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Le Livre de Poche

Le Livre de poche (parfois abrégé LDP) est, à l'origine, le nom d'une collection littéraire apparue le 9 février 1953 sous l'impulsion d'Henri Filipacchiet éditée par la Librairie générale française, filiale d'Hachette depuis 1954.


Œuvres en prose, Hugo von Hofmannsthal (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 20 Juin 2024. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Œuvres en prose, Hugo von Hofmannsthal, Le Livre de Poche, La Pochothèque, 2010, trad. Jean-Yves Masson, 911 pages, 24 €

 

Sur Une lettre de Hofmannsthal

La Lettre de Lord Chandos à Francis Bacon de Hofmannsthal, publiée en 1902 dans le journal berlinois Der Tag (je me réfère à la traduction d’É. Hermann à laquelle Charles Du Bos, dit-on, aurait contribué, rééditée en 2010 dans les Œuvres en prose de l’écrivain viennois, pp.491-502) et datée du 22 août 1603, peut être lue comme un examen personnel, Hofmannsthal se cachant derrière le « fils cadet du comte de Bath » pour relater une « crise » : l’impossibilité d’écrire, l’adieu aux armes, c’est-à-dire à la littérature – adieu qui au contraire de ceux de son personnage ou de Rimbaud avec les Illuminations n’en sera pas un pour l’auteur lui-même puisque, s’il s’éloignera de la poésie, il ne renoncera jusqu’à sa mort brutale le 15 juillet 1929 ni à la fiction narrative ni au théâtre ni aux interventions dans les revues et quotidiens de son époque.

Robinson Crusoé, Daniel Defoe (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 17 Janvier 2024. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, En Vitrine, Cette semaine

Robinson Crusoé, Daniel Defoe, Le Livre de Poche, trad. Petrus Borel, 370 pages, 5,20 € . Ecrivain(s): Daniel Defoe Edition: Le Livre de Poche

Moi, pauvre misérable Robinson Crusoé, après avoir fait naufrage au large durant une horrible tempête, tout l’équipage étant noyé, moi-même étant à demi mort, j’aborde à cette île infortunée, que je nommai l’Ile du désespoir ;

 

Il est parfois des héros romanesques ou poétiques qui s’évadent du seul territoire de la littérature pour entrer de plain-pied dans l’imaginaire collectif, devenant ainsi mythème, élément d’élaboration d’une mythologie d’une partie du monde. Emma Bovary, Jean Valjean, Hamlet, Tristan et Yseut, pour n’en citer que quelques-uns. Robinson Crusoé en fait évidemment partie, d’une façon particulièrement éclatante : il est même entré dans les vocabulaires occidentaux. Un robinson, une robinsonnade, robinsonner dit-on pour désigner ce qui a trait à la solitude dans la nature, l’ermitage absolu. C’est dire bien sûr à quel point Robinson est un héros fabuleux mais c’est dire aussi à quel point il est réduit à une seule dimension, le naufrage-la solitude-la survie, qui est loin d’être ni la seule, ni la plus importante.

Le Train des enfants (Il treno dei bambini), Viola Ardone (par Marie Duclos)

, le Mardi, 28 Novembre 2023. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Italie

Le Train des enfants (Il treno dei bambini), Viola Ardone, Le Livre de poche, 2022, trad. italien, Laura Brignon, 288 pages, 8,40 € Edition: Le Livre de Poche

Le roman débute à Naples en 1946 où vit Amerigo, encore garçonnet, seul avec sa mère Antonietta dans un petit appartement mais la plupart du temps dans une rue peuplée de voisins, de voisines qui s’interpellent et partagent un quotidien précaire, sonore et coloré.

Amerigo va découvrir un autre monde, celui du Nord de l’Italie, celui d’une famille nombreuse « d’obédience » communiste et celui de la musique. Pour cela il a fallu prendre Il treno dei bambini, malgré les rumeurs insistantes, il a fallu attendre à l’arrivée qu’une personne le choisisse… Ce sera Derna dévouée à la cause politique. Et c’est Amerigo qui raconte, qui nous emmène dans ses pensées au quotidien, ses peurs, ses espoirs, ses réussites en calcul et ses déceptions, son analyse du monde adulte et des sentiments avec un mélange de légèreté et de philosophie :

« L’après midi, à l’atelier, alors qu’on cirait un piano qu’on devait rendre, Alcide m’avait dit que les enfants méchants ça n’existe pas. C’est que des préjugés, c’est quand tu penses quelque chose avant même de le penser parce que quelqu’un te l’a mis dans la cervelle et qu’il y est resté bien planté ».

La Seconde, Colette (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 23 Novembre 2023. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

. Ecrivain(s): Colette Edition: Le Livre de Poche

Chez Colette (2)

« “Où est Jane ?”, demandait à toute heure Fanny, dominée par l’habitude de rencontrer, où qu’elle portât son regard, une jeune femme aimable et active ».

« Farou, rentrant chez lui, ne saluait pas plus Jane qu’un meuble. Mais il butait sur son absence ».

« “Où est Jane ?”, demandait, bouche cousue, yeux anxieux, le petit Farou, arrêté comme par une corde tendue devant le siège vide de Jane ».

Jane est devenue indispensable à tous depuis que Farou, le mari de Fanny, auteur de théâtre à la notoriété grandissante, l’a embauchée dans l’urgence quatre ans auparavant. Disposer de revenus personnels la dispense pourtant, la trentaine venue et après quelques aventures amoureuses, de demander des émoluments à la famille Farou, chez laquelle manne d’une pièce à succès et vaches maigres s’enchaînent au fil des saisons. Bref, Jane est libre.

La Mort à Venise (Der Tod in Venedig, 1912), Thomas Mann (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 07 Juin 2023. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman, En Vitrine, Cette semaine

La Mort à Venise (Der Tod in Venedig, 1912), Thomas Mann, Le Livre de Poche, trad. allemand, Félix Bertaux, Charles Sigwalt, Axel Nesme, 138 pages . Ecrivain(s): Thomas Mann Edition: Le Livre de Poche

 

Roman d’un déclin inéluctable inscrit dans une Venise glauque, écrasée de soleil et de puanteurs, assaillie par une épidémie de choléra, La Mort à Venise est un thrène dédié à la vieillesse et à la déchéance d’un homme. Loin, très loin des clichés de la Venise des fêtes et des touristes de la Place Saint-Marc, cette novella nous invite à entendre les derniers élans, la dernière passion, les derniers doutes, le dernier désespoir, le dernier souffle de Gustav Aschenbach, un écrivain quinquagénaire, venu à Venise pour nourrir son amour des arts et échapper un temps à sa ville d’origine, Munich, qui le déprime.

C’est un Ange qui va l’accompagner dans ce dernier chemin. Un Ange droit sorti d’un tableau de Léonard, aux traits fins, presque féminins, aux cheveux longs et ondulés. Tadzio. Dans les lignes qui suivent, surgit le Saint Jean-Baptiste de maître Leonardo, et Mann place l’image réelle au-dessus de celle de l’artiste.