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Le Livre de Poche

Le Livre de poche (parfois abrégé LDP) est, à l'origine, le nom d'une collection littéraire apparue le 9 février 1953 sous l'impulsion d'Henri Filipacchiet éditée par la Librairie générale française, filiale d'Hachette depuis 1954.


Les Immémoriaux, Victor Segalen (par Marianne Braux)

Ecrit par Marianne Braux , le Mercredi, 06 Février 2019. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les Immémoriaux, 316 p. 5,60 € . Ecrivain(s): Victor Segalen Edition: Mercure de France

 

 

Tahiti, aux premiers temps de la colonisation. Térii, jeune récitant de la communauté maorie, est victime d’un trou de mémoire lors d’une récitation rituelle des « beaux parlers originels où s’enferment, assurent les maîtres, l’éclosion des mondes, la naissance des étoiles, le façonnage des vivants ». Dans ce trou de mémoire sacrilège, Térii perçoit aussitôt un mauvais présage : la disparition de la civilisation indigène, dont le lecteur suivra le déclin tout au long du roman, depuis l’arrivée des premiers britanniques jusqu’à l’évangélisation du peuple maori, cristallisé dans la métamorphose de Térii. Celui-ci, après des années d’exil dans les îles de l’archipel polynésien à la recherche de la Terre Originelle, finira par s’en retourner chez lui et par prendre le nom de Iakoba avant de devenir diacre, reniant ainsi définitivement ses origines.

Les Destinées sentimentales, Jacques Chardonne (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 31 Janvier 2019. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les Destinées sentimentales . Ecrivain(s): Jacques Chardonne Edition: Le Livre de Poche

 

Ce roman, en trois parties, apparaît a priori comme le portrait d’un monde déjà éloigné, historiquement : celui de la bourgeoisie charentaise et limousine protestante de la fin du XIXe siècle.

M. Pommerel est un fabricant de cognac, très croyant. Il n’éprouve pas de contradiction entre l’exercice de sa foi et le commerce des spiritueux. Il y voit une sorte de confirmation : « Il retrouvait dans les affaires de multiples prescriptions, des coutumes sacrées, des défenses et des permissions, des frontières précises entre le bien et le mal ».

Cet homme assiste justement à la fin d’un sermon prononcé par Jean Barnery, pasteur. L’épouse de Pommerel, disparue, était la fille de David Barnery, fondateur de la fabrique de porcelaine de Limoges. Jean Barnery est apparenté à cette famille et conserve des intérêts dans la fabrique.

Pauline est la fille de son frère Lucien. Après le décès de ce dernier, Pommerel offre à Pauline de venir habiter chez lui à Barbazac.

Pour une juste cause, Vassili Grossman (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 06 Décembre 2018. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Roman

Pour une juste cause, trad. russe Luba Jurgenson, 1050 pages, 12,30 € . Ecrivain(s): Vassili Grossman Edition: Le Livre de Poche

 

Avant l’immense Vie et Destin, Vassili Grossman a consacré un roman de plus de mille pages à la bataille de Stalingrad. C’est une épopée qui alterne les faits historiques de cet épisode crucial de la Seconde Guerre Mondiale et les destins individuels de personnages jetés dans cette tourmente inouïe, sûrement la plus ahurissante de l’histoire des guerres menées par les hommes.

Un roman de guerre ? Assurément, mais la puissance narrative et les modes d’énonciation de Grossman décalent le genre. Sur les trois premiers quarts du livre, le champ de bataille, la ligne de front, sont constamment évoqués par les personnages mais jamais directement présents. Pas de combats, de sang, de morts, de souffrances physiques et/ou morales en direct. Toute la violence du front, qui avance vers Stalingrad, est médiatisée par la narration romanesque. Les personnages, militaires gradés, familles, fonctionnaires soviétiques, sont à l’arrière. Ils sont obsédés par la guerre, ils parlent de la guerre, mais on ne les voit pas faire la guerre. Vassili Grossman a choisi de nous raconter comment la guerre se pose sur les vies, les consciences, les peurs, les amours, les engagements. Et c’est passionnant, scandé par en fond d’écran par la mitraille, l’avancée des Nazis, mais aussi par les convictions et les idéaux bolcheviks.

Serena, Ron Rash

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 15 Mars 2018. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

. Ecrivain(s): Ron Rash Edition: Le Livre de Poche

 

Se faire une place dans la littérature du Sud aux Etats-Unis relève de l’exploit depuis le passage époustouflant de William Faulkner dans le Delta. Peu y sont parvenus. Serena est la preuve que Ron Rash compte parmi ceux-là, au plus haut niveau.

Ce roman est d’une puissance, d’une violence, d’une grandeur de tous les instants. Le portrait de Serena Pemberton entre dans les plus grandes figures de femmes de la littérature. Si le cynisme de Scarlett O’Hara – emblème s’il en est des femmes du Sud – était déjà marquant, celui de Serena repousse toutes les limites de l’ambition personnelle jusqu’aux terres de la folie, jusqu’aux meurtres en série.

La violence de ce roman n’attend guère pour nous saisir. Elle déferle sur nous dès la 9ème page. A l’arrivée de Pemberton en gare de Waynesville (Caroline du Nord), accompagné de sa toute nouvelle épouse, Serena, connue depuis peu à Boston, une altercation tourne au drame. Harmon, un vieil homme qui veut défendre l’honneur de sa fille engrossée par Pemberton, est poignardé en public sur le quai de la gare.

Mon tour du monde, Charlie Chaplin

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 11 Janvier 2018. , dans Le Livre de Poche, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Récits, Voyages

Mon tour du monde, Charlie Chaplin, trad. anglais Moea Durieux, novembre 2017, 216 pages, 6,90 € . Ecrivain(s): Charlie Chaplin Edition: Le Livre de Poche

 

En janvier 1931 à Los Angeles sort Les Lumières de la ville. Ce film muet rencontre le succès attendu, après Le Kid (1921), ou La Ruée vers l’or (1925). Charlie Chaplin est célèbre. Mais en crise. Il a des soucis personnels et financiers, et il est perturbé par l’arrivée du cinéma parlant. Il fait ce constat : « L’amour et les gens me lassent ». Il décide de prendre l’air. « J’ai besoin que soient ranimées mes émotions ». Le 13 février 1931 il part pour l’Angleterre, pour un voyage de quelques semaines qui va en fait durer seize mois (13 février 1931-16 juin 1932) et le conduire autour du monde. Au retour il publiera A comedian sees the word dans une revue américaine.

Le voyage commence par l’Angleterre, pays de son enfance, « époque la plus malheureuse de ma vie ». Il y retrouve son ami Winston Churchill, et d’autres célébrités de la politique ou du spectacle. Il poursuit par les Pays-Bas jusqu’à Berlin, où il croise Marlene Dietrich et Einstein, et où il constate que « la situation semble désespérée, l’avenir bien sombre ». Puis c’est Vienne, une ville « triste ». Détour par l’Italie, « une Californie miniature et âgée ». Malgré la foule considérable qui l’accueille, ici comme ailleurs, Chaplin vit le paradoxe de la célébrité : « Ces manifestations sont un immense hommage, j’en ai conscience, mais tout le monde éprouve parfois l’envie d’être seul ».