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Belles saisons obscures, Gérard Bocholier

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 17 Novembre 2012. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

Belles saisons obscures, Gérard Bocholier, Ed. Arfyuen, 2012, 10 €

 

La poésie contemporaine (que je ne détache pas du corpus de la poésie en général) cherche. Les poètes sont aux prises avec les possibilités infinies du langage en même temps que défaits par avance par le sujet qui les occupe, et sont donc aujourd’hui en ce sens plus des chercheurs que des créateurs. Je dis cela d’une façon un peu nonchalante, je l’avoue, mais je crois que la part du chercheur est très belle. Dans ce sens, il faut faire confiance au chemin que l’on fait en compagnie de la poésie d’aujourd’hui.

Or voici que quelques jours avant la Toussaint, je traverse le dernier recueil de Gérard Bocholier – que je connais un peu grâce à une entrevue au café Costes du Centre Georges Pompidou –, lequel est animateur d’une revue très sérieuse de littérature contemporaine, revue souvent bien illustrée. Et j’ai bu d’un seul trait, pourrait-on dire, comme on boit un alcool fort, une eau de vie violente, ce livre Belles saisons obscures que publie le très intéressant éditeur Arfuyen. On me pardonnera ainsi les imprécisions, la nervosité de mes paroles qui ne sont que le développement rapide de quelques mots pour cette chronique, qui essaye d’illustrer ce livre dont la couverture représente un ciel d’orage qui convient bien à l’atmosphère de l’ouvrage.

A propos des "Petites métanies du temps" de Patrick Maury

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 03 Novembre 2012. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

 

A semer large

 

Petites métanies du temps, Patrick Maury, Editions Obsidiane, collection Les Solitudes, 2000, 61 pages, 9,90 €

 

On pourrait, bizarrement, commencer l’ouvrage de Patrick Maury par le bandeau de la fin qui explique que le livre a été imprimé entre la Toussaint et le Jour des morts 2000, veille du Grand Anniversaire, qui est sans doute de la main de l’éditeur, mais qui permet une entrée aux 53 poèmes qui sont comme 53 petites prières de pénitence. On pourrait raisonner aussi en voyant le souci des 52 semaines de l’année, 52 semaines plus une, qui permettent au poème de passer les jours, les fêtes, les saisons, pour revenir juste un peu au-delà d’où il était venu.

Sinisgalli ou le poème panthéiste

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 15 Octobre 2012. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

J’ai vu les Muses, Leonardo Sinisgalli, traduit de l’italien par Jean-Yves Masson, Editions Arfuyen, Paris-Orbey, 2007

 

Il est difficile d’écrire à partir de ce très beau livre, traduit de l’italien par Jean-Yves Masson, sans choisir un point de vue, une orientation. Car le poème lui-même, ou plutôt la possibilité du chant poétique, le parcours de la langue du poème – que le traducteur respecte de très près – résistent et, si je peux dire, vont vers la vérité de cette langue, vers la vérité qui se cache, comme le motif dans le tapis, dans l’essence de ce qu’est la parole poétique.

D’autre part, le livre recouvre dix années du travail du poète, de 1931 à 1942, avec une sorte de constance, de lyrisme où, ni l’effet de vers tels que : Le cœur émerveillé/ J’ai interrogé mon cœur émerveillé/ J’ai dit à mon cœur la merveille, qui sont comme une aigrette verbale, un salto, depuis quoi l’effet ne se dilapide pas, ni le mélange habile des affaires des jours et celles de la métaphysique, n’épuisent l’impression de ravissement de l’ouvrage. Il y a, si je puis dire, un peu, voire beaucoup de sens et signification accumulés et qui portent très haut le livre – qui d’ailleurs vont bien à J.-Y. Masson, me semble-t-il, à cause d’un soin identique pour sa propre poésie.

Du théâtre divisionniste

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 24 Septembre 2012. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

 

Manifeste pour les faits et objectifs de l’écriture théâtrale divisionniste.

 

Un théâtre divisé.

Coupé, assemblé par le jeu des euphonies, quitte à décaler le sens de tout discours.

Diviser ce que nous sommes est ce que le théâtre doit montrer.

Homme moderne, pris dans le flux coupé des séquences de l’information, dans la moiteur des humeurs et de son obscurité.

Et là un texte de théâtre qui prône des situations brèves, inachevées, sans rapports, et qui les appréhende violemment comme est violente la vie.

Sans exclure les grands mythes.

Sans perdre le courant épique de la grande histoire.

Paris-Austerlitz/Paris

Ecrit par Didier Ayres , le Dimanche, 09 Septembre 2012. , dans La Une CED, Ecriture, Récits

Jeudi

Depuis le quai de la gare, je vais comme si je retrouvais le fil d’une liaison entre les différentes personnes que je suis, comme un anonyme, fait d’humeurs et de corps, de pensées, de matières spirituelles variables. Cette déambulation, qui se terminera ce soir au train de une heure, me conduit depuis le quai de la Râpée jusqu’à la place de la République.

Qu’ai-je vu ? Des statues japonaises, boulevard des Filles du Calvaire, deux philodendrons vert chou qui s’épanouissaient dans le hall, et l’entrée de l’immeuble décorée par du marbre, et mille visages.

Paris-Austerlitz, quai 6, sous la grande coupole qui rappelle certains tableaux impressionnistes, coupole qui maintenant est accompagnée de beaux et grands immeubles de verre dépoli, je marchais jeudi, cherchant le beau, l’angoisse et le beau. Car il y a peut-être une vision qui anime l’angoisse ? Je dis cela sans prétention, juste parce qu’il y a cette jeune femme avec sa blouse blanche et sa minerve comme un bandage, ou ce livret à demi lu des poèmes d’Haussmann, et cette vibration, brève et plaisante, de la présence des êtres humains dans la rue qui sont touchés par le secret, par une question suspendue en eux dans leur regard, dans le pli noir de cette chevelure de femme : qui sont-ils ? Quelle est-elle ? Je ne sais. Beauté et douleur vont ensemble en même temps aujourd’hui.