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La Une Livres

Snuff, Chuck Palahniuk

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 03 Octobre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Roman, La rentrée littéraire, Sonatine

Snuff, trad. de l’américain par Claro, 20 septembre 2012, 216 p. 16,50 € . Ecrivain(s): Chuck Palahniuk Edition: Sonatine

 

Amis de la poésie palahniukienne, bonjour !

Avec Snuff, l’espoir renaît. L’espoir après Pygmy, le précédent Palahniuk, cet ersatz de roman, une catastrophe, sans doute l’un des pires livres écrit ces dernières années. Impossible à achever même avec la meilleure volonté du monde. Comment un éditeur a osé publier cette « chose » ? Sans doute parce qu’elle était signée Chuck Palahniuk et quand on est un auteur de cette renommée, une véritable rock-star, on peut tout se permettre. Et même de faire de la daube. Et même de prendre son public par-dessus la jambe.

Mais on est prêt à lui pardonner. Car avant, il y a eu quelques sacrées pépites. Un humour très noir, des situations trash jusqu’à la nausée, un style syncopé qui peut produire des merveilles : Fight club, Survivant, Choke, Berceuse. Ou des résultats plus inégaux : A l’estomac, Peste. Ou alors la mayonnaise ne prend pas : Pygmy, Journal intime.

Pigeon vole, Melinda Nadj Abonji

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 03 Octobre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Langue allemande, Roman, Métailié, La rentrée littéraire

Pigeon vole, trad. Allemand Françoise Toraille. août 2012, 238 p. 20 € . Ecrivain(s): Melinda Nadj Abonji Edition: Métailié

 

Pour paraphraser le titre d’un essai récent, nous pourrions nous demander, à l’issue de la lecture de l’ouvrage de Melinda Nadj Abonji, ce qu’est une intégration réussie pour des immigrés.

C’est d’abord, nous dit l’auteure, encore et toujours une immense souffrance, une déchirure toujours douloureuse. Certes, l’intensité de cette douleur est variable, elle n’en est pas moins une constante : c’est le cas de la famille Kocsis, dont les parents Rosza et Miklos quittent la Voïvodine pour la Suisse alémanique, en compagnie de leurs enfants Ildiko et Nomi.

La province dont ils sont originaires est une contrée d’expression magyare, rattachée à la République populaire de Yougoslavie, puis à la Serbie, après l’éclatement de la Yougoslavie.

L’auteure décrit ainsi les tests et multiples pièges dont un immigrant candidat à une future citoyenneté suisse doit sortir vainqueur ; tests sur la langue allemande, sur l’histoire suisse, l’observance des règles de propreté, dont ce pays est si fier… Elle dépeint magnifiquement l’angoisse générée par la réponse des autorités du pays d’accueil :

Un héros, Félicité Herzog

Ecrit par Lionel Bedin , le Mardi, 02 Octobre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Grasset, La rentrée littéraire

Un héros, août 2012, 302 pages, 18 € . Ecrivain(s): Félicité Herzog Edition: Grasset

Qu’est-ce qu’un héros ? n’est pas la question centrale de ce livre, de ce « roman » puisqu’il porte cette mention. Les deux interrogations principales sont plutôt : peut-on tout accepter d’un « héros », y compris la destruction de sa propre famille ? Et qu’apporte le « roman » à une histoire qui aurait pu être écrite sous la forme d’un journal ou de souvenirs ? Félicité Herzog est née en 1968. Son père est un héros. Sa mère descend d’une illustre famille française. Une histoire normale, banale. Non. Quand on lui dit « tu as la chance d’avoir un père comme le tien » Félicité garde le silence. Elle le gardera longtemps.

« Je ne sais pas si c’était le signe d’une réelle inconscience du mal ou celui d’une grande perversité mais je devinais que l’éclat de son sourire légendaire cachait des reflets plus sombres et qu’il n’était pas l’homme qu’il prétendait ».

La mère est issue d’une grande famille industrielle, noble. Elle se débat entre la révolte contre son milieu et ses amants. Les grands-parents, qui s’occupent souvent des deux enfants du couple bientôt séparé (car « rien de mon père et de ma mère ne se mariera réellement »), ont quelques habitudes un peu « anciennes, surtout celle de ne rien voir, rien dire, rien savoir ». Les apparences… Et comment faire quand « tout projet doit être apprécié à l’aune de l’exploit de l’Annapurna ou de la grandeur des Schneider » ? Car le père – Maurice Herzog – est bien le protagoniste principal.

La jarre d'or, Raphaël Confiant

Ecrit par Patryck Froissart , le Dimanche, 30 Septembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Folio (Gallimard)

La Jarre d’or, juin 2012, 305 p. . Ecrivain(s): Raphaël Confiant Edition: Folio (Gallimard)

L’auteur, bien connu, est martiniquais.

Le héros du roman est, comme son créateur, un écrivain martiniquais, Augustin Valbon, mulâtre au confluent de deux cultures, la française et la martiniquaise, doublement héritier de Balzac et de Césaire.

L’héritage de Balzac est évident dans la précision de la peinture sociale des milieux où se déroule le roman, dans la certitude que cultive le jeune écrivain d’être doué d’un talent d’exception, et dans son ambition avouée de connaître la gloire qu’il estime donc mériter.

L’héritage de Césaire est manifeste dans l’écriture poétique, dans l’omniprésence des thèmes sur lesquels s’est fondée l’affirmation littéraire de la négritude, et, ô merveille, dans l’abondance des diamants lumineux du créole antillais qui parsèment le texte, des étincelles de cette belle langue aujourd’hui reconnue, à juste titre et à statut égal, comme une des langues qui appartiennent au patrimoine linguistique de l’humanité, de ce parler riche et inventif que les linguistes décrivent comme un français évolué, dégagé qu’il a été, dès le début de son histoire, des contraintes imposées par l’Académie créée par Richelieu en 1635 (l’année même de l’installation des Français en Martinique) dans l’objectif affirmé de fixer (de figer) le français du 17ème siècle dans un état considéré alors (et depuis) comme définitivement parfait.

Aux armes défuntes, Pierre Hanot

Ecrit par Lionel Bedin , le Samedi, 29 Septembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Aux armes défuntes, Éditions Baleine, 2012, 16 € . Ecrivain(s): Pierre Hanot

 

La première partie de Aux armes défuntes, roman de Pierre Hanot, commence par un voyage, en 1948, dans le port de Marseille. Polmo (abréviation de Paul-Maurice) embarque pour l’Indochine. Polmo n’a pas beaucoup de culture, « il savait vaguement que là-bas, plus loin que l’Afrique, les gens bouffaient du riz avec des baguettes ». Polmo a raté le début de sa vie de militaire en étant prisonnier des Allemands. Il n’a pas pu tirer un coup de feu. Il a bien l’intention de se rattraper avec les Viets. A Port-Saïd, durant une escale, il se forge l’opinion que l’Égypte est un repaire de brigands, et tombe amoureux d’une entraîneuse. C’est l’aventure. « Par la magie du voyage, il était Surcouf le corsaire, la planète applaudirait ses exploits, l’aventure coucherait dans son lit ». Après seize jours de navigation « vertigineuse de crasse et d’inconfort » la troupe débarque en Cochinchine. Là, Polmo attend la vraie guerre au mess, un endroit minable avec un ventilateur HS, « les mouches copulaient sur les pales immobiles en toute quiétude ». Chez l’aumônier ça n’est guère mieux : « Mon Père, osa Polmo, j’ai abandonné la femme de ma vie en Égypte… Absolution, mon fils ! Lundi nous irons au bordel ». Polmo n’aura pas le temps d’aller voir : vient l’heure de l’accrochage dans la clairière. Dernier voyage. Polmo est tué.