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La Table Ronde

Maison fondée en 1944 par Roland Laudenbach et ainsi nommée par Jean Cocteau.

 


La poule pond suivi de Sonica mon lapin, Michel Ohl

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 24 Mars 2017. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

La poule pond suivi de Sonica mon lapin, mars 2017, 128 pages, 15 € . Ecrivain(s): Michel Ohl Edition: La Table Ronde

 

Créateur des éditions Schéol, adorateur de la littérature russe, ami de Rigaud, Cravan, Artaud, Crevel, proche par l’esprit de Gogol, Jarry, Allais, Queneau, Verheggen, Fénéon, et autres irréguliers de la langue, Michel Ohl a poursuivi librement ses pérégrinations terrestres, jouissives, jusqu’à sa mort en 2014. Sont réunis pour La Table Ronde son livre le plus ancien Sonica mon Lapin et un des plus récents La poule pond : de quoi montrer comment sa littérature terre une perverse patate chaude, et passé dans les mains de ce jardinier exigeant qui fait sa pluie et son beau temps selon une écriture et une ivresse exacerbées, toujours prêt à faire feu de tout bois même celle d’une jambe de même tabac.

La communion cérébrale de chaque livre propage une commotion cervicale. Les mots de lune sortent de leurs gonds si bien que le discours mycose toujours là où les images sont atteintes de mildiou. Par substrats et rempotages, la sémiologie en prend pour son grade en passant sous les fourches caudines ou le moulin à rire du créateur. L’auteur pousse les jeunes comme les grands-mères dans les buissons et orties du sens pour les fourrer selon ses mains courantes dans la vie souterraine que continua le jardinier devenu pote âgé.

Retour vers David Goodis, Philippe Garnier

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 17 Novembre 2016. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Retour vers David Goodis, octobre 2016, 368 pages, 24,50 € . Ecrivain(s): Philippe Garnier Edition: La Table Ronde

 

« Cette histoire de Goodis avait donc commencé fortuitement ; une commande, pour tout dire. Et lorsque l’idée avait été lancée de Paris, c’est avec certaines réticences que j’avais accepté. J’avais certes déjà fouiné du côté de Cain, Chandler, Burnett et d’autres auteurs de la Série Noire, et une exploration du monde de Goodis paraissait logique à certains. J’en étais moins sûr, et n’osais trop me lancer ».

Trente ans séparent La vie en noir et blanc et Retour vers David Goodis, les deux livres consacrés par Philippe Garnier à l’auteur de Tirez sur le pianiste, La lune dans le caniveau ou encore Cauchemar et L’allumette facile. Des romans noirs publiés en leur temps en France par Marcel Duhamel dans La Série Noire, puis par François Guérif dans la revue Polar et chez Fayard. Philippe Garnier, pour ceux qui l’auraient oublié, c’est l’œil et la voix américaine du magazine Cinéma, Cinémas, de Claude Ventura, Anne Andreu et Michel Boujut, produit et diffusé à la télévision sur Antenne 2, de janvier 1982 à novembre 1991.

Les forêts de Ravel, Michel Bernard

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 07 Septembre 2016. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits

Les forêts de Ravel, janvier 2015, 176 pages, 16 € . Ecrivain(s): Michel Bernard Edition: La Table Ronde

 

Ravel, petit homme élégant et racé, a désespéré longtemps de ne pouvoir servir la France sur le front de ses guerres quand, finalement au printemps 1916, il parvient à se faire engager volontaire dans les artilleurs où il sera conducteur d’ambulance de l’armée française. Il a quarante-et-un ans.

C’est dans une prose élégante et fine que Michel Bernard retrace ce parcours des deux années de la vie du « grand » homme et musicien que l’on connaît.

« Il partit un matin d’avril 1916, au volant de sa camionnette, le casque sur la tête et le masque à gaz à portée de main, sur la route nationale de Bar-le-Duc et Verdun ».

On suit les routes et les chemins, les lieux traversés, les hommes croisés avec un Ravel non pas fasciné mais curieux de cette guerre, de ses trajectoires, courageux sans nul doute, généreux au-delà de tout avec ceux qui vont au combat, humaniste et, patient « comme un militaire », ne s’économisant jamais. Se sentir utile, il en avait besoin, en conduisant ces hommes broyés par la canonnade, lui pourtant déjà musicien célèbre.

Deux remords de Claude Monet, Michel Bernard

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 30 Août 2016. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Deux remords de Claude Monet, août 2016, 224 pages, 20 € . Ecrivain(s): Michel Bernard Edition: La Table Ronde

 

« Les yeux des amateurs s’étaient rafraîchis à ce vert où baignaient les regards. Son flot débordait le cadre et persistait sur la rétine. Les gens en parlaient encore sur le trottoir et jusque chez eux. Ils appelaient l’œuvre non par sa désignation dans le catalogue officiel, mais par ce qui, en elle, les avait émerveillés, l’accessoire et sa couleur, la robe verte ».

Deux remords de Claude Monet est un roman de l’amitié, Frédéric Bazille, Renoir, Clémenceau. Un roman de l’amour, Camille – son intuition du monde, Monet, sur bien des points, la devait à Camille –, un roman des fleurs et des arbres, des saisons et de la couleur, de la forme, du mouvement, de la joie de peintre sur le motif, Camille et les fleurs. Au cœur de ce roman léger et vif, les deux guerres, celle qui verra mourir l’ami, le peintre Bazille sous les feux des Prussiens, et celle qui était revenue battre de son sanglant ressac le sud de la Picardie, lécher les bords de l’Oise à Compiègne et les forêts du Valois au-dessus de la vallée de l’Automne.

Je suis passé parmi vous, Michel Monnereau (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 18 Mars 2016. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Je suis passé parmi vous, mars 2016, 136 pages, 14 € . Ecrivain(s): Michel Monnereau Edition: La Table Ronde

 

Par un hasard qui ne se contrôle point, j’ai lu les deux livres de Michel Monnereau un 26 février. Le 26 février 2014, je lisais On s’embrasse pas ; deux ans plus tard, le vingtième livre de poèmes, Je suis passé parmi vous.

Si je rapproche ces deux œuvres d’un même auteur, c’est surtout parce que le terreau d’enfance semble souder l’approche par le même poète-romancier et un certain climat favorable à la nostalgie, au passé.

Ce vingtième livre de poésie de son auteur (depuis 1973) « remonte les rues du village mort » (p.53). C’est l’heure de rameuter les souvenances : « les cheveux blancs venus en silence » (p.51) honorent la tête du poète dont les « poèmes sont les rues/ que je n’ai pas su prendre » (p.47).

Le livre poursuit ce but, que tout poète digne de cette appellation se donne, « rejoindre l’enfant qu’on a laissé/ dans la première fureur du monde » (p.35).

C’est un poète, en marge, à l’écart, qui justifie son titre : « je suis passé parmi vous/ sans vous reconnaître » (p.32).