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Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Réflexions buissonnières, Frédéric Dechaux

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 24 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Poésie

Réflexions buissonnières, éd. Unicité, 2017, 81 pages, 13 € . Ecrivain(s): Frédéric Dechaux

 

Un Diogène qui ose encore l’espoir. Ainsi parlerai-je de Frédéric. Il pourrait se laisser tenter par une autre option, désespoir, aigreur, colère, silence. Ce dernier, non, ne l’a pas rendu captif en ses murs de solitude, puisque Dechaux écrit. Mais avec l’humour désespéré d’un Cioran qui fracasserait d’un Rire l’absurdité de nos existences, nos fatuités, la Vacuité de nos vies. Frédéric Dechaux a dans ses aphorismes fort à-propos l’élégance d’un sage qui s’ignore ou du moins, qui ne s’en attribue pas le statut. Sagesse naturelle et discrète de ceux qui ne se prennent pas au sérieux. Des passages traduisent la finesse de ses représentations d’un monde dont, écrit-il, nous gardons « les schémas illusoires adoptés dès l’enfance ». La lucidité cependant ne prend pas le contrôle d’une existence qu’elle jetterait, avec les déchets de la pensée, dans une tour d’ivoire de l’aigreur autarcique et de critique négative, puisque le propos pertinent affleure ici la parole et accomplit le vol libre de l’existence, via l’écriture, via l’expression de ce qui ne se résigne pas à se taire mais, persiste, résiste, et signe. L’authenticité des propos de Dechaux a l’envergure sincère d’un vécu pris aux tripes de l’expérience accordée aux désirs, à une plénitude jaillissante du pessimisme même, où jouer (revêtir un personnage) et jouir exaltent un présent fait de chaque instant, éternel. Frédéric Dechaux se rit de nos destins, comme le Destin se rirait de lui-même.

Portrait craché, Jean-Claude Pirotte

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 07 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Poésie, Le Cherche-Midi

Portrait craché, 191 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: Le Cherche-Midi

 

Un homme attablé. À son bureau. Sans la mer qui, habituellement, lui ouvre la perspective et l’enroule dans ses ressacs. Un homme seul et malade. Soutenu par sa bibliothèque. Accroché aux mots – aux sot-l’y-laisse – ; rattrapé par ses désillusions (« Il s’est cru poète, longtemps, mais ne s’accommode plus de pareille illusion. Il se sait condamné, mais est-ce bien nouveau ? J’aurai vécu en compagnie de la mort depuis ma prime enfance (…) »). Car l’homme, le poète Jean-Claude Pirotte, chroniqueur du Journal d’un poète dans Lire, auteur de recueils de poésie et de romans au Temps qu’il fait et à La Table Ronde, entre autres, lecteur fervent et fidèle de Joubert (« (…) Joubert le tant aimé, qu’il convient de relire sans cesse ») écrit ici dans Portrait craché l’inventaire testamentaire d’une vie consacrée à la littérature. « Les livres sont des analgésiques », écrit-il, et ceux des écrivains qu’il s’est choisis dressent leur suaire de salive et de sueurs pour ériger un viatique de soin palliatif, afin de résister une dernière fois « à cette humanité moribonde où le silence et la mort sont siamois. La littérature comme remède ».

Mémoires sans visages, suivi par De quel cri traversée et par Une petite anthologie, Colette Gibelin

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 12 Décembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Mémoires sans visages, suivi par De quel cri traversée et par Une petite anthologie, éd. du Petit Véhicule, coll. La Galerie de l’or du temps, 2016, textes illustrés par Françoise Rohmer, 123 pages, 20 € . Ecrivain(s): Colette Gibelin

 

À la lecture de la poésie de Colette Gibelin nous sommes saisis par la profonde densité maîtrisée du texte. « Cela touche à l’infini de la mesure de la démesure », a écrit l’éditeur Luc Vidal dans Regain, regard-source et mémoires dans l’œuvre poétique de Colette Gibelin (en l’Après-Lire des Mémoires sans visages & autres textes, éditions du Petit Véhicule, 2016). Si l’effort du travail reste imperceptible pour le lecteur, ce dernier en reçoit sensiblement les chants fertiles dans l’écriture parce que « La poète ne triche pas. C’est si personnel, si singulier que cela touche le cœur de chacun » (Ibid). Colette Gibelin exprime elle-même cet aspect de son travail dans l’Avant-Lyre du même recueil :

« Relisant (…) les textes en vue de cet ouvrage, il m’a semblé que cet ensemble témoignait d’une évolution assez marquée dans mon parcours poétique (…) l’écriture me semble avoir considérablement évolué.

La dernière œuvre de Phidias, Marilyne Bertoncini

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 08 Décembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Encres vives

La dernière œuvre de Phidias, avril 2016, 16 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Marilyne Bertoncini Edition: Encres vives

 

 

La dernière œuvre de Phidias de Marilyne Bertoncini scande et chante le Poème d’une présence à faire renaître et revenir de son exil : la présence de Phidias, ce sculpteur du premier classicisme grec dont les œuvres – les frises du Parthénon, la monumentale Athéna Parthénos, le Zeus chryséléphantin d’Olympie considéré comme la 3e des 7 merveilles du monde, entre autres – s’adressaient aux dieux. Les sculptures de Phidias constituaient parfois des offrandes de la cité à ses dieux (ainsi la cité d’Athènes offrant son Athéna Parthénos à sa déesse tutélaire), révélant parfois leur image aux hommes par l’art médiateur du génie artistique. C’est pourquoi la présence d’un tel interprète, sollicité certes, était-elle en elle-même et en même temps inquiétante. L’accusation d’impiété qui tomba sur le destin du sculpteur menaçait souvent « les plus grands », esprits éveilleurs d’une réalité que l’on voulait parfois laissée hors de portée des regards.

Double séparation, Patrice Maltaverne

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 02 Décembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Double séparation, Le Contentieux, septembre 2016, Ill. couverture et frontispice, Pascal Ulrich, 35 pages, 5 € . Ecrivain(s): Patrice Maltaverne

 

Corps anonymes, vitesse, trompe-l’œil – ce trio est en jeu pour fouler en 20 longueurs de poèmes ce véritable chant de course, rythmé par le regard, dans une suite de perceptions tronquées en guise de miroirs des villes.

Les miroirs ne sont que de passage – « des bouts d’humain » défilent dans le flux de la ville « semblable à celui d’une rivière / À deux voies », « On dirait un défilé de mode en pointillés ». Ne captant que des « médaillons d’un regard » qui change de visages et de sexes comme on change de point de vue.

Les filles, nostalgiques ou « furibardes », traversent « en pure perte » les territoires de tous ces corps citadins, exhibant leur ego ou leur cul dans les rues, les vitrines, participant (« Rêvent-elles d’être suivies / Ou pas ? ») au grand jeu des apparences pipées et des miroirs mensongers. Leur maquillage qui déborde en dit long sur leurs histoires, tatouées dans leur cœur caché comme un sot-l’y-laisse, en même temps exhibées comme un cul en ligne de mire en dépit de ce qu’elles disent