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Les Livres

About Alice, Pat Andrea (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 15 Mai 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

About Alice, Pat Andrea, éditions Les Arts dessinés, mai 2025, 128 pages, 35 €

 

Ce que Pat Andrea trouva chez Alice

L’ouvrage luxueux About Alice réunit une sélection de planches et d’images tirées de 3 carnets de croquis réalisés par Pat Andrea (né en Hollande en 1942 au sein d’une famille d’artistes, diplômé d’une des plus anciennes écoles d’art du monde, l’Académie royale des Beaux-Arts de La Haye). Nous faisons la connaissance de l’homme, photographié dans son atelier, au cours d’un entretien mené par Frédéric Bosser (fondateur des Arts dessinés). Pat Andrea est à l’initiative d’un atelier de dessin et de collage à l’École de Recherche Graphique à Bruxelles. En 1998, il est nommé professeur aux Beaux-Arts de Paris où il enseignera jusqu’en 2007. Le 6 mars 2002, il est élu membre Correspondant à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France.

À Contrevie (Contravida, 1994), Augusto Roa Bastos (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 14 Mai 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, Seuil, En Vitrine, Cette semaine

À Contrevie (Contravida, 1994), Augusto Roa Bastos, Le Seuil, trad. espagnol (Paraguay), François Maspéro, 254 pages . Ecrivain(s): Augusto Roa Bastos Edition: Seuil

 

Le support de ce roman est un train de mort. Lent, bringuebalant, inquiétant, il porte en ses flancs le narrateur – l’auteur assurément – unique survivant d’un massacre lors d’une évasion de prisonniers politiques d’une prison. Survivant, dans ce roman, n’a de sens qu’ontologique. La survie est la condition humaine et, par définition, elle n’est que sursis. En compagnie de personnages étranges et inquiétants, le narrateur va. Où ? Il ne sait pas, au moins au départ. Loin, dans tous les cas, loin des lieux où on le traque.

Entre les scènes de son compartiment et ses rêves pendant ses endormissements, il est assailli par un flot de souvenirs qui déferle comme un torrent, portant avec lui une enfance erratique et des images obsessionnelles des parents, des amis d’alors, des cinglés qui peuplaient Manorá – petit village perdu au milieu de nulle part. La noirceur et la brutalité traversent ces évocations du passé adossées à l’histoire du pays soumis à toutes les exactions.

Mercurio, Philippe Mezescaze (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 14 Mai 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Roman, Mercure de France

Mercurio, Philippe Mezescaze, Mercure de France, avril 2025, 192 pages, 19 €

 

Mercurio, le personnage éponyme du dernier roman de Philippe Mezescaze, c’est Monsieur de Bougrelon. Je m’explique : dans le roman de Jean Lorrain publié en 1897 et chroniqué dans cette revue en octobre 2024, nous sommes à Amsterdam à une date indéterminée, une Amsterdam hivernale, puritaine et dévergondée à la fois. Le narrateur anonyme et son ami y font la connaissance d’un singulier compatriote, de souche normande comme eux, qui semble avoir pour préoccupation première, à travers ses discours et sa gestuelle, et en dépit de son allure décatie, d’imposer de soi et de son passé, de ses conquêtes, de sa relation de jadis avec Monsieur de Mortimer, son double embelli, une image fastueuse. Des doutes naissent sur la véracité des propos du « vieux fantoche », que l’épilogue confirmera : Monsieur de Bougrelon subsiste péniblement en tenant un humble rôle de violoniste dans un cabaret minable.

Présages d’innocence, Patti Smith (par Nicolas Grenier)

Ecrit par Nicolas Grenier , le Mardi, 13 Mai 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Arts, Christian Bourgois

Présages d’innocence, Patti Smith, Christian Bourgois Éditeur, novembre 2024 (édition bilingue, poèmes inédits), trad. anglais (USA) Jacques Darras, 160 pages, 9 € Edition: Christian Bourgois

 

Patti Smith, sens de l’innocence

Patti Smith, chanteuse populaire américaine, dévoile son jardin secret à travers le recueil de poèmes Présages d’innocence. Il se place sous les auspices de William Blake, poète romantique anglais, et de Diane Arbus, photographe américaine, qui inspirent le titre de sa divagation poétique. Son opus lyrique se compose de vingt-trois poèmes en vers libre, des ballades, des élégies entre autres, et de cinq poèmes en prose, elle a écrit à Los Angeles ou à Belfast. Dans son cahier de poésie, cette icône de la musique populaire retranscrit sa vision du monde. À travers ses poèmes de circonstances, elle révèle son monde intérieur, ses tensions et ses obsessions.

Lors de cette session lyrique, Patricia Smith signe une poésie engagée. Cette figure de la société civile, comme Ralph Nader ou Johnny Appleseed, s’érige contre le pouvoir des excès. Maigrelette et fluette, cette silhouette construit des passerelles entre les pays, les peuples, les civilisations.

La Conversation de Bolzano, Sándor Márai (par Mona)

Ecrit par Mona , le Mardi, 13 Mai 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Pays de l'Est

La Conversation de Bolzano, Sándor Márai, Editions Le Livre de Poche, 2002, trad. hongrois, Charles Zaremba, 284 pages

Sándor Márai, l’un des plus grands auteurs hongrois de la Mitteleuropa longtemps méconnu en France, victime tour à tour du nazisme et du communisme, fait un pied de nez aux tyrans avec La Conversation de Bolzano. Son roman s’inspire d’un épisode des mémoires du grand séducteur libertin du 18ème siècle, Giacomo Casanova, évadé de la prison des Plombs à Venise en compagnie d’un moine défroqué. De retour à Bolzano, le fugitif sème la zizanie dans la petite ville où il s’était battu en duel avec le comte de Parme pour l’amour de la jeune Francesca. Le roman oscille entre bouffonnerie et drame : Giacomo, qui ambitionne de devenir écrivain, se proclame « rebouteux de l’amour » et prodigue ses conseils loufoques aux bons bourgeois tandis que le comte tente de libérer sa bien-aimée de « l’envoûtement de l’amour ». La Conversation de Bolzano condense deux joutes verbales en une nuit inoubliable : le face à face de Giacomo et du comte, puis celui de Francesca face à Giacomo, remarquablement mis en scène par Jean-Louis Thamin au théâtre de l’Atalante à Paris en 2012. Dans une première tirade pleine de verve, le comte disserte sur le bref courrier d’amour destiné à sa femme qu’il a intercepté et propose à Giacomo un contrat surprenant : argent et protection en échange d’une nuit avec elle à condition de disparaître à jamais.