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Les Livres

François Rouan. Autour de l’empreinte (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 29 Août 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

François Rouan. Autour de l’empreinte, contributeurs, François Rouan, Sylvie Ramond, Isabelle-Monod-Fontaine, Pierre Wat, Éric Pagliano, Killian Pauline, 192 p., 22,5 x 24,7 cm, éd. Skira, juin 2025, 39 €

Tache, trait, stigmate

Le bel ouvrage, François Rouan. Autour de l’empreinte, édité à l’occasion de l’exposition au Musée des Beaux-Arts de Lyon du 30 mai au 21 septembre 2025 du dessinateur, photographe et cinéaste, né en 1943 à Montpellier, présente 180 reproductions de qualité. Ses œuvres figurent dans de grandes collections publiques, et depuis 2024, six expositions lui ont été consacrées en France et à l’étranger.

François Rouan « tresse » (selon son expression) ses tableaux à partir de chefs-d’œuvre référents - Nicolas Poussin, Masaccio, Piero della Francesca -, une trame bien à lui, issue de l’école du regard extérieur lié à la recherche intérieure. Killian Rauline dresse le parcours de l’artiste depuis ses études aux Beaux-Arts de Paris et sa découverte d’Ambrogio Lorenzetti, le peintre siennois. Rouan s’inspire également d’artistes plus contemporains, comme Simon Hantaï, Paul Klee et Lucio Fontana. Ce qu’il appelle « son travail à l’aveugle [qui] ouvre à la non-maîtrise et au hasard ». Donc, une pratique en palimpseste, en raccord, en juxtaposition.

La Vie éternelle, Dominique Sampiero (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 29 Août 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

La Vie éternelle, Dominique Sampiero, Le Taillis pré, 2025, 190 p., 18 euros.

 

Écrire un livre, c'est sans doute agencer un portrait, ajuster une vision, laisser quelques traces de vie.

Sampiero, dans ce livre très architecturé, s'adonne au plaisir d'écrire LA VIE, celle d'un village, celle d'un ami Yves, celle de tous les "gens de la fenêtre" qu'il décrit comme des présences familières, importantes, d'un passé qu'il s'agit de rameuter.

Les poèmes en prose coulent ici comme fontaines de sens : le portrait de l'ami, voisin, serviable, au plus près d'une nature de jardins et de chevreuils, résonne comme la vie pauvre à sauvegarder en dépit de tout, du temps qui ronge, de la solitude à soigner.

Proche à mon sens des univers de Dhôtel l'admirable et du remarquable Bouysse, Dominique Sampiero réussit le miracle de donner vie au peu qui brille dans la nasse des choses recueillies, "l'âme des flaques, qui, en un seul regard, capturent les averses, les nuages, les merles".

Un sol trop fertile, Cédric Le Penven (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 28 Août 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Un sol trop fertile, Cédric Le Penven, Editions Unes, 2021, 80 pages, 17 €

"j'ai acheté des outils pour sculpter du bois flotté

mon fils à l'école, ma femme au travail

je passe de pièce en pièce, dans le jardin, dans le bureau

je touche les gouges du bout des doigts

ça lancine et ça brûle

tant de colère contre la tristesse

ce paquet de linge gorgé d'eau qui colle et pèse à l'arrière de la nuque"(p.41)

 

La "résilience" s'entend au sens faible (malgré les coups reçus, le goût - et même la capacité - de santé demeure), ou au sens fort (plus un sort fait tomber notre vie, mieux on le surmonte). C'est comme vouloir faire rire le malheur, en bichonnant en retour quelques pieds-de-nez vers lui.

Le rire de Sade, Essai de sadothérapie joyeuse, Marie-Paule Farina (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 27 Août 2025. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, L'Harmattan

Le rire de Sade, Essai de sadothérapie joyeuse, Marie-Paule Farina, L’Harmattan 9 avril 2019, 260 pages, 27 euros . Ecrivain(s): Marie-Paule Farina Edition: L'Harmattan

 

« Le rire de Sade ».

Que voilà un titre déroutant, dérangeant ! Volontairement provocateur ?

Associer au rire ce personnage vilipendé, voué depuis plus de deux siècles aux gémonies, accusé (à juste titre ou non, preuves à l’appui ou non, on s’en fiche) de délits sexuels mineurs, ce romancier maudit, interdit, emprisonné, interné, dont les porte-étendards de morale se sont acharnés à pilonner et brûler les écrits, ce marquis présenté comme la personnification extrême du mal, du vice,  comme un individu tellement abominable qu’un terme désignant la pire monstruosité humaine a été forgé à partir de son nom… est-ce seulement imaginable ?

 

« L’irrésistible gaieté avec laquelle Sade raconte des « horreurs », qui en parle ? Qui en rit ? »

Petit traité du silence, Pascal Bataille (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 27 Août 2025. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres

Petit traité du silence, Pascal Bataille, Ed. Guy Trédaniel Avril 2025, 220 pages, 12,90 €


On devrait élever une statue au silence » (Thomas Carlyle). Le silence, souvent perçu négativement comme une sorte de « ghosting », reprend ses lettres de noblesse sous la plume de Pascal Bataille dans ce « Petit traité du silence à l'usage des gens bruyants ».

C'est dans la privation que l'on se rend compte de la valeur des choses. L'auteur a été victime de crises de surdité qui lui ont laissé des acouphènes, tintements de clochette, bourdonnements.... C'est dans ces bruits parasites permanents qu'il a pris conscience de la valeur vertueuse du silence. Le son met notre cerveau sous tension, les réseaux de neurones du système auditif sont les plus développés, même un bruit continuel modéré n’échappe pas à notre cerveau.