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Le Mendiant aveugle et autres récits de colportage – Anonyme (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 26 Août 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Contes, Iles britanniques, Editions José Corti

Le Mendiant aveugle et autres récits de colportage – Anonyme Éditions José Corti – Septembre 2001 Traduction de l’anglais et postface : Françoise du Sorbier, 272 pages – 17 € Edition: Editions José Corti

 

Parce que leur origine a toujours été et demeurera inconnue, certaines histoires en deviennent d’autant plus fascinantes. On comprend surtout, à travers elles, combien elles sont les bases de notre littérature et combien même elles marquent la trace de sa progression. Tel est l’exemple que veut nous donner, à juste titre, Françoise du Sorbier qui a recueilli ces huit récits anglais, en plus du plaisir évident de les partager avec un lectorat francophone. Il s’avère que deux héros, au moins, nous sont familiers ici : Jack et son fameux haricot magique, ainsi que Tom Pouce, tous deux appartenant à des classiques destinés à l’enfance. Au contraire, les autres protagonistes nous sont quasiment inconnus, et c’est aussi en leur compagnie que les codes du conte dit merveilleux glissent vers une approche beaucoup plus moderne du récit.

La sélection de Françoise du Sorbier, en plus d’être chronologique, met en avant le dessin de ce glissement.

Journal d’un départ – Photographies de Bretagne, Jean-Michel Aubevert (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 19 Août 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Arts, Recensions, Le Coudrier

Journal d’un départ – Photographies de Bretagne, Jean-Michel Aubevert, Photographies : Joëlle Aubevert, Éditions Le Coudrier – Mai 2024, 114 pages – 22 € Edition: Le Coudrier

 

Jean-Michel Aubevert nous guide dans cet ouvrage à l’aide d’un bref avant-propos où il nous dit entre autres : « Ainsi louvoyons-nous entre le réel et le vrai, entre ce que nous vivons et ce que nous en concevons. » (p. 3) De ce qu’il résume d’une expérience humaine, il tire son propre témoignage des faits et de ce qu’il observe. Et, visiblement, ce témoignage doit tendre pour lui vers une forme qui lui paraît une des plus valables, si ce n’est la seule valable : le poème.

Le fait est que nous sommes bien ici dans une langue hautement poétique, où les sonorités sont travaillées, voire malaxées, de telle façon que le résultat doit en être une sculpture précise, tout en étant généreuse pour les sens. Il se peut, d’ailleurs, que le poète se laisse parfois trop aller à cette volonté musicale, à ce jeu accentué avec les phonèmes.

Cette nuit-là, la Sorcière… – Vendée, 1794, Jean-Claude Lumet (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 17 Juin 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Contes

Cette nuit-là, la Sorcière… – Vendée, 1794, Jean-Claude Lumet Éditions du Petit Pavé – Août 2023 112 pages – 12 €

 

À la lecture du titre de ce récit, on pense inévitablement à plonger dans une atmosphère de légende ou de conte. Si le paysage qui entoure les personnages principaux revêt les draperies d’un cauchemar, l’histoire qui nous est narrée, bien qu’inventée, est réaliste. Du reste, il nous est précisé que les lieux mentionnés, les massacres, le nombre de tués et les noms de victimes sont authentiques. Ainsi, le récit de cette nuit vendéenne de 1794 puise son étrangeté et sa magie, si l’on peut dire, dans une succession de faux-semblants, d’idées basées sur des croyances populaires – ces mêmes croyances bénéficiant de l’obscurité et de l’oppression des luttes révolutionnaires. L’imagination des paysans prévaut sur tout autre effort de raison.

Crever la nuit, Philippe Colmant (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 03 Juin 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Le Coudrier

Crever la nuit, Philippe Colmant, Editions Le Coudrier – Mars 2025 Illustrations : Philippe Colmant. 68 pages – 18 € Edition: Le Coudrier

 

Le titre de ce recueil, aussitôt lu, nous projette vers un double sens auquel le contenu ne déroge pas. L’insomnie du poète le force à désirer « crever la nuit », à désirer une faille au sein d’une obscurité trop dense, trop longue, à désirer apercevoir, au sein même de sa prison, un trait de lumière. Car la douleur exprimée ici est si aiguë que le poète pourrait bien être près de « mourir » au cours de cette nuit.

L’être aimé n’est plus présent dans ces murs. Le sommeil est introuvable. A l’image de ces feuilles éclairées par un lampadaire, que nous montre la couverture, on a l’illusion de voir et d’entendre des insectes bourdonner autour de l’esprit du poète, assailli par un essaim d’intranquillité. L’environnement, observé, écouté, se dresse devant lui comme un reflet. « Une brise discrète pleure quelque étoile écrasée. (…) au loin, dans les campagnes, la cécité guette, ratisse large. Les labours neufs s’éteignent dans leurs lignes. Les champs en grains cèdent de leur opulence aux rongeurs impénitents. » (p. 8)

Le Portrait de Jennie, Robert Nathan (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 20 Mai 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Joelle Losfeld, Roman, USA

Le Portrait de Jennie, Robert Nathan, Editions Joëlle Losfeld, 2000, trad. anglais (USA) Germaine Delamain, 144 pages, 5,10 € Edition: Joelle Losfeld

 

Un passage de ce livre résume la quête, somme toute absolutiste, de son personnage principal : « N’existe-t-il peut-être qu’une seule âme entre toutes – entre toutes celles qui ont vécu, à travers les nouvelles générations, d’un bout du monde à l’autre – et qui doit nous aimer ou mourir ? Que nous devons aimer à notre tour, que nous devons espérer toute notre vie, aveuglément, avec nostalgie, jusqu’à la fin » (p.92).

Eben Adams est un peintre de vingt-huit ans, qui vit dans un profond dénuement. Nous sommes en 1938 : New York est une ville qui résiste durement au talent d’Eben. Celui-ci ne parvient pas à vendre les toiles qu’il compose et il s’interroge, les déceptions répétées le plongeant dans un très grand désarroi. La « faim » qu’il a de s’accomplir est, cependant, plus dévorante que la faim du corps elle-même ou que le froid. Un soir de cet hiver-là, revenant d’une journée à nouveau stérile, il erre dans ce qu’il appelle « le Mail », tout à fait déserté :