Dans son dernier ouvrage dédié à Sœur Térèse, celle qui a su protéger la mère, et à Frédéric, le thérapeute de Samuel, L’Enfant thérapeute, que certains pourraient assimiler à une autobiographie ou à une autofiction alors qu’en fait il s’agit, de notre point de vue, d’un véritable roman, Samuel Dock aborde un sujet épineux qui peut paraître éprouvant à certains lecteurs. Alors comment se fait-il que ceux qui s’y risquent peuvent prendre un tel plaisir à cette lecture ? Et qu’est-ce qui nous permet d’affirmer que ce texte a toutes les caractéristiques propres à une fiction ? La seule explication que nous pouvons avancer est que ce qui, nous, nous importe et nous emporte, c’est la qualité incontestable de l’écriture, la force des mots, les formules inédites, les oppositions puissantes, les anaphores, les insistances persistantes, les images insolites, sans omettre les constantes interrogations, les répétitions volontaires, les grossièretés délibérées, les phrases très courtes qui fouettent, les titres des chapitres qui édifient une armature. En mettant le sujet à une certaine distance afin d’éviter de tomber dans l’écueil de la lamentation, nous pénétrons au cœur du travail minutieux de broderie que Samuel effectue tout au long de ce récit. Il utilise toutes les ressources de la stylistique et de la syntaxe pour traduire au plus juste son propos de romancier. À chaque étape, l’auteur insuffle un mouvement dynamique dans ce qui aurait pu se noyer dans le macabre.