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Les Livres

Dirty dandy, Benjamin Berton (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 07 Mai 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Roman

Dirty dandy, Benjamin Berton, éditions Page à Page, Coll. écho(s), février 2024, 201 pages, 18 € . Ecrivain(s): Benjamin Berton

 

Benjamin Berton, écrivain, n’est pas un adepte du confort. Benjamin Berton a le goût du risque, des structures narratives audacieuses, des télescopages. On en a la preuve avec Dirty dandy, sous-titré Quand Jean Lorrain ébranle Marcel Proust. Benjamin Berton semble ici poursuivre un double but : rendre hommage à l’auteur de Monsieur de Bougrelon, le faire sortir de l’oubli (tout relatif) où il a été relégué, et, en le confrontant à une Figure quasi inattaquable de notre patrimoine, à l’un des saints les plus vénérés de notre ciel littéraire (vénération toute relative elle aussi car, en vérité, qui lit vraiment Proust ?), tenter, sans illusion, de remettre en cause une hiérarchie unanimement acceptée. Remy de Gourmont, il y a bien longtemps, avec ses « dissociations d’idées », dans Le Chemin de Velours, mais avec des moyens différents, s’était engagé sur un tel terrain.

Les demi-justes, Iris Murdoch (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mardi, 06 Mai 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Gallimard, En Vitrine, Cette semaine

Les demi-justes, Iris Murdoch, Gallimard, 1970, trad. anglais, Lola Tranec, 378 pages, 24,80 € . Ecrivain(s): Iris Murdoch Edition: Gallimard

 

Un ministère à Londres. Octavian Gray, naturellement nonchalant, s’abandonne à la paresse qui suit un copieux repas quand retentit une détonation dans un bureau voisin. Biranne, plus rapide à réagir, vient de découvrir Radeechy mort sur son fauteuil, une balle dans la tête. Mais le suicide est-il aussi évident qu’il y paraît ? On aurait cependant tort de s’attendre de la part d’Iris Murdoch à une intrigue réellement policière, cette ouverture n’étant que le prétexte pour présenter les hommes autour desquels va graviter une tribu.

En effet, la philosophe-romancière, au fil de ses livres, témoigne d’une prédilection pour ces familles élargies. Couple complice un tantinet libertin, veuve et divorcée soucieuses d’élever dignement leurs enfants, étranger rescapé d’une guerre, adolescents attendrissants dans leur furie pour échapper au mal-être de leur âge, vont traverser ensemble l’été dans une villa de bord de mer, épargnés ou au contraire touchés par l’enquête. Celle-ci est l’occasion d’une galerie de personnages un peu plus pittoresques sans être vraiment inquiétants (maître-chanteur, maîtresse jalouse, valet ténébreux).

William Adjété Wilson, en noir, en blanc, en couleur, Collectif (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 06 Mai 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Gallimard, Arts

William Adjété Wilson, en noir, en blanc, en couleur, Collectif, Gallimard (avec le soutien de l’ADAGP), 2025, 256 pages, 35 € Edition: Gallimard

 

L’union des couleurs

Né à Tours en 1952, William Adjété Wilson est issu d’un mariage mixte, d’une mère française et d’un père d’Afrique de l’Ouest. Sa première exposition a lieu en 1976 à Paris. En 1986, il obtient le Prix de la Villa Médicis Hors-les-Murs et passe plus d’un an aux États-Unis. Il partage sa vie entre Paris, le Bénin, le Togo et Haïti. Combattant ostracisme et préjugés – « j’étais bien souvent le seul élève noir de ma classe » –, Adjété Wilson quitte la province. Il rejoint alors à la capitale « la vaste communauté des artistes de [son] époque ». Le bel ouvrage d’art que publient les éditions Gallimard, témoigne de son cheminement personnel et artistique, dès son arrivée à Paris, « bouillon de culture dans lequel les idées et les appétits fusionnent en un kaléidoscope vivant ». Des textes autobiographiques et d’historiens de l’art jalonnent le livre parmi plus de 600 illustrations. Adjété Wilson écrit se trouver en porte-à-faux entre d’une part « la trop grande visibilité de ma couleur de peau, d’autre part l’invisibilité discriminante qui m’était imposée ».

En Pléiade, un Descartes généreux (par Pierre Windecker)

Ecrit par Pierre Windecker , le Mardi, 06 Mai 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, Essais, La Une CED, En Vitrine, Cette semaine

 

Œuvres, Tome I (1579 pages), Tome II (1561 pages), Descartes, Collectif, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2024, éditions préparées par Jean-Marie Beyssade, publiée sous la direction de Denis Kambouchner, choix de lettres par Jean-Robert Armogathe

 

En 2024, la Bibliothèque de la Pléiade a accueilli dans ses rayons de nouvelles Œuvres de Descartes. Elles prennent le relais de celles de l’édition André Bridoux qui datait de 1937.

Il faut saluer cet événement éditorial.

Ce qui fait la valeur originale de cette édition, c’est d’abord qu’elle s’adresse, autant qu’aux amateurs et connaisseurs de Descartes, à ceux qui – philosophes ou non – ne le sont pas (ou pas encore) particulièrement.

La Crédulité à l’âge de la raison, Rhétorique, épistémologies, éducation, Collectif (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 05 Mai 2025. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Editions Honoré Champion

La Crédulité à l’âge de la raison, Rhétorique, épistémologies, éducation, Giulia Iannuzzi, Claudia Lora Márquez, Sylvie Moret Petrini et Brianna E. Robertson-Kirkland, éditions Honoré Champion, 2024, 400 pages, 58 € Edition: Editions Honoré Champion

 

L’idée de réunir en séminaire de jeunes chercheurs, doctorants ou docteurs frais émoulus, est dans l’ensemble intéressante : cela leur permet de confronter leurs méthodes, leurs recherches, et de publier leurs premiers travaux sans passer par le processus de sélection intimidant des grandes revues à comité de lecture – où la réputation et les relations interpersonnelles jouent un rôle plus important qu’on ne le croit en général.

En juin 2021, l’université du Michigan (Ann Arbor) abrita un tel séminaire, organisé par la Société internationale d’Étude du XVIIIe siècle, sur un thème sous-estimé et prometteur : la crédulité au Siècle des Lumières.