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Transformations, Anne Sexton (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 12 Juin 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie, USA

Transformations, Anne Sexton, éditions Des femmes-Antoinette Fouque, mai 2023, trad. anglais (USA), Sabine Huynh, 120 pages, 14 €

 

Un univers

Je connais maintenant la poésie d’Anne Sexton, dans sa traduction française récente. Et de mes premières lectures de ses poèmes, j’ai été sûr qu’il s’agissait d’une voix, d’un univers, à la fois proches de Sylvia Plath, développant un style propre, un monde à part, un monde borderline au sens fort du terme : à la bordure. Il en est encore question ici, dans ce mélange, cette approche du conte pour enfant par le poème. Cette tentative est inouïe, car elle demande une force exceptionnelle pour articuler la prosodie du poème à la rhétorique du conte. Le conte universel se dilate dans cette poésie contemporaine (ces textes datent de 1971). Et ce qui ressort de ce travail, c’est un ton énigmatique, une légère euphorie liée à une ivresse des motifs, quelque chose de poreux en tout cas.

Bestiaire, Alexandre Vialatte (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 07 Juin 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Arléa

Bestiaire, Alexandre Vialatte, Editions Arléa, février 2023, Illust. Philippe Honoré, 168 pages, 11 €

Dérision

C’est principalement le mot dérision que je retiens de ma lecture du Bestiaire d’Alexandre Vialatte. Absurdité au même titre que la retrace la pièce La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco. Donc quelque chose qui mêle le tragique et le dérisoire, la profondeur et la légèreté, le sérieux et l’amusant. Cet échange entre l’ironie parfois mordante et une sorte d’émerveillement devant la nature des animaux, fait du bien au lecteur lequel s’abreuve des animaux du chroniqueur du quotidien régional La Montagne, comme il le ferait des Caractères de La Bruyère. Avec l’humour en plus.

L’intérêt du liseur c’est que les textes restent verticaux et ne fonctionnent que par verticalité. Replier ces dactylogrammes sur le syntagme ferait rater tout le suc de la pensée de Vialatte, fine, humoristique, mêlée d’une pointe d’angoisse. On apprécie cette littérature que conçue comme tentative de saisir dans l’axe paradigmatique l’intelligence de ces portraits d’animaux lesquels fournissent une impression de léger vertige, allant vers de l’inconnu, au travers de ces bêtes touchées d’étrangeté. Il s’agit de pointer un faux sérieux, là où le paradigme permet des choix, de préférer tel plan de l’expression, celui de la dérision.

Le Livre, Gérard Pfister (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 31 Mai 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Le Livre, Gérard Pfister, éd. Arfuyen, mars 2023, 228 pages, 17 €

 

Nous croyons décrire une réalité, nous en créons une autre. Nous croyons parler des choses, les mots parlent d’eux-mêmes.

Gérard Pfister

Expérience

Expérience, tel est le livre, Le Livre. Un approfondissement, un creusement que le poète opère dans son langage poétique, offrant une vision des gouffres, mots incandescents devant la pensée, ou pensée incandescente qui trouve issue dans la langue du poète ; voilà le destin du poète. Le lecteur ainsi est confronté à une vérité de la forme. Cette poésie est adressée aux idées telles que les présente Platon dans sa fameuse caverne. Donc images, ou plutôt fondements de l’image, quintessence de l’image, signe absolu. Difficile sujet. Les mots du Livre sont maux humains. Sont mots humains.

Botaniska poesi, Pierre-Olivier Lambert (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 23 Mai 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Botaniska poesi, Pierre-Olivier Lambert, éditions Ars-Poetica, mars 2023, trad. suédois, Laure-Hélène Dardelay, 111 pages, 18 €

 

Âpreté

Dire en quoi ma lecture s’est appuyée sur le style de l’auteur bordelais Pierre-Olivier Lambert, c’est désigner une pointe sèche, une âpreté de la touche, un caractère maigre (comme on l’oppose au gras en peinture), un lyrisme sourd, une pratique de l’épure, une absence d’emphase, somme toute une poésie taillée sans aucune exagération, une sorte de poésie d’une rigueur crue presque rude. Du reste, la répartition physique de l’ouvrage reprend bien l’idée d’un ordre esthétique. Calme énonciation distribuée en 10 sections de 4 poèmes, assorties d’une dernière section d’un seul poème, correspondant en un sens à la chronicité des saisons et des cycles de la nature. Ici, tout tourne autour du Jardin botanique de Göteborg – d’où la traduction en suédois (ce qui est original pour un livre publié en français).

Cercles intérieurs, Thibault Biscarrat (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 09 Mai 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Cercles intérieurs, Thibault Biscarrat, éditions Conspiration, janvier 2023, 70 pages, 9 €

 

Le sur-poème

Il y a bien plus que de la littérature dans ce recueil de poèmes de Thibault Biscarrat, car ses textes s’appuient sur une vie spirituelle dense et qui ouvre le poème à une espèce de « sur-poème », un poème du poème. Livre appuyé quant à lui sur Ibn Arabi, sur Thérèse d’Avila ou Jean-de-la-croix, en tout cas sur des textes fondateurs de la haute spiritualité humaine. Et cette sphère de l’intellection intuitive, si je puis dire, se conjugue en ajoutant au monde matériel l’univers de la pensée – et de la croyance. Ici, Noé, la Genèse, le Cantique des cantiques.

Je suis le secret des secrets, je suis la fin et l’origine. Mon souffle sculpte la voix des prophètes, je sculpte le chant de l’aède, des poètes. Le poème est une prophétie qui s’incarne à chaque instant. Le poème se dirige vers mon âme. Je connais les secrets, les mystères.