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La Table Ronde

Maison fondée en 1944 par Roland Laudenbach et ainsi nommée par Jean Cocteau.

 


Judée, Didier Ben Loulou (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 25 Août 2023. , dans La Table Ronde, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Arts, Voyages

Judée, Didier Ben Loulou, La Table Ronde, juin 2023, 96 pages, 24 € . Ecrivain(s): Didier Ben Loulou Edition: La Table Ronde

« Chaque grain de sable du désert de Judée est une particule recrachée des poumons de l’Histoire de l’humanité » (Dr. Guila Clara Kessous, Artiste de l’Unesco pour la paix, Préface).

« La Judée, c’est le désert antérieur à tout discours, l’oasis de liberté au cœur du monde, de ses paroles inutiles et de ses inquiétudes étouffantes » (Didier Ben Loulou).

Les grands photographes, comme d’ailleurs les grands écrivains, écrivent avec leur œil, et leur oreille. Leurs images sont des pages lumineuses, leur pages éclairent notre regard. Ils écrivent ce qu’ils voient et ce qu’ils entendent, ils photographient ce qui leur apparaît, ce qu’ils entendent de la nature et des hommes, de leur affût. Depuis plus de quarante ans, Didier Ben Loulou marche sur sa terre d’Israël, où sur celles qui l’accueillent en Méditerranée. Depuis plus de quarante ans, il apprivoise des paysages, des visages, des vestiges, des traces, des éclats de vie, le silence de la mer et du ciel. Judée s’ouvre sur la photo d’un chemin entouré de graminées jaunies par le soleil, dans un coin de la photographie, le bleu éclatant du ciel et dans l’autre, la pierre millénaire. Judée est un album de la terre et des hommes, là un chardon bleu, ici un berger bédoin appuyé sur son bâton d’arpenteur scrute l’horizon, peut-être une brebis égarée, le ciel hésite entre le gris et le bleu, plus loin un cyprès se détache d’un ciel partagé entre le blanc et le gris, ou encore cette pierre tombale libérée de son manteau de neige.

Lundi propre, Guillaume Decourt (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 05 Juin 2023. , dans La Table Ronde, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Lundi propre, Guillaume Decourt, La Table Ronde, mars 2023, 88 pages, 14 € Edition: La Table Ronde

 

Un douzième recueil depuis 2011 pour ce jeune auteur, tout entier écrit en vers rimés, des dizains. Soit soixante-dix poèmes où les rimes, les enjambements, les rejets, le peu d’images se construisent avec une artificialité qui n’est pas toujours voulue :

 

L’heure est venue d’aller tuer un ours

Il est temps que je grandisse d’un coup

Je m’en vais je vous embrasse beaucoup

C’est accompagné d’une femme rousse

(…)

(p.39)

Divorce à l’anglaise, Margaret Kennedy (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 25 Mai 2023. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Divorce à l’anglaise, Margaret Kennedy, La Table Ronde, avril 2023, trad. anglais, Adrienne Terrier, Anne-Sylvie Homassel, 396 pages, 24 € Edition: La Table Ronde

« Eliza […] se rendait compte – peu à peu mais irrémédiablement – que les Canning ne formaient plus une famille. Ils étaient désormais cinq individus sans existence commune ».

 

Ce que divorcer veut dire

Sur la couverture, dessinée par Mathieu Persan – jaune sur fond vert, un vert de la crudité des impeccables pelouses britanniques – deux fauteuils vides, dos à dos, et des nuages derrière les fenêtres interrogent : faut-il persister, malgré le confort qu’elle procure, dans la vie commune si celle-ci n’est devenue qu’un décorum au parfum étouffant comme celui d’un bouquet disproportionné ? Alec et Betsy Canning ont décidé que non. Ils vont donc divorcer. Betsy l’annonce par lettre à Mrs Hewitt, sa mère. Et voilà qu’une situation claire et simple, un divorce à l’amiable, se transforme en affaire assez complexe pour qu’il y ait de quoi en faire un roman tragi-comique dans lequel l’auteur ne discute pas le bienfondé de ce divorce ni du divorce en général mais s’attache à explorer, avec minutie, ce qu’est psychologiquement, socialement et matériellement, un divorce.

Faits divers, Bernard Delvaille, Seghers, 1976, repris dans Œuvre poétique (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 24 Mai 2023. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, En Vitrine, Cette semaine

Faits divers, Bernard Delvaille, Seghers, 1976, repris dans Œuvre poétique, La Table Ronde, 2006, 487 pages, 29 € Edition: La Table Ronde

Notule sur Faits divers de Bernard Delvaille

 

À la mémoire de Dominique Preschez (1954-2021)

 

Avec Faits divers, Bernard Delvaille, né en 1931 à Bordeaux (comme Jean de la Ville de Mirmont) et mort à Venise en 2006 (comme Frederick Rolfe), essayiste et diariste de talent par ailleurs (1), a sans doute publié son recueil le plus personnel et abouti, sinon le plus accessible. Les quelque soixante poèmes qui composent le livre sont courts, voire lapidaires (une vingtaine de vers pour les plus longs). Le vers se caractérise lui-même par sa brièveté, réduit à trois ou quatre mots. Cette disposition, jointe à l’irrégularité rythmique, à l’absence de titres (à de rares exceptions près), de ponctuation et de rimes, au relâchement épisodique et délibéré de la syntaxe, donne à la voix de l’auteur un ton vite identifiable.

Tous tes amis sont là, Alain Dulot (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 09 Février 2023. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Tous tes amis sont là, Alain Dulot, janvier 2022, 176 pages, 16 € Edition: La Table Ronde

« Vous aviez le goût de la bohème et de l’absinthe, de l’ivresse et du vagabondage. Et puis, vous aviez du goût l’un pour l’autre et pour ce que, par dérision – mais la dérision n’est jamais que le masque de la pudeur –, vous appeliez la « sesque ». Très tôt, la fière charnelle a dévoré tes sens, et tu as toujours aimé les bonheurs de l’épiderme, auxquels tu avais été initié dans une maison d’illusions, à dix-huit ans ».

Regarde, tous tes amis sont là ! est la phrase lancée par Eugénie Krantz aux obsèques de Paul Verlaine. Une phrase devenue le nom d’un roman, un roman qui accompagne les derniers jours du poète, et son dernier voyage, qui n’a rien d’un vagabondage et qui le conduit avec ses amis et une foule d’anonymes, au cimetière des Batignolles, dans le caveau familial, où à jamais le temps de la « sesque » aura disparu. Le roman s’ouvre sur le 39, rue Descartes, où s’est installé Paul Verlaine, pour s’achever dans ce cimetière où tes amis t’accompagnent, notamment Jules Renard dont le regard picore ce qui deviendra les piques de son Journal, Maurice Barrès qui t’admire et te soutient, François Coppée de l’Académie française, Stéphane Mallarmé, autant le poète est obscur parce qu’il a fait le choix délibéré des ténèbres, autant l’homme a toujours été attentif, amical et dévoué à ton égard, le jeune Paul Valéry, le pétillant Robert de Montesquiou, et ton éditeur.