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Articles taggés avec: Leuckx Philippe

Stendhal, Dominique Fernandez

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 21 Juin 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Buchet-Chastel

Stendhal, Dominique Fernandez, avril 2018, 240 pages, 14 € . Ecrivain(s): Dominique Fernandez Edition: Buchet-Chastel

Ces pages choisies du grand auteur amoureux de l’Italie sont présentées à point nommé par Dominique Fernandez qui a consacré tant d’ouvrages à son amour pour la péninsule, ses auteurs, ses lieux.

Stendhal se donne là à (re)lire au travers de longs extraits de Lettres à Pauline ; Vie de Henry Brulard ; Rome, Naples et Florence ; Promenades dans Rome ; San Francesco a Ripa ; Le Rouge et le Noir ; La Chartreuse de Parme.

La préface à ces pages sobrement intitulée Le courage d’être singulier dévoile combien l’auteur, dont la chasse au bonheur a été souvent source d’aléas, a réussi à donner des œuvres bien éloignées de sa vie malheureuse ou décevante, des œuvres toniques, enjouées, pleines d’exaltations et de réjouissances. Le plaisir d’écrire saute à chaque phrase et Fernandez met en balance le travail d’un Flaubert, toujours à récrire dans l’épuisement, et celui d’un Stendhal, léger, libre, spontané. Il n’a rien du « corset de l’artiste ». « Grand critique », le romancier a une carrière remplie, mais la solitude foncière d’Henry Beyle lui a donné l’occasion et le soulagement de répondre à l’insuffisance par des romans qui sont à rebours. Rien de son parcours n’est directement exploité, il est à mille lieues de la littérature de soi. Il ne fait pas de la littérature pour elle-même, il compose des histoires où les personnages hauts en couleurs peuvent transformer une vie médiocre (« navrante fut sa vie érotique ») en un roman qui emballe.

Les 100 mots de la poésie, Jean-Michel Maulpoix

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 04 Juin 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, PUF

Les 100 mots de la poésie, coll. Que sais-je, mars 2018, 128 pages, 9 € . Ecrivain(s): Jean-Michel Maulpoix Edition: PUF

 

En expert de la poésie, du lyrisme contemporain, professeur de ces matières en Sorbonne, Jean-Michel Maulpoix (1952), poète reconnu (Une histoire de bleuL’hirondelle rouge, dernier livre de poèmes doublement primé), se fend avec brio d’une étude sur la poésie, en cent mots choisis pour l’explorer de fond en comble, subjectivement, il va de soi, défendant ses poètes (Rimbaud, Mallarmé, Rilke, Michaux, Bonnefoy, Deguy…), s’en inspirant par des citations pour fouailler dans le corps vaste des poésies. À la vision longtemps univoque et classieuse de la poésie, comme si c’était un langage unique, une fois pour toutes bardé de symboles, de formes fixes et de médailles, il répond d’une investigation éclairant formes, tons, modes, écoles, modalités, langages, figures de style, ainsi que la réception – selon les époques et les mentalités – de ce travail « poiétique » « qui déborde de la page » tout en la cadrant d’une manière originale.

Une terrasse en Algérie, Jean-Louis Comolli

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 30 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Roman, Verdier

Une terrasse en Algérie, février 2018, 192 pages, 14 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Comolli Edition: Verdier

 

Plus de soixante ans après les faits tragiques, Jean-Louis Comolli revient par l’écriture dans l’Algérie qu’il a dû quitter un jour de 1961.

Né en 1941, l’amoureux du cinéma, le cinéphile, l’essayiste connu, le cinéaste, entreprend de nous raconter par le menu ce que furent ces années-là, terribles, à Philippeville en Algérie, ces années 55 à 57, germes tragiques d’une « drôle de guerre » faite d’embuscades, de tortures, de guérilla urbaine, d’attaques rurales, de factions opposées entre des communautés qui avaient « commencé » à vivre ensemble : les Pieds Noirs, installés de tout temps, auxquels Jean-Louis, par ses parents, ses grands-parents, appartient de plein droit ; les Arabes, les Kabyles, souvent méconnus, peu visibles, réduits chez les précédents aux tâches subalternes (et le grand-père Florentin est une exception, un entrepreneur qui conçoit l’égalité avec ses employés kabyles) ; le pouvoir français qui joue comme tout pouvoir de sa domination.

Le Coq de Renato Caccioppoli, Jean-Noël Schifano

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 25 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Le Coq de Renato Caccioppoli, avril 2018, 104 pages, 10 € . Ecrivain(s): Jean-Noël Schifano Edition: Gallimard

 

Rien de Naples ne lui est étranger.

Schifano, né en 1944 ou 1947, selon les sources, et ce mystère est bien dans la nature du bonhomme devenu Napolitain, citoyen d’honneur du Vomero et des alentours (c’est moi qui me moque), a consacré à « sa » ville adorée une bonne dizaine d’ouvrages depuis l’inaugural de 1981, Naples, essai, paru au Seuil. Depuis, la mer baigne toujours Naples (pour reprendre un beau titre d’Ortese) et l’eau littéraire a coulé sous les doigts de Giannatale comme l’appelait familièrement la Morante. De Chroniques napolitaines (I, 1984) à ce Coq de Renato Caccioppoli (2018) : que de chemin parcouru par le Directeur de l’Institut italien de Naples (Il Grenoble), devenu directeur de collection chez Gallimard, de tout temps traducteur de l’italien (Morante et Eco, surtout).

Elsa Morante Une vie pour la littérature, René de Ceccatty, par Philippe Leuckx

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 18 Mai 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Elsa Morante Une vie pour la littérature, René de Ceccatty, Tallandier, mars 2018, 432 pages, 21,90 €

 

Cette première biographie francophone consacrée à l’immense romancière italienne, Elsa Morante, née en 1912, décédée en 1985, est d’abord un magnifique portrait d’une femme hors norme, dans le privé comme dans le domaine littéraire. Rebelle, instinctive, intellectuelle, prête à tous les changements, prompte au travail de fond qui consiste pour elle à creuser la voie unique de son talent sur de longues distances et dans une ampleur romanesque et poétique peu commune. Si ses origines paternelles restent un mystère pas entièrement levé, sa vie est en soi un véritable roman de rencontres, de départs, de relances, de piétinements, de retours : la foi en l’écriture a sûrement été le tremplin idéal pour qui a connu de nombreuses déroutes sentimentales, affectives, amicales, en dépit d’un tempérament qui l’agrégeait aisément à nombre de groupes d’intellectuels, d’artistes, de jeunes surtout, et essentiellement homosexuels. Femme, elle s’est entourée d’homosexuels, « pour être la seule femme » du groupe. Elle a connu des passions pour certains d’entre eux : le peintre américain Bill Morrow, Luchino Visconti. Longtemps épouse d’Alberto Moravia, Elsa décida de rompre après une vingtaine d’années, sans pour autant cesser de le voir ou de lui écrire.