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52. dimanche (L)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 08 Mars 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

deuxième dimanche de l’avent

le saut

comme on traverse un ruisseau

une danse si vous voulez, une aptitude un peu mécanique, mais belle, qui conduit le danseur

et puis l’eau

le torrent qui va entre les pierres dans la partie apparente et stable de la pierre

l’eau, et encore l’esprit, l’esprit de l’eau

une chose se précipite dans le petit pas de danse

une chose qui est cette pierre, familière comme un jardin

52. dimanche (XLIX)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 22 Février 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

le ravissement

parce que l’instant d’écrire est une espèce d’apogée, de point haut qui surplombe la réalité, la chose dite

c’est dans cet esprit que je parle d’un ravissement, d’une dépossession de soi par une activité sans corps, dématérialisée, inerte en un sens

déprendre, se défaire, se décaler soudain dans la masse forte et vivante du réel, pour saisir, étreindre, ôter, couper aussi en quelque sorte, revivre

produire du langage

c’est une sorte d’opération d’alchimie, une sidération, comme est étrange dans le meilleur des cas de faire sortir une langue de cristal du milieu du tourbillonnement instable du réel

c’est donc une forme violente qui accompagne l’écrire

52.dimanche (XLVIII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 15 Février 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

approcher

comment dire, écrire en quoi échoue en un sens écrire ?

est-ce la motilité native de la réalité qui ne laisse aucune chose stable, mais prise dans le temps ?

est-ce le langage qui est trop pauvre pour suivre les infinies nuances des mouvements intérieurs de la réalité ?

car, si l’on parle d’une chose simple comme le ciel, que peut-on retenir d’absolu ?

un peu de lumière azurée et des stries blanches ; la lune et sa vie diurne ; le soleil pâle de novembre qui tend à se défaire, à se détacher dans le néant

il y a donc une représentation qui ne peut être exécutée

La Grande Fête sans fin, Jean Hans Arp

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 11 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arfuyen, Poésie

La Grande Fête sans fin, janvier 2014, 13,50 € . Ecrivain(s): Jean Hans Arp Edition: Arfuyen

 

Le poème-vie

C’est avec une vraie attente que j’espérais le livre de Jean Arp, recueil de poèmes venus de l’allemand, langue qui est une des langues maternelles du poète. Et ce que l’on sent tout de suite, même en français, c’est la vitalité du rythme et de la prosodie. On n’y sent pas un homme appesanti par l’âge ni sommeillant dans une routine poétique. C’est l’effet de vie, et presque de violence, qui entête le lecteur et je trouve que cette force esthétique un peu iconoclaste va bien aux cinq recueils qui constituent l’ouvrage.

Cela dit il faut expliquer la vie, le caractère vital qui sourd du recueil. Et tout d’abord par l’impression de mouvement, impression que rien n’est statique, que tout est tendu, instable, susceptible de grandir ou de se rompre, de se dilater. J’ai d’ailleurs commencé cette lecture à l’écoute de La Mer de Debussy, et je me dis maintenant qu’il n’y a pas tout à fait de hasard et que cette poésie se rattache peut-être d’avantage à la musique française, et notamment à Erik Satie, avec ses Gymnopédies par exemple.

52.dimanche (XLVII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 08 Février 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

le chemin

permettez-moi d’emprunter le chemin au vocabulaire du promeneur, à différents titres

dans un premier temps, à cause de l’idée de quête, de but à atteindre qui sous-tend l’idée du chemin, sa traversée, ses paysages

puis, comme il fait coupure dans le bois ou dans la prairie, ses caractéristiques de séparation, de pont, le rapprochement que j’avais hier à l’esprit, en pensant au sujet qui m’occupe maintenant, me laisse la liberté de voir en ce chemin comme un trait, un trait peint, à l’exemple de ce style dont dissertent les manuels de peinture du 17ème siècle

en effet, cette séparation entre ce qui est la figure et ce qui ne l’est pas, tend à resserrer une forme contre un espace, autour d’une idée, une ligne qui dit parce qu’elle sépare

c’est la même chose avec le chemin, qui n’existe que par le moment haut où il est traversé, dans sa nature de coupure