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Articles taggés avec: Leuckx Philippe

Lettres à la Bien-aimée, Thierry Metz (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 26 Novembre 2025. , dans La Une Livres, En Vitrine, Cette semaine, Les Livres, Critiques, Poésie, Gallimard

Thierry Metz, Lettres à la Bien-aimée, Poésie/Gallimard, 2025, 400 p. Edition: Gallimard

 

I. PUISQU'IL ME FAUT ALLER JUSQU'AU PUITS

Qu'un homme naufragé, brisé par un deuil, consacre à l'écriture, au feuillet, à la page, tant de poèmes, c'est le signe que, grâce à elle, il pourra remonter du puits où il est enfoui.

L'homme que "Sur la table inventée" ou "Entre l'eau et la feuille" décrivent, "nomade de ton souffle", qui n'a "le souci/ que toucher/ un peu d'herbe", recueille en très brefs poèmes les pulsations de vie "dans ton livre".

Au centre d'une nature que le poète ou le manoeuvre connaît par des voies singulières, il fait de tout ce qui est vu, senti, aimé, palpé, une "écriture, /une langue appelée nulle part".

Il se sait dormeur de tant de choses à dire, passant "derrière les feuilles", "dans la chambre dormante".

Les poèmes tombent en gouttes d'or, "frondant la langue".

Où seul chasse le vent, Michel Bourçon (par Philippe Leuckx)

, le Lundi, 17 Novembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Où seul chasse le vent, Michel Bourçon, Al Manar, 2025, 88p., 20 euros, photographies de l'auteur.

 

Pour le suivre depuis longtemps, je peux dire que Bourçon est un poète singulier, prolifique et égal - ce qui est rare quand la poésie est abondante. Une hyperconscience de ce qui l'entoure anime l'écriture, nourrit les poèmes, amplifie les thématiques.

On reconnaît vite un poème de son cru, parce qu'il densifie le sens des réalités intérieures, la découverte du monde (des arbres, du ciel), et la perception intime, unique des ombres au coeur et dans l'espace.

Il faut attendre la page 67 pour bien comprendre le sens et la portée du titre : "le passé/ où seul chasse le vent".

L'être traqué, torturé, tremble d'être cette conscience agissante qui repère "les éboulis", le peu de savoir (nombre de "je ne sais pas, on ne sait guère"), les pertes, et le profil angoissant de la mort et de celle de la mémoire du monde.

Claudine Bohi, Passage secret (par Par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 18 Septembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Claudine BOHI, Passage secret, La rumeur libre, 2025, 114 p., préface de Pierre Brunel ; 18 euros.

 

Le passage secret, sans doute, c'est celui des mots, venus du corps, de l'enfance, du silence, les mots transfusés par "secret", au fil des nuits fertiles, entre songe et sommeil.

Le livre, constitué de cinq sections, aborde le mystère de la création poétique, cette "fabrique" essentielle des mots, ces réponses à la quête incessante, "à la nuit du corps", ces petits répons aux "rêves" de nos jours.

La poète, ivre de couleurs qu'elle décline à la trame du recueil, incise la peau qui recouvre le langage pour en découvrir l'essence :

"Il y a un trou dans les mots"

(p.67)

"nous nous perdons partout

mais nous nous obstinons"

(p.66)

Prophétesse, Daniel Payot (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 12 Septembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Prophétesse, Daniel Payot, Les Lieux-Dits, coll. Les parallèles croisées, 2025, 134 p., 15 euros.

 

Que la parole philosophique soit prophétique, c'est une évidence puisqu'elle dénoue les tissages du réel, sonde les profondeurs, s'inscrit dans une approche du monde, épistémologique, anthropologique. Quand un philosophe passe en poésie, il sait pertinemment que sa parole a la densité pensante des "traces", "des passages".

Mais à quels prophètes, cette langue s'adresse-t-elle ? A quels "tu", "je", "nous" le poète confie-t-il ses perceptions ? Comment engrange-t-il, poème après poème, les reliefs de sa pensée, signant que l'inaccompli honore le vivant, le projette dans l'action, établit son parcours ?

Le poète philosophe sait que le temps, le regard, le vivre tirent qualité du silence, d'une parole non impérieuse, que le but est de s'insinuer dans "l'immémorable" des traces, des mémoires.

L'Accueil du jour, Gérard Bocholier (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 03 Septembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

L'Accueil du jour, Gérard Bocholier, Ad Solem, 2025, 116 p., 17 euros . Ecrivain(s): Gérard Bocholier

 

Le poète tisse autour de la nature et de l'amour de très brefs poèmes denses, que le coeur coud au "fil d'or" d'une tendresse explorée, non feinte, toute pétrie de pudeur.

Accueillir le jour, le brin de paille, "les tilleuls couverts de rouille", "le noir des grappes" : c'est faire une déclaration d'amour au plus menu des choses comme "grains d'espérance" ou un "souffle qui pardonne".

Nombre de questions vrillent cette poésie comme s'il fallait creuser encore plus loin dans l'expérience du sensible :

"Serait-ce un signe

En ce mystère

De ta venue

Dans le couchant ?"