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Les Livres

La Conversation de Bolzano, Sándor Márai (par Mona)

Ecrit par Mona , le Mardi, 13 Mai 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Pays de l'Est

La Conversation de Bolzano, Sándor Márai, Editions Le Livre de Poche, 2002, trad. hongrois, Charles Zaremba, 284 pages

Sándor Márai, l’un des plus grands auteurs hongrois de la Mitteleuropa longtemps méconnu en France, victime tour à tour du nazisme et du communisme, fait un pied de nez aux tyrans avec La Conversation de Bolzano. Son roman s’inspire d’un épisode des mémoires du grand séducteur libertin du 18ème siècle, Giacomo Casanova, évadé de la prison des Plombs à Venise en compagnie d’un moine défroqué. De retour à Bolzano, le fugitif sème la zizanie dans la petite ville où il s’était battu en duel avec le comte de Parme pour l’amour de la jeune Francesca. Le roman oscille entre bouffonnerie et drame : Giacomo, qui ambitionne de devenir écrivain, se proclame « rebouteux de l’amour » et prodigue ses conseils loufoques aux bons bourgeois tandis que le comte tente de libérer sa bien-aimée de « l’envoûtement de l’amour ». La Conversation de Bolzano condense deux joutes verbales en une nuit inoubliable : le face à face de Giacomo et du comte, puis celui de Francesca face à Giacomo, remarquablement mis en scène par Jean-Louis Thamin au théâtre de l’Atalante à Paris en 2012. Dans une première tirade pleine de verve, le comte disserte sur le bref courrier d’amour destiné à sa femme qu’il a intercepté et propose à Giacomo un contrat surprenant : argent et protection en échange d’une nuit avec elle à condition de disparaître à jamais.

La Seconde guerre d’indépendance d’Israël, 7 octobre 2023, Effroi et résilience, Richard Darmon (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 13 Mai 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Histoire

La Seconde guerre d’indépendance d’Israël, 7 octobre 2023, Richard Darmon, Les Provinciales, 2024, 190 p. 18 €

Dans la Bible hébraïque (l’ensemble que les Chrétiens appellent l’Ancien Testament), plusieurs épisodes nullement mineurs font l’objet d’une duplication : la création du monde eut lieu deux fois (d’abord en six jours, ensuite après le déluge) ; les Tables de la Loi furent remises à Moïse deux fois ; la royauté d’Israël fut établie à deux reprises (avec Saül, puis avec David). Conscients de ce phénomène, des Israéliens ont considéré que la guerre commencée après la tragédie du 7 octobre 2023 pouvait être assimilée à une nouvelle guerre d’indépendance, la seconde, après celle de 1948. Elle est en tout cas le plus long conflit que l’État d’Israël ait jamais soutenu.

Ce n’est évidemment pas la même chose que d’être « sur le terrain », au milieu des cris des jeunes filles violées, des odeurs de poudre, de sang, de chair brûlée et de la terreur pure. Mais ce fut une expérience inoubliable et amère : se trouver, au matin du samedi 7 octobre 2023, à son bureau, en train de dérouler des notifications d’un réseau social (Twitter) et de voir arriver subitement des images brutes, qu’aucune modération n’a encore filtrées ou censurées, filmées quelques instants auparavant, mises en ligne aussitôt et répercutées dans le monde entier.

Irish blues, Neville Rowley, Rory Gallagher (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 12 Mai 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Arts, Le Mot et le Reste

Irish blues, Neville Rowley, Rory Gallagher, Editions Le Mot et le Reste, mars 2025, 160 pages, 17 € Edition: Le Mot et le Reste

 

Rory Gallagher fit partie des grands guitaristes britanniques (Irlande) des années soixante-dix. Le blues fut son inspiration première, mais sa musique a franchi les frontières du blues. C’est en 1972, le 12 septembre, que le Melody Maker le plébiscite devant Eric Clapton et Jimmy Page. « Le 18 au matin, Jimi Hendrix est retrouvé mort à son domicile à Londres. C’est la fin d’une époque ».

Et quelle époque !

Rory Gallagher commence alors une carrière solo après la dissolution du groupe qu’il avait formé, Taste. Neville Rowley nous embarque dans le sillage du musicien irlandais sur douze de ses titres, comme les douze mesures du blues qui aura inspiré sa musique.

Ozanges, Richard Millet (par Claire Fourier)

Ecrit par Claire Fourier , le Lundi, 12 Mai 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Ozanges, Richard Millet, Est-Samuel Tastet éditeur, 2024, 124 pages, 20 €

 

Ozanges, qui pourrait s’écrire Aux anges, est un très beau livre de Richard Millet. L’histoire ? qui n’en est pas une : l’alter ego de l’écrivain, Pascal Bugeaud, est hébergé dans un château plus ou moins abandonné où il va passer une nuit, seul, en hiver. Des bruits infimes, des craquements légers qui ont l’air de chuchotements, des lueurs, des souvenirs qui reviennent, reviennent, et se ramifient. L’homme a peur, il ne dort pas et il erre jusqu’à l’aube dans les couloirs et diverses pièces du château.

Quels fantômes habitent derrière les portes tandis que, frissonnant dans l’obscurité, il monte et descend les escaliers, ouvre avec anxiété les poignées de porcelaine blanche, allume un peu de feu dans une cheminée, s’assied à une table poussiéreuse devant une bouteille de vin – soupirant après un peu de clarté et d’amour, guettant jusqu’à l’aurore une présence qui réchauffe et fasse reculer la mort ?

La Fabrication du Réel, Caroline Hoctan (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 07 Mai 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Tinbad

La Fabrication du Réel, Caroline Hoctan, Tinbad Roman, mars 2025, Préface Serge Lehman, 266 pages, 23 € Edition: Tinbad

 

« Car ce que La Fabrication du Réel propose avant tout, c’est, comme son titre l’indique, une expérience métaphysique, une plongée dans l’infrastructure du sujet du monde.

Pas une autofiction, mais une ontofiction » (Serge Lehman, Préface).

« Tout en écoutant le ressac de l’océan résonner dans la maison, je fixais la malle de mon père. Je pris alors conscience que si je ne savais rien, ou si peu, de mes origines, et de ce qui fondait cette identité que je portais, je ne savais pas plus qui j’étais moi-même, ni vers quoi j’allais ou n’allais pas » (La Fabrication du Réel).