand les clés de la poésie y forgent des portes entrouvertes.

Marches III, Bernard Fournier, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 13 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Marches III, Bernard Fournier, éd. Aspect, 2017, 113 pages, 14 €

 

Après Marches en 2005 et Marches II en 2009, le poète Bernard Fournier signe ce troisième volet composé de IV parties dont les titres résonnent déjà comme peuvent résonner des marches entreprises au sein du monde naturel ou au cœur d’un univers à la fois étrange et familier, mi-onirique mi-fantastique, tel qu’on en trouve l’atmosphère dans la poésie de Jean Joubert, ou Michel Cosem (pour ne citer qu’eux).

La première partie semble, ainsi que l’annonce son titre, attester d’une quête de « Réponses » correspondant à une écoute de la part du poète. Écoute du monde naturel qui l’environne, dépositaire de voix enfouies auxquelles l’on ne prête pas toujours attention et que l’on évoque parfois sans les connaître, dans notre « monde interprété » pour reprendre l’expression de Rilke dans les Élégies deDuino. Ces Réponsesse lèvent à l’unisson des voix de l’aube, que le regard et le langage cherchent, depuis les premières lignes des aurores, dans la brume et les « brouillards (préalables) de mai ».Et ce rendez-vous, poétique en ses postes d’affût, constitue une « entreprise » (« La premièreentreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom »), à l’instar de celle du poète Rimbaud dans ses Illuminations, dévoué à la rencontre de l’Aube. Le poète Bernard Fournier écrit ainsi :