Créateur des éditions Schéol, adorateur de la littérature russe, ami de Rigaud, Cravan, Artaud, Crevel, proche par l’esprit de Gogol, Jarry, Allais, Queneau, Verheggen, Fénéon, et autres irréguliers de la langue, Michel Ohl a poursuivi librement ses pérégrinations terrestres, jouissives, jusqu’à sa mort en 2014. Sont réunis pour La Table Ronde son livre le plus ancien Sonica mon Lapin et un des plus récents La poule pond : de quoi montrer comment sa littérature terre une perverse patate chaude, et passé dans les mains de ce jardinier exigeant qui fait sa pluie et son beau temps selon une écriture et une ivresse exacerbées, toujours prêt à faire feu de tout bois même celle d’une jambe de même tabac.
La communion cérébrale de chaque livre propage une commotion cervicale. Les mots de lune sortent de leurs gonds si bien que le discours mycose toujours là où les images sont atteintes de mildiou. Par substrats et rempotages, la sémiologie en prend pour son grade en passant sous les fourches caudines ou le moulin à rire du créateur. L’auteur pousse les jeunes comme les grands-mères dans les buissons et orties du sens pour les fourrer selon ses mains courantes dans la vie souterraine que continua le jardinier devenu pote âgé.