Identification

Les Livres

Désarrois (Verwirrnis), Christophe Hein (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 27 Juin 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Métailié

Désarrois (Verwirrnis), Christophe Hein, éditions Métailié, avril 2024, trad. allemand, Nicole Bary, 240 pages, 20 € Edition: Métailié

 

Le châtiment

Désarrois, le livre de Christophe Hein (né en 1944 à Heinzendorf, dramaturge, romancier, essayiste et traducteur Est-allemand) se réfère sans doute au célèbre ouvrage, Les Désarrois de l’élève Törless de Robert Musil. Christoph Hein a grandi à Bad Düben, une petite ville au nord de la Saxe, non loin de Leipzig. Son père, pasteur, n’étant pas considéré par les autorités de la RDA comme un travailleur, il ne lui était pas permis de fréquenter le lycée. Christophe Hein passera son baccalauréat en 1964, et ne pourra étudier à l’université qu’à partir de 1967, tout en occupant divers emplois. Il est en 1990 Membre de l’Académie des arts de Berlin et de l’Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne en 1994.

Œuvres complètes, Charles Baudelaire en La Pléiade (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Mercredi, 26 Juin 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, En Vitrine, La Pléiade Gallimard, Cette semaine

Œuvres complètes, Charles Baudelaire, Bibliothèque La Pléiade, Gallimard, mai 2024 (Coffret illustré 2 volumes + 1 album 209 illustrations), 1760 pages, 75 € chacun. . Ecrivain(s): Charles Baudelaire Edition: La Pléiade Gallimard

 

« Ce qui est créé par l’esprit est plus vivant que la matière » (1), soutenait Charles Baudelaire (1821-1867). La nouvelle édition de ses Œuvres complètes montre à quel point cette pensée l’obsédait. Autant le souligner dès à présent : les deux volumes préfacés par Antoine Compagnon et publiés sous la direction d’André Guyaux et Andrea Schellino, feront date. Ces derniers innovent en renonçant au partage dans l’œuvre entre poésie et critique. Le sommaire chronologique, qui fait toute la valeur de leur entreprise, conduit à suivre, étape après étape, le cheminement de l’écrivain. Grâce au parti qu’ils ont adopté, nous voyons peu à peu s’affirmer le critique, puis l’artiste ; assistons à l’avancée de son projet ; relevons, au terme d’une exploration captivante, la cohérence d’ensemble de sa démarche.

Ce travail monumental est l’occasion de rappeler que Baudelaire fut retenu, en 1931, pour inaugurer la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade – un choix qui à l’époque n’avait rien d’évident.

Deux couleurs chaudes (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 26 Juin 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse, Seuil Jeunesse

Edition: Seuil Jeunesse

 

Le Chat qui aimait le jaune, Eve Gomy, Seuil Jeunesse, mai 2024, 20 pages, 9,50 €

Grâce à ces deux superbes albums jeunesse cartonnés, épais, robustes, les tout-petits appréhenderont les couleurs à travers la vision de deux animaux : l’un, familier, le chat, compagnon des enfants et des adultes, l’autre, une grenouille, du peuple batracien, plus secret, habitant des mares et de la campagne.

Or, le mistigri tout bleu aime le jaune, la couleur solaire et l’éclat des lumières artificielles. En Extrême-Orient, la couleur de l’empereur, le jaune, est parfois dévalorisée en Occident, synonyme de perfidie et d’infamie. Ici, le jaune franc est porteur de lumière, de clarté, d’éveil, d’intelligence. Le chat est bleu outremer – le bleu à la signification de paix, de patience, d’intuition, couleur divine, couleur de la spiritualité chez Kandinsky.

Les Raisins de la colère, John Steinbeck (Nelle traduction) (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 25 Juin 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard), En Vitrine, Cette semaine

Les Raisins de la colère, John Steinbeck, Folio, mars 2024, nouvelle trad. anglais (Etats-Unis) Charles Recoursé, 672 pages, 11 € . Ecrivain(s): John Steinbeck Edition: Folio (Gallimard)

 

« Le peuple fuit en laissant l’horreur derrière lui ; des choses étranges lui arrivent, certaines cruelles et amères, d’autres si belles qu’elles ravivent à jamais sa foi ». Parmi ces « belles » choses, une en particulier, « ce qu’il faut bombarder » proclame Steinbeck en s’adressant à ceux qui possèdent « les choses dont les autres manquent » : « le commencement : de “je” à “nous” ». Ce pourrait être, proposée à la fin du chapitre XIV des Raisins de la colère, la morale politique d’un roman qui dépiaute le rêve américain comme peu, le montrant tel un épouvantail cauchemardesque en cette fin des années trente où les tracteurs ont chassé les métayers du Midwest vers une Californie fantasmée et vendue en de mensongers prospectus. Un appel à l’altruisme, pas seulement syndicaliste, mais aussi chrétien – dans un roman où pourtant un pasteur, Casy, prétend ne plus être capable de prier ou prêcher, seulement d’écouter désormais.

Héliogabale, Drame en quatre actes, Jean Genet (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mardi, 25 Juin 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Théâtre, Hachette Romans

Héliogabale, Drame en quatre actes, Jean Genet, Gallimard, mars 2024, 105 pages, 15 € . Ecrivain(s): Jean Genet Edition: Gallimard

 

Sans être passée inaperçue, la récente publication de la pièce inédite de Genet, Héliogabale, n’a pas eu le retentissement escompté par les admirateurs de l’écrivain. L’œuvre de Genet serait-elle aujourd’hui considérée comme datée, trop circonscrite par une époque, ou, close sur elle-même, n’aurait-elle plus rien à nous dire ? Ou ce relatif silence, ces articles convenus auraient-ils leur source dans le malaise que l’auteur, ses livres, pourtant somptueux et défricheurs comme avec Proust de terras incognitas de la sensibilité, et ses engagements politiques continueraient d’entretenir ?

Dans une remarquable préface, François Rouget éclaire la genèse et les conditions de la redécouverte de cette pièce, proposée à Jean Marais en 1943, qui n’a pas été séduit, et jamais représentée. Genet est une nouvelle fois emprisonné en avril 1942, pour un délit mineur, à la Santé d’abord puis à Fresnes où il restera jusqu’en octobre.