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Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Double séparation, Patrice Maltaverne

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 02 Décembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Double séparation, Le Contentieux, septembre 2016, Ill. couverture et frontispice, Pascal Ulrich, 35 pages, 5 € . Ecrivain(s): Patrice Maltaverne

 

Corps anonymes, vitesse, trompe-l’œil – ce trio est en jeu pour fouler en 20 longueurs de poèmes ce véritable chant de course, rythmé par le regard, dans une suite de perceptions tronquées en guise de miroirs des villes.

Les miroirs ne sont que de passage – « des bouts d’humain » défilent dans le flux de la ville « semblable à celui d’une rivière / À deux voies », « On dirait un défilé de mode en pointillés ». Ne captant que des « médaillons d’un regard » qui change de visages et de sexes comme on change de point de vue.

Les filles, nostalgiques ou « furibardes », traversent « en pure perte » les territoires de tous ces corps citadins, exhibant leur ego ou leur cul dans les rues, les vitrines, participant (« Rêvent-elles d’être suivies / Ou pas ? ») au grand jeu des apparences pipées et des miroirs mensongers. Leur maquillage qui déborde en dit long sur leurs histoires, tatouées dans leur cœur caché comme un sot-l’y-laisse, en même temps exhibées comme un cul en ligne de mire en dépit de ce qu’elles disent

Tashuur, Un anneau de poussière, Pascal Commère

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 14 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Obsidiane

Tashuur, Un anneau de poussière, 108 pages, 14 € . Ecrivain(s): Pascal Commère Edition: Obsidiane

 

La ronde des cavaliers tourne dans cette écriture de Tashuur Un anneau de poussière. L’écriture au galop, perche / stylo en main, sur la terre du paysage mongol soulève du sol, en les faisant tourner sur des kilomètres, des corolles détachées des chardons secs ; l’écriture nous emporte dans la figure récurrente du cercle, de la spirale ; un souffle court tout au long du livre, ce vent sournois tournoyant en permanence au ras des steppes de Mongolie.

 

Galope ton cheval coursier du monde la jeep

t’emporte, ton sac d’épaule jeté par-dessus le hayon. Qu’importe

le vieillissement des lunes, l’eau surie. La peau

du monde trésaillé, langue blanchie jusqu’à l’os

Autopsie des temps morts, Poèmes 2010-2014, Philippe Blondeau

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 02 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Autopsie des temps morts, Poèmes 2010-2014, éditions Le Bretteur, 2015, 79 pages, 10 € . Ecrivain(s): Philippe Blondeau

 

Présence du poème dans la vacuité de nos vies. « Qu’arrive-t-il quand rien ne se passe ? » La question, essentielle, se pose et résout ses entrelacs de tergiversations habituelles ou son élision, dans l’extraction vers le haut, du limon quotidien, opérée par ces poèmes écrits entre 2010 et 2014 par le poète Philippe Blondeau.

Œuvrant au laboratoire des dissections (Autopsie des temps morts, ainsi s’intitule ce recueil), la poésie inaugure une commémoration d’instants fugitifs mémorables ; exécuté sur le mode opératoire de l’invocation où le passé s’appelle et est interpellé, et sur le mode de la dérision (car l’auteur sait diluer dans l’humour nos concentrés de vies pressées par un temps volatile), le découpage d’un réel parfois tragique (ainsi la parenthèse d’un enterrement) restitue en les recollant, en les rassemblant, ces morceaux éparpillés de nos réels agencés à notre insu ou avec nous dans ces temps qui courent et qui – il le faut bien – s’arrêtent un jour, au bord de notre route (« (…) ce monde qu’il nous faut tenter de retenir car il nous quittera plus que nous le quitterons, nous qui ne cesserons jamais tout à fait d’être là, traces infimes et inutiles sans doute, mais présentes malgré tout, comme le poème précisément »).

De corps, encore, Christophe Dekerpel

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 17 Octobre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

De corps, encore, éd. Corps Puce, avril 2016, Préface de Jean-Louis Rambour, Décors de corps en agonie, 56 pages, 8 € . Ecrivain(s): Christophe Dekerpel

 

L’écriture de Christophe Dekerpel « opère tel un chirurgien », s’immisce dans les interstices où subterfuge, métamorphoses, « frelon virevoltant » dans la boîte crânienne, hallucinations, (d-)ébats dans le liquide nourricier amniotique, petites tortures et dévoration expriment la faim de corps, encore. Corps/Il-île d’élucidation et de pulsions ; corps/Elle-ailes engluées dans son cockpit charnel, affamées de cosmos & d’infini en aléas rêvés en métamorphoses (« avant (l’)ultime étape, avant cet anéantissement, il fallait (…) revenir au monde, renaître au monde dans le corps, dans la douleur, dans la douleur du corps »). Elle cogne, cette douleur, dans le ventre (au creux du ventre du cosmos-corps voué à la lumière ultime/extrême du monde galactique où la dissolution, l’extinction du corps singulier se répandra dans la matière du grand cosmos pour « devenir lumière (…), pour redevenir “hydrogène” et “hélium”, éléments numéro 1 et 2 dans le classement du tableau périodique des éléments de Mendeleiv et éléments constituant des étoiles, du soleil » (Christophe Dekerpel, in correspondance avec M.C-Demarcy, été 2016). Expansion post-mortem du corps que l’on retrouve dans le dernier texte du recueil :

Orphée du fleuve, Luc Vidal (6 & Fin) - Au bord du monde

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 07 Juillet 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Orphée du fleuve, Luc Vidal, éditions du Petit Véhicule, 1999, trad. géorgien Anne Bouatchidzé, 197 pages, 18 €

 

6. Au bord du Monde

Ce long poème dédié à Jacqueline ouvre le jardin des mots de « l’aube de demain » encore inconnue et qui « sera mouillée par l’averse de ta nuit amoureuse ». L’amour chanté y est souffle de liberté, ouvrant les volets du bonheur sur la ville et le corps de la femme aimée (« je me sens libre et mes chiens ne mordent plus »), le poète peut sentir en lui « se libérer les otages (…), rendu au cœur libre du monde ».

Le poète chante et enchante la présence et la sensualité de la femme aimée, le corps de celle-ci ouvrant une « ville d’amour », et compare sa « beauté d’amour » à la fraîcheur vibrante et parfumée des éléments naturels,