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Articles taggés avec: Epsztein Pierrette

Le secret de Samuel Liberman, Gérard Netter

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 04 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Le secret de Samuel Liberman, Éditions Complicités, octobre 2014, 316 pages, 22 € . Ecrivain(s): Gérard Netter

 

« Un roman est une vie prise en tant que livre » (Novalis)

En décidant d’ouvrir le roman Le secret de Samuel Liberman de Gérard Netter paru en octobre 2014 aux éditions Complicités, l’auteur oblige le  lecteur à entrer dans une forêt touffue. Comme dans certains contes, le livre pourrait commencer par « Il était une fois… »

Un père âgé meurt trois ans après sa femme Annah. Une ascendance s’éteint. Alors, une quête s’amorce qui conduit le personnage principal à défricher un enchevêtrement inextricable au sein d’une famille avec toute une suite de ramifications imprévisibles.

Pour se lancer dans cette écriture, l’auteur embarque comme viatiques des souvenirs, des sensations, des émotions, l’histoire d’une époque, son imaginaire et ses mots. Il délimite ainsi le territoire d’une intrigue qui tourne autour de l’héritage et de sa transmission. Et toute une série de questions s’ouvrent alors.

La loi sauvage, Nathalie Kuperman

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Samedi, 22 Novembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Roman, Gallimard

La loi sauvage, août 2014, 208 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Nathalie Kuperman Edition: Gallimard

 

Un matin d’octobre, une phrase prononcée par une femme à l’encontre de la fille de l’héroïne du roman et narratrice du récit déclenche une bombe à retardement. Votre fille, c’est une catastrophe. Voici ce qu’annonce l’institutrice à la mère, croisée dans la rue un mardi matin. Cette « sentence » va entraîner chez la mère un travail intense d’introspection. Vont se bousculer dans sa tête une foule de réflexions sur ses relations avec sa fille, avec son métier, avec les autres, avec sa vie.  De façon inattendue, ce sera l’occasion d’un retour sur sa propre histoire, sa propre enfance.

La mère, personnage central du roman, veut comprendre et se comprendre. La loi sauvage de Nathalie Kuperman déroule pour le lecteur le récit de cette quête intime et éminemment politique.

On se déplace peu dans ce roman. Pas de longues randonnées sauf intérieures. On arpente la rue qui conduit à l’école, parfois on fait une halte. Café pour se doper, cigarette pour se protéger par un écran de fumée. Terrasse pour reculer le moment de la confrontation avec la sorcière. On pénètre à peine dans la salle de classe, la plupart du temps on l’imagine. Sauf nécessité, la mère et la fille restent enfermées de longues heures dans l’appartement qui leur sert de cocon protecteur.

Pas pleurer, Lydie Salvayre

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 06 Novembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Seuil

Pas pleurer, août 2014, Prix Goncourt 2014, 288 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Lydie Salvayre Edition: Seuil

 

Comment une histoire singulière croise « l’Histoire avec sa grande Hache » ?

Lorsque vous, lecteur inconnu, ouvrez le dernier roman de Lydie Salvayre, Pas pleurer, édité en août 2014 aux éditions du Seuil, vous devez en accepter l’originalité.

Alors, imaginez-vous au théâtre. Les trois coups sont frappés. Le rideau rouge s’écarte. Le décor est planté. Un salon. Le bruit du monde extérieur est aboli et nous sommes emportés dans un huis clos.

Une mère âgée de « quatre-vingt dix ans », à la mémoire qui flanche, est assise dans le fauteuil où elle passe ses jours, souvent près de la fenêtre. Ce jour-là, face à elle, sa fille, grande lectrice et écrivain, fervente adepte du terme juste, de la belle langue, l’écoute attentivement, pas tout à fait en silence. En effet, parfois, elle interrompt le déroulé des souvenirs maternels pour corriger certaines erreurs de langue. Mais pas à chaque fois. Ce serait fastidieux et mal venu. Alors elle laisse sa mère égrainer son récit à sa façon. Ce récit que la fille attend depuis bien longtemps.

La marque des détours, Yveline Stéphan

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 04 Novembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

La marque des détours, Éditions Infimes, 2014 . Ecrivain(s): Yveline Stéphan

 

Le roman d’Yveline Stephan La marque des détours, paru en 2014 aux éditions Infimes, est un long monologue où Léna, l’héroïne, se retourne sur son passé et entame un bilan sans concession de ce qu’elle a fait de son existence. Enfermée pendant de longs mois dans un lieu clos entouré de blancheur, elle « ne cesse d’écrire des mots retenus en elle depuis si longtemps ». Elle déroule son histoire « dans un cahier de moleskine noir » qu’elle emportera dans sa valise au moment où elle décidera de se confronter à nouveau avec l’extérieur, lorsqu’elle se sentira assez forte pour « se regarder sans terreur » dans un miroir et se retrouver « Elle, Léna. Elle, Hélène Robin ».

Nous, lecteurs, devenons partie prenante de l’exploration des dédales du monde intérieur d’une femme dont la vie serait enviée par beaucoup. Pourquoi l’héroïne nous apparait-elle comme « une femme gelée » ? C’est ce que le récit va tenter d’éclaircir. Enfant, Léna se rêvait un avenir. Adulte, elle s’est inventé un passé.

Mécanismes de survie en milieu hostile, Olivia Rosenthal

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 16 Octobre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Verticales, Roman

Mécanismes de survie en milieu hostile, octobre 2014, 192 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Olivia Rosenthal Edition: Verticales

 

 

Si vous cherchez un livre qui vous apporte le confort et l’oubli des contraintes du jour, un livre reposant, qui vous offre le plaisir de l’instant, avec une intrigue linéaire qui se dévoile peu à peu et vous conduise pas à pas vers une fin paisible et prévisible, avec un narrateur omniscient qui agite des personnages comme un marionnettiste qui a tout pouvoir, qui connaît d’avance chaque mouvement des corps et des esprits, alors ne vous précipitez pas d’acheter le dernier roman d’Olivia Rosenthal, Mécanismes de survie en milieu hostile, paru en août de cette année. Vous n’y trouverez pas du tout ce que vous cherchez.

Par contre, si vous n’avez pas peur d’être bousculé, chahuté, alors, n’hésitez pas un instant, vous serez comblés. Au fil des pages, vous basculerez dans les méandres de vos mémoires refoulées, de vos sentiments les plus intimes et les plus inavouables, dans vos terreurs les plus archaïques.