Le grand plongeon
L’épopée poétique de Yann Moix, Apnée, est un exercice de style qui décline l’histoire politique et culturelle depuis le XXe siècle en alexandrin à rimes plates. Cette expérience immersive s’inscrit dans la tradition des récits épiques. Il n’est pas rare que la poésie française fasse la part belle à l’histoire, de l’Abrégé de l’histoire de France, en vers, de Godard de Berigny, en 1679, à L’Alexandréide, ou La Grèce vengée, de Sylvain Phalantée, en 1829.
Cette divagation en vers qui happerait le nez de Raymond Queneau, comprend quarante-deux chapitres pour un total de six mille alexandrins libres, à peu près. Elle comporte des hymnes, des élégies, des odes. Cette apnée de Yann Moix apparaît comme la logorrhée d’un plongeur de perles. À bout de souffle, l’apnéiste ne manque pas de souffle lyrique. Dans cette eau amniotique, le vieux loup de mer devient un nouveau-né.