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Soir de la mémoire, Christian Bachelin

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 26 Mars 2018. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Biographie, Poésie

Soir de la mémoire, mars 2018 préface de Valérie Rouzeau, 144 pages, 7,30 € . Ecrivain(s): Christian Bachelin Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

De 1967 à 2007, le poète et romancier Bachelin a publié quatorze livres. En 1998, un récit, Soir de la mémoire, avait été édité par Alfred Eibel aux éditions Méréal, à Paris. Le voici réédité, pour notre plus grand bonheur.

Les écrivains de la mémoire heureuse ou désolante sont nombreux, et pourtant, les lire ou relire comble le lecteur : qu’il s’agisse de Fargue, Carco, Calet, Bove, Hardellet, Lefèvre, ou cet admirable Bachelin, dont le récit au titre qui incline ses belles consonances est un vœu à la mémoire de ses parents.

Tout ici respire la ferveur et la poussière. Entendez-moi bien : comment écrire, au milieu des gravats, des éclats, des poussières, des photos jaunies, des relents de souvenances embaumées, embrumées, des blattes résiduelles cachées dans les bouloches sous les vieux tapis et autres meubles… On est à Compiègne dans la dernière demeure des parents. Ils ont souvent changé de domicile en fonction des mutations et affectations du père ; ils ont vécu en Picardie, à Bailly, à Roye-sur-Matz, aux lisières de la ville de Compiègne, là où existaient encore quelques fermes…

Le fils du héros, Karla Suárez

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 20 Mars 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Métailié

Le fils du héros, août 2017, trad. espagnol, François Gaudry, 272 pages, 20 € . Ecrivain(s): Karla Suárez Edition: Métailié

 

Ernesto, l’antihéros cubain de cette chronique d’une enfance et d’une adolescence au temps des guerres de colonie, lorsque l’Angola et Cuba tissaient de sombres échanges de chair fraîche, campe un bien beau personnage, portraituré par Karla Suárez avec toutes les nuances réalistes que ce genre impose.

Voici Ernesto, jamais remis de la perte de son père, entouré d’une fratrie et d’une famille au sens large, les frères des père et mère, le grand-père, les sœurs, qui connaît les heures aussi sombres et/ou exaltantes d’un pays coupé de tout par ses positions idéologiques, dans lequel il faut vivre pourtant.

L’on suit avec intérêt les tribulations politiques et amoureuses d’un gars qui s’est, dès le plus jeune âge, donné un bien beau compagnonnage d’ami(e)s : Lagardère, Tempête… Rosa, Alejandra, Renata sont les figures féminines qui vont aider Ernesto à se construire, au-delà d’une timidité native, au-delà des incertitudes. L’amitié de Berto, Cubain installé à Lisbonne, passionné comme lui par tout ce qui touche au pays natal, va plonger notre Ernesto dans la quête essentielle de ses origines, de Cuba à l’Angola qui a « pris pour toujours le père ».

Plein emploi, Jean-Claude Pirotte

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 16 Mars 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Le Castor Astral

Plein emploi, 176 pages, 15 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Le Castor Astral

 

 

Ouvrage posthume du romancier, poète et peintre Pirotte (1939-2014), Plein emploi propose six sections de poèmes très variés par l’écriture, par les thèmes aussi.

Dans cet ultime opus poétique, les noms d’autres poètes viennent caresser les vers, les baigner (le poète résida les derniers temps à la Mer du nord, sur la côte belge) d’une sérénité qu’il ne trouvait plus : la mort, en voisine encombrante, la maladie, à l’étage, les tracas du grand âge au vestibule, venaient tonner dans l’âme du poète. Alors les noms de Baron, Dhôtel, Fargue, Venaille, Reverdy, Perros… l’ancrent un peu plus en terre de poésie. Et Follain, sans doute le maître incontournable, de simplicité, ranime chez Jean-Claude les reliefs bénis d’une enfance toujours à prospecter, toujours à honorer de quelques vers :

Madone, Bertrand Visage

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 07 Mars 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Roman, Seuil

Madone, octobre 2017, 176 pages, 17 € . Ecrivain(s): Bertrand Visage Edition: Seuil

 

Bertrand Visage ou l’enchantement.

Le lait romanesque du romancier français

1) Un auteur rare

Pas possible : ce gars a été biberonné au lait de Stevenson ou de Hardellet. Une magie naît des pages (trop brèves) qu’il livre parcimonieusement : deux livres seulement depuis l’escapade de Un vieux cœur (2001) : Intérieur sud (2008), et cet ultime opus, Madone (2017).

Découvert par le prix Femina 1984, décerné à Tous les soleils (Seuil) – 1984, année faste ; Duras (Goncourt pour L’Amant), Ernaux (Renaudot pour La Place) – Bertrand Visage, né en 1952, d’origine rurale, études secondaires à Illiers-Combray, de lettres à Tours, avant de s’envoler, après un bref passage dans l’enseignement, comme lecteur à Naples, Catane, comme conseiller culturel à Palerme. Un séjour à la Villa Médicis (Académie de France, 1983-1985).

Le goût de Berlin, Kristel Le Pollotec

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 26 Février 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Mercure de France, Langue allemande, Récits

Le goût de Berlin, octobre 2017, 130 pages, 8 € . Ecrivain(s): Kristel Le Pollotec Edition: Mercure de France

 

Dans le droit fil de la collection qui tire ses atouts d’un choix expert de textes, qui puissent restituer une ville dans son parcours historique et culturel, d’écrivains et de témoins de premier ordre, voilà Berlin.

Berlin est bien la ville de toutes les mutations, et quoi de commun entre la capitale de l’empire et celle d’aujourd’hui, après la réunification des deux Allemagne ? Quand on sait qu’elle s’est développée d’une manière personnelle, qu’elle a été toutes époques confondues le symbole de diverses générations, qu’elle fut parfois le laboratoire d’expérimentations culturelles, qu’elle fut, dans sa dernière période, le lieu et la lie de tous les dangers, entre 33 et 89, passant du nazisme à sa division en secteurs d’occupation, traversant guerre froide, connaissant les problèmes de ségrégation violente (la question du Mur…) et la renaissance, quand le mot liberté fleurit de nouveau, basculant les pires époques de son histoire.

L’auteur s’aide de grands textes pour illustrer, évoquer, restituer les diverses formes que Berlin a pu adopter au fil du temps.