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La Une Livres

Le compromis, Alain Frontier

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 20 Août 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Le compromis, éd. Sitaudis, mars 2014, 324 pages, 12,76 € . Ecrivain(s): Alain Frontier

 

Comme il est difficile de donner vie à ses mots épars, à ses idées fragmentaires ! Tout écrivain est confronté à une énigme lorsqu’il s’attelle à un nouveau projet. Il est poussé par une insatiable curiosité. Quelles sont les circonstances déclencheuses ? Quelle est l’impérieuse incitation qui embarque un auteur dans cette aventure ? Comment donner une forme à des faits de langage, imprimer un mouvement, assurer une présence par la force des mots et d’une construction qui fasse tenir l’édifice ?

C’est après la mort de son père, Gaston, né en 1908 et mort en 1983, qu’Alain Frontier décide de cheminer dans les méandres de son histoire. Un père, une énigme pour un fils adulte qui cherche, avec ténacité, à traquer tout ce qui lui a été caché, à percer un secret qui, subrepticement, pèse sur sa propre vie. Cette « traversée des apparences », comme la nomme Virginia Woolf, va l’obliger à un retour sur son histoire familiale et sur ses propres conflits intérieurs. Il se livre à une cérémonie des retrouvailles avec un personnage à l’identité multiple, à facettes, qu’il va tenter d’approcher à travers différents points de vue et à une cérémonie des adieux qui vont lui permettre de se séparer pour mieux se retrouver peut-être.

Baby Jane, Sofi Oksanen

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 20 Août 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays nordiques, Roman, Stock

Baby Jane, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, mai 2014, 240 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Sofi Oksanen Edition: Stock

 

La nostalgie du désir


Au moment où la narratrice raconte son amour tragique avec Piki, jeune femme excentrique, libre mais malade, la rupture est bien consommée. Cependant, la narratrice revient sur les moments lumineux de leur histoire d’amour afin de goûter de nouveau à cette saveur suave d’un bonheur trop fugace.

En effet, les deux jeunes femmes ont partagé une vie commune durant quelques années jusqu’à ce que les failles psychologiques aient raison de leur histoire :

« Et il y avait autre chose, que la vie de Piki indiquait encore moins. Cette autre chose, dans la classification des maladies, porte le code F41.0 : trouble panique. J’avais lu cela dès le début dans ses papiers ; mais les troubles paniques avaient beau être monnaie courante dans mon entourage, je ne comprenais pas ce que cela signifiait dans la pratique. Ni ce que ça peut être de vivre avec ».

Visible la nuit, Franck Maubert

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 18 Août 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Fayard, La rentrée littéraire

Visible la nuit, 20 août 2014, 208 pages, 17 € . Ecrivain(s): Franck Maubert Edition: Fayard

 

Momo, dit Mao-Mao, a vingt ans et des poussières lorsque son chemin croise, en pleine canicule de 1976, celui de Robert Malaval, de vingt ans son aîné, « un long type avec une belle gueule, vêtu de jeans portés haut, d’une chemise imprimée de petits éclairs de couleur et coiffé d’un feutre malgré la chaleur ».

De cette rencontre naît une amitié réciproque qui liera les deux hommes jusqu’au suicide d’une balle dans la tête en août 1980 de l’un des représentants parmi les plus mythiques de la création picturale française des années 60 à 80. Dans Visible la nuit, Franck Maubert brosse le portrait en deux cents pages non seulement de l’artiste disparu et partiellement oublié, mais il reconstitue également l’ambiance de bouleversements et de changements majeurs dans les arts que connut une époque où le modèle de la société occidentale d’après-guerre fut particulièrement critiqué. L’Art-action, les happenings, les performances s’enchaînent et créent une forme d’espace démocratique où se rapprochaient l’art et la vie.

Ingrédients pour une vie de passions formidables, Luis Sepúlveda

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 05 Juillet 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Métailié

Ingrédients pour une vie de passions formidables, traduit de l’espagnol (Chili) par Bertille Hausberg, avril 2014, 144 pages, 16 € . Ecrivain(s): Luis Sepulveda Edition: Métailié

 

L’autre Sepúlveda


Ingrédients pour une vie de passions formidables présente au lecteur un Luis Sepúlveda, chez lui, débarrassé de sa plume. Le livre s’ouvre sur une réunion de famille autour d’un repas où sont réunis enfants et petits-enfants. Luis Sepúldeva accède ici au rang de patriarche et on l’appelle par respect le Viejo.

Le récit est présenté comme une conversation avec le lecteur. Les chapitres sont courts. L’auteur aborde tous les sujets du quotidien. Il évoque ses années auprès de Salvador Allende et l’admiration qu’il nourrit depuis toujours pour cette figure politique. Il confie aussi sa relation difficile et ambivalente envers le Chili mais aussi envers l’Espagne, son pays d’accueil. Fidèle à sa position d’écrivain engagé, il dénonce les malversations financières et la corruption qui faisaient loi avant que la bulle financière n’éclate en Espagne.

Du pétrole sur l’eau, Helon Habila

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 04 Juillet 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Afrique, Roman, Actes Sud

Du pétrole sur l’eau, traduit de l’Anglais (Nigeria) par Elise Argaud, avril 2014, 289 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Helon Habila Edition: Actes Sud

 

La malédiction de l’or noir


Rufus est un jeune journaliste qui accepte une mission périlleuse, celle de retrouver une anglaise, enlevée par les rebelles, et de la ramener à son mari.

« Les jours précédents, il avait vu son visage accolé à celui de son épouse dans les journaux et à la télévision. Un ingénieur britannique travaillant pour une compagnie pétrolière, dont la femme, sortie seule, n’était jamais revenue – elle avait dû être enlevée par les rebelles ».

Accompagné de son ami et mentor, Zaq, un journaliste expérimenté et alcoolique, Rufus entame une descente du delta du Niger sur la piste de ces kidnappeurs. La description des vingt premières pages est retentissante tant par son style que par son contenu. En effet, Helon Habila se sert des mots comme d’un appareil photographique. Ses mots colorent de noir la nature du pays de l’or noir : le Nigéria. Même si le terme « écocide » n’est jamais prononcé, le lecteur ne peut que constater le désastre causé par le pétrole et les torchères à la nature et aux hommes.