Identification

La Une Livres

Beau Repaire, Jacques Higelin reçoit. Livre-CD, collectif

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 27 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Actes Sud, Arts

Beau Repaire, Sony Music Entertainement, distribué par Actes Sud, novembre 2013, 151 pages, 25 € Edition: Actes Sud

 

L’idée de départ était simple : donner carte blanche à une dizaine d’auteurs pour illustrer, chacun à sa manière, avec une totale liberté dans le choix et dans la forme, l’un des douze morceaux du dernier album de Jacques Higelin, Beau Repaire, dans un livre-CD.

Pour ce faire, Jacques Higelin reçoit dans son antre musical et littéraire Olivier Adam, Tonito Benacquista, Jacques A. Bertrand, Didier Daeninckx, Agnès Desarthe, Arthur Dreyfus, Brigitte Fontaine, Jérôme Garcin, Brigitte Giraud, Valentine Goby, François Morel, Atiq Rahimi, Sylvain Tesson et Nadine Trintignant. Quatorze auteurs pour douze chansons, inutile de chercher l’erreur… la liberté préside à ce recueil ; c’est précisé dès l’introduction. Liberté, amitié, complicité, admiration qui lient et soudent chacun d’entre eux, toutes générations et toutes sensibilités confondues, au grand Jacques.

Le résultat est, comme l’indique Clémentine Deroudille, journaliste et productrice à l’origine avec Nicolas Renault du projet, « un kaléidoscope littéraire foisonnant et démultiplié ».

Feuilletons ensemble les pages de cet ouvrage.

Que moi, Rémi Checchetto

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 27 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre, Espaces 34

Que moi, 2013, 34 pages, 10 € . Ecrivain(s): Rémi Checchetto Edition: Espaces 34

 

« L’homme d’entre les noirs cyprès »

Rémi Checchetto rapporte qu’il a écrit Que moi pour le metteur en scène et comédien Jean-Marc Bourg ou plutôt qu’ils ont donné naissance ensemble au texte, jusqu’à sa mise en voix et en lumière dans une coproduction en 2012, du théâtre de la Mauvaise tête de Marjevols. Comme le veut la réalisation éditoriale d’Espaces 34, la petite photo de la première de couverture constitue une ouverture, au sens lyrique du terme, de l’œuvre à venir. Ici il s’agit justement d’une photo de Jean-Marc Bourg : un arbre dépouillé dans un décor minéral se fait métaphore de celui qui va prendre la parole, qui « s’effeuille » pour se reconnaître : le moi, le « que moi » mis à nu. Le premier titre du texte était Moi ; le titre définitif s’affirme de façon radicale. L’éviction de tout le reste, de tous les autres, que la forme restrictive impose avec une sorte de violence syntaxique, est instaurée.

Ce dont il sera question, c’est l’atteinte inévitable du soi que dit l’épigraphe inaugurale du poète Antoine Emaz. C’est l’homme de la mort qui vient à lui (le personnage unique de que moi) dans le tout premier paragraphe du texte p.9) et vers lequel il reviendra à l’excipit (p.34). L’homme d’entre les noirs cyprès.

Ton avant-dernier nom de guerre, Raul Argemi

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 24 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Amérique Latine, Roman, Rivages/noir

Ton avant-dernier nom de guerre, traduit de l’espagnol (Argentine) Alexandra Carrasco-Rahal, octobre 2013, 159 p. 7,65 € . Ecrivain(s): Raul Argemi Edition: Rivages/noir

La stratégie du caméléon

En Argentine, de nos jours, un journaliste, Manuel Carraspique, se retrouve dans un hôpital de campagne après un accident grave :

« L’hôpital était destiné à soigner une réserve d’Indiens mapuches, confinés entre un lac et la cordillère des Andes. Il était situé près de la descente des Mallines, le lieu de l’accident ».

Cette hospitalisation peut être une aubaine pour notre journaliste. En effet, il partage sa chambre d’infortune avec un certain Indien Mapuche du nom de Marquez. Ce dernier est à l’agonie et il est brûlé sur les 90% de son corps. Selon la police, l’homme est un meurtrier ayant des liens avec un célèbre caméléon dont l’un des noms de guerre est Cacho, un tortionnaire pendant la guerre civile. Cacho endosse aussi d’autres identités. Il est tantôt Gomez, un médecin véreux, tantôt prêtre ou encore un trafiquant notoire et meurtrier de surcroît. Manuel qui est à l’affût de tout scoop voit là une opportunité à saisir. Il décide de faire parler Marquez. Mais à chaque confession, le danger se rapproche ainsi que la vérité sur Manuel lui-même.

L’Armée des pauvres, B. Traven

, le Vendredi, 24 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue allemande, Roman, Le Cherche-Midi

L’Armée des pauvres, Trad. (Allemand) Bernard Simon novembre 2013, 387 pages, 21 € . Ecrivain(s): B. Traven Edition: Le Cherche-Midi

 

Jungle bell !


« Terre et liberté ! », tels étaient les mots employés par une armée d’indiens pouilleux pour libérer leur pays du joug d’un dictateur baptisé caudillo. Dictateur sans états d’âme qui s’appuie sur les sinistres rurales pour faire régner la terreur et exploiter les paysans.

L’armée d’indiens pouilleux est commandée par un fin stratège dénué de patronyme mais que B. Traven a baptisé Général. La troupe de Général met à mal l’armée du caudillo qui fait régner la terreur sur les paysans et réserve un triste sort aux ennemis qui tombent entre ses mains.

Le roman se lit bien et l’histoire est rondement menée. Le style de B. Traven (pour autant qu’on puisse en juger à travers une traduction) est épique et très cinématographique. L’auteur décrit avec précision l’atmosphère des dictatures sud-américaines qu’il connaissait fort bien. S’il reste sans complaisance devant les exactions commises par les deux camps, on voit bien auquel va sa préférence.

Baignade surveillée, Guillaume Guéraud

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 23 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, La Brune (Le Rouergue)

Baignade surveillée, janvier 2014, 125 pages, 13,80 € . Ecrivain(s): Guillaume Guéraud Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

 

« La Brune du Rouergue » est – pour ainsi dire – toujours une assurance de grande qualité, dans le registre littérature française / côté vraie vie, même moche, et tous ses accessoires. Ce petit opus-là honore fièrement la collection.

Serré comme un excellent café – noir dense, pour réchauffer l’hiver. Une tranche de la vie qui ne va pas – banal, pour tant et tant. Encore faut-il savoir le décliner en pure littérature, comme ici !

Très petit livre, qu’il vous faut lire d’une traite – le réchauffé est à proscrire ; goût amer et tendre, ça et là ; parfums d’iode et de bois brûlé, saupoudré de tous les vents de l’Atlantique. Ce livre est probablement un nectar, un grand cru 2014…