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Alain Morin, Pour quel temps inconnu ?

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 27 Septembre 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers

 

Poésie asilaire


Comme je reçois à la même date trois livres des éditions Rougerie, lesquelles continuent leur travail d’impression et de diffusion avec un courage exemplaire, je profite de ces lignes pour partager mon sentiment au sujet de deux livres de feu Alain Morin. Cet auteur, que peu connaissent, laisse une impression « métaphysique » comme l’écrit Y. Bonnefoy, quand pour ma part, j’ajouterai, d’une espèce d’ordre supérieur. Par exemple, ce beau poème de Purgatoire : Toi qui vois/ exaspéré d’amour,/ Archange du plaisir/ toi dont le regard/ transperce la beauté,/ je te rends grâce/ homme magique/ aux rêves par milliers. Avec comme exergue : A G…, 4 ans d’internement. Et là est une espèce de secret, un « corps-espace » comme l’écrit Alain Morin, une « liturgie du temps », en tous cas, un hic et nunc très frappant et solitaire.

52.dimanche (XXX)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 21 Septembre 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

les mots et les choses

petite lettre encore, aujourd’hui, que j’écris dans les rais d’un soleil chaud et diffus, et dont le titre m’est venu hier grâce à une lecture qui traitait de l’écriture musicale

j’en viens donc à dire les mots et les choses

et cela implique plusieurs conséquences :

tout d’abord, une séparation entre l’énoncé et ce qui est énoncé, une forme de distance et d’appropriation du langage

puis, la recherche d’un équilibre entre l’écriture et le monde abstrait des choses, comme s’il s’agissait d’un gant, de l’invagination d’une idée

ou encore la quête de la chose écrite, laquelle perd en quelque sorte son statut de chose par sa métamorphose graphique, scripturale

Pierre Dhainaut ou le pouvoir d'interroger

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 16 Septembre 2013. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

 

 

A propos de Rudiments de lumière publié par les éditions Arfuyen, juin 2013, 11,50 €

 

Au milieu de l’été qui nous trouve, chacun, pris par la « vacance » et donc ouvert et très sensible aux événements intérieurs, je vous propose quelques notes sur le dernier recueil du poète Pierre Dhainaut, recueil de vers et de prose tour à tour fin et élégant. Cette poésie, outre la langue très délicate et claire – ce qui est bien dans la tradition française depuis Boileau –, est une forme d’adresse à l’intelligence du lecteur, à la fois par le biais de la sensibilité et par l’intellection que l’on peut prêter à la découverte de ces textes. Il en va ainsi de ces réflexions sur la nature, sur la mort, sur l’enfance et les enfants par exemple, qui n’autorisent aucune paraphrase.

52.dimanche (XXIX)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 14 Septembre 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

intuition

pourquoi biffer cela plus qu’autre chose ?

personnellement, je crois que c’est une affaire de sensibilité, sentir soudain que ce mot est juste, que cette image est la bonne

en tous cas ce qui est facile à déterminer, c’est la froideur, la distance que l’on a par rapport à ce que l’on a écrit, et qui permet par exemple de comprendre un double sens non voulu, une image grotesque ou une euphonie malheureuse

c’est un rapport sensitif et intellectuel qui dirige, à mon sens, l’ensemble du phénomène de l’intuition

or la sensibilité est une affaire de goût et de culture, et l’on peut aimer le rossignol pour la noblesse de son chant, ou encore le merle pour sa nature fruste et cependant significative

52.dimanche (XXVIII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 07 Septembre 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

les ciels

la lumière du matin est encore claire, et les ciels qui font l’horizon de la rue, se superposent dans un camaïeu de gris et de blanc

je dis cela à dessein, car cette lumière matutinale est en quelque sorte la stricte expression de l’activité de l’écrivain, dans son travail de coupe et de retrait

je m’explique

ce ciel est un instant de grâce qu’il me faut différer, et qui ne prendra sa forme qu’avec la mise au net que j’opère à l’instant

nonobstant, il est possible de chercher l’épure, tout autant que la métaphysique, des ciels de John Ford par exemple, ou d’Anthony Mann, et cela dans le peu, dans le petit, dans le détail modeste, sans cependant pouvoir se défaire de l’écrasante expression de la figure du ciel et de ses phases