Identification

Articles taggés avec: Compère-Demarcy Murielle

Débile aux trois quarts, Patrice Maltaverne

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 19 Mai 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Gros Textes

Débile aux trois quarts, 2017, image de couverture Cathy Garcia, 70 pages, 10 € . Ecrivain(s): Patrice Maltaverne Edition: Gros Textes

 

Ce qui est bien dans les textes de Patrice Maltaverne, c’est leur côté abrasif qui récure un réel triste à décaper, et ça décape d’autant plus que les mots frottent leurs particules contre les surfaces entre les lignes. Débile aux trois quarts, « c’est de la cuvée 2007 » m’apprenait l’auteur. Or les textes ici rassemblés – publiés pour certains dans les revues ou webzines : Expression Les Adex, La belle-mère dure, Microbe, Le Grognard, Anthologie Parterre Verbal, La Feuillue hivernale, La Tribune du Jelly Rodger – ont gardé une saveur d’actualité intacte et roborative dont il serait salutaire de parfumer les heures politiques actuellement chaudement médiatisées, en ces temps dirigés par les élections présidentielles. Et il n’y va pas de poésie morte, Maltaverne ! Le cocktail qu’il nous offre fortifie une actu’ lénifiante, remonte d’un cran l’araignée pour laquelle, par esquive, on s’était pris d’amitié histoire de lézarder encore un peu plus ce réel de désordre d’apparats dans l’abîme des plafonds, nous stimule la moelle là où le spectacle contextuel nous remplit d’air vide exténuant. Cocktail ? – À point nommé – Pris dans Un p’tit jardin pour les cons – A l’orée de la fête du troupeau grégaire, où notre bébette rugit à son piquet tandis que tous dorment comme des nazes

Échelles, Alain Wexler

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 12 Mai 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Echelles, Les écrits du Nord, éd. Henry . Ecrivain(s): Alain Wexler

 

Échelle de Richter, échelle de toit, échelle de Jacob, échelles d’évaluation, échelle de fortune, échelle du bonheur même entend-on curieusement en ce 21e siècle… (Quelques degrés) sous-titre le poète-éditeur Alain Wexler pour annoncer la magnitude générale de ce recueil publié dans la collection Les Écrits du Nord aux Editions Henry, Échelles. Quelle énergie libère ces poèmes et quelles échelles gravissent-ils pour dénicher les mots, « des œufs entre les dents » cueillis dans l’arbre d’altitude, jusqu’à nous embarquer jusqu’aux hauteurs de la genèse, du poème absolu ?

Poésie de magnitude générale : celle des échelles poétiques – géolocalisable : l’échelle de l’arbre, qui « s’enfonce dans la fourche aux oiseaux » ; musicale ; échelle de la nuit ; de la hauteur féminine (« l’échelle, timide de nature / Procède par degrés. / Ensuite, la femme / Devient l’échelle de l’homme ») ; télescopique ; l’échelle empruntée par l’escalier ; l’échelle des jambes… – notre vie courante n’est-elle pas ainsi affaire de quelques degrés, mesure de marches enjambées, osées, manquées, perceptions graduées ou de dégradés dans le cercle chromatique de nos existences où chacun rame pour tenter d’avancer ?

Le sourire de l’Ange (1), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 25 Avril 2017. , dans Nouvelles, La Une CED, Ecriture

 

Il est étrange de vouloir redéfinir les limites d’un connu qui se donna à nous dès l’instant où notre respiration quittait les parois du ventre intérieur pour s’ouvrir aux déchirures du monde. Pourquoi écrire sur ce que l’on ne cesse de voir dès lors que le vivant nous tient en alerte, de tous nos sens, même à contre-courant ? Pourquoi vouloir transcrire l’immédiat présent en chacune de nos expériences ? Encore plus curieux cette nécessité – vitale – de vouloir en écrire les traces, les jets de lumière, les déchirures, les transes d’un monde opaque dont seule peut-être l’immanente présence devrait nous suffire.

Nés des forceps du dedans au dehors, nous resterons vigilants pourtant, opiniâtres à assurer la vigie des mots à la hauteur des événements qui les enclenchent, les fabriquent. Sans corne d’amertume mais d’alerte, seul ensemble dans l’appel du Large vers toujours plus d’Ailleurs, escortés de paysages toujours à conquérir, étonnements nouveaux. Paysages neufs dans leur sillage ancré à une terre burinée océane, dont les strates ont pris la profondeur des rides d’une humanité en quête permanente de sa propre réalité.

d’encres verdeurs, Daniel Louis-Etxeto

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 19 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Les Vanneaux

d’encres verdeurs, Daniel Louis-Etxeto (poèmes), Encres de Jean-Pierre Etchemaïté, 2016, 51 pages, 25 € . Ecrivain(s): Daniel Louis-Etxeto Edition: Les Vanneaux

 

D’ombres et de poudre d’éclats, les poèmes d’encres verdeurs palpitent délicatement à fleur des sens et des mots au cœur d’une « floraison d’écume », pour tenter de dire dans la verticalité de la page « les chemins de la langue » empreints d’odeurs, de senteurs, sillonés d’humus, de résine et de sable, pour trouver les mots aptes à dire

« l’âcre verdeur des feuillages

et le jour qui tremble dans les ramures ?

– Chant dont les paroles crissent aux lèvres

comme eau verte et saline »

James Joyce fuit…, Catherine Gil Alcala

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 10 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Théâtre

James Joyce fuit… Lorsqu’un homme sait tout à coup quelque chose, suivi de Les Bavardages sur la Muraille de Chine, éd. La Maison Brûlée, 2015, Théâtre/Poésie (avec des illustrations de l’auteure) . Ecrivain(s): Catherine Gil Alcala

 

Curieuses écritures, hors norme, que celles de Catherine Gil Alcala. Ou Écriture. Réécriture du Texte du Monde comme il va, quand sa barque prend l’eau. Une plume dramaturgique transfigurée par la poésie. Une danse poétique dans une mise en scène – mise en pièces – dramaturgique.

Lorsqu’un homme sait tout à coup quelque chose – Quoi ? – Quelque chose qu’il ne devrait pas savoir – Que se passe-t-il ? Qu’advient-il de son espace, de sa durée intérieure ? – Une désintégration psychique, la perte d’identité, une implosion,

« explose cristal dans la tête télépathe lourde du chaos des précognitions ».

Laissant place à l’hallucination attaquant jusqu’aux façades de la ville où Il / Lui / Horde Lui erre,

« Commotions d’émois, se cogne aux femmes glacées derrière des vitres intransparentes, s’agrippe à l’espace vide, s’appuie sur des façades s’effondrant en un fracas de rire, faciès de mascarades des villes de cinéma sous les bombes ! »