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Clore (3), par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 24 Novembre 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

On comprend les personnages à mi-mots. Non, ce qui est intéressant, c’est l’énergie qui pousse les acteurs à se quereller pour des questions de virgule. Car il va de soi que les personnages sont peu ou prou concernés par le monde littéraire ou théâtral, voire artistique tout bonnement. On imagine ainsi que cette certaine violence est bien remarquable à ce groupe d’individus si particuliers que sont les artistes.

 

Ça va ?

Que veux-tu que je te dise, il boit.

Tu me suis ?

Oui. Viens.

Il me doit de l’argent.

Clore (2), par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 20 Novembre 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Comme dans les cloîtres italiens, là, autour d’un jardin. J’ai connu des difficultés morales très graves, et j’ai même été hospitalisé chez les aliénés durant mon voyage en Italie. Mais, ce qu’il me reste, ce sont des images extraordinaires, la chambre d’hôtel devant Pise, et la clarté de la Voie Lactée, l’impression d’être du cristal, moi-même, délicat comme du cristal. C’est évidemment impossible à connaître dans un état normal. Mais, là, tout paraissait vrai, beau et vrai, même si après j’ai été très malade et qu’il a fallu me désintoxiquer.

Téléphone ?

Je ne crois pas.

Si, téléphone. Téléphone !

Non, la pluie.

La pluie ? La pluie. Comme c’est drôle.

Clore (1), par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Novembre 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

« Ce qui inquiète et passionne l’humanité, c’est la naissance et le passage des dieux, des saints et des héros »

Louis Jouvet

2014

 

Un hôtel plongé dans le noir. C’est sans doute une panne. Il y a cependant diverses parties du bâtiment que l’on aperçoit. Une sorte de jardin d’hiver que l’on dirait à l’abandon. La première volée d’un petit escalier étroit. En tout cas, on pourrait imaginer le décor de cette pièce comme celui que j’ai vu dans les années 80 sur la scène du Théâtre de la Ville et qui représentait une piscine sans eau tout à fait envahie par la moisissure et la végétation. Nous sommes peut-être aussi dans un manoir vétuste. Les personnages sont habillés de gris ; chapeaux gris, chaussures grises, pardessus gris. Il y a aussi beaucoup de bagages, des cartons vides. Peut-être est-ce la réunion d’un automobile-club de province ?

Peinture, art du temps ?

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 10 Octobre 2015. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

à propos de Admirable tremblement du temps, de Gaëtan Picon, éd. L’atelier contemporain, 2015, 25 €

 

S’il fallait résumer la quête esthétique de Gaëtan Picon, c’est bien son obsessionnelle recherche pour l’amont du geste créateur qu’il s’agirait de désigner.

Agnès Callu

 

Avant de livrer mon impression sur ce très beau livre de Gaëtan Picon que publie l’éditeur strasbourgeois L’atelier contemporain, je voudrais dire que le sujet de cette dissertation savante sur le temps et la peinture me touche particulièrement, car je suis très proche du monde des peintres et je vois dans ce livre une pertinence de l’analyse in vivo, si je puis dire. D’ailleurs, en parlant de cette lecture avec un peintre qui va vers la vieillesse et qui se demande ce qui lui reste à produire, j’ai compris d’autant mieux la justesse du propos.

Le soi, le monde, l’être, la vie à propos de Intelligence du corps, d’Ingrid Auriol

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 17 Septembre 2015. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Intelligence du corps, Ingrid Auriol, éd. du Cerf, coll. La Nuit surveillée, 2013, 288 pages, 25 €

 

[…] le penseur accomplirait dans les mots et avec les idées une manière de « danse spirituelle », une danse de contemplatif qui, sans remuer le moindre orteil, adopterait le pas de l’interrogation et soutiendrait l’effort et l’exercice appropriés.

 

C’est de cette manière, comme un lecteur contemplatif, que j’ai lu ce livre intéressant où Ingrid Auriol s’essaye à l’élaboration d’une phénoménologie ontologique du corps. L’auteure, en faisant de fréquentes citations à Heidegger, souligne ce que le philosophe allemand a apporté au champ de la pensée et pour ce qui concerne ce livre, une réflexion sur le corps. Cependant, j’ai procédé – comme je l’ai fait pour ma lecture de Heidegger justement – comme un poète, et non comme un scientifique.