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La Une Livres

Polices ! Sonia Chiambretto

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 26 Septembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Théâtre

POLICES !, Grmx éditions, 2011, 63 pages, 10 € . Ecrivain(s): Sonia Chiambretto

 

Le théâtre contemporain sera ou ne sera pas, si est « contemporain celui qui reçoit en plein visage le faisceau de ténèbres qui provient en son temps ». Assurément le texte de S. Chiambretto est contemporain. Mais il se présente d’abord comme un objet graphique.

POLICES d’écriture, couverture pensée par Maxime Allex : la première et la quatrième de couverture forment un tout visuel et matériel. Les plis blancs et grisés se déplient comme un origami sur papier glacé. Il faudra au lecteur ouvrir et déplier le texte. L’intérieur du livre, son cœur jouera sur les blancs, les polices de caractère et nous suivrons une petite moto noire circulant presque sur la tranche du livre (les motards de la gendarmerie ?). A la fin du texte un peloton roule vers le dehors des mots (le dessin est tronqué). Le O de polices devient une grenade à dégoupiller.

POLICES de l’Ordre, toute sortes de polices : la police de la préfecture ; la police du 9.3 ; la BAC (brigade Anti-Criminalité) ; la police des C.R.S ; la police des perquisitions ; la SDAT (Sous direction antiterroriste) ; la police de Vichy

Zone d'Education Prioritaire, Sonia Chiambretto

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 25 Septembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Théâtre, Actes Sud/Papiers

Zone d’Education Prioritaire, 67 p. 12 € . Ecrivain(s): Sonia Chiambretto Edition: Actes Sud/Papiers

 

Sonia Chiambretto a-t-elle été marquée durablement par la Légion étrangère stationnée à Aubagne et agrémentée d’un improbable musée ? Elle revient souvent dans ses textes sur la violence des guerriers, pantins sanguinaires au service des politiques. Dans Zone D’Education Prioritaire comme déjà dans Mon képi blanc, ils sont des personnages centraux. La guerre et le théâtre, c’est peut-être la même chose.

Le texte dont il est ici question pourtant, comme son titre l’indique, s’inscrit dans l’espace scolaire au départ. Nous sommes au lycée V Hugo de Marseille, établissement classé ZEP situé derrière la gare St Charles. Il est l’unité de lieu cerné par son système d’entrée et de sortie géré par une caméra de surveillance. Elle sert aussi de première de couverture à l’édition Actes Sud-Papiers : elle regarde vers nous, lecteurs menacés par son œil électronique. Deux jeunes filles Kate et Bone vont en quelque sorte nous faire la visite guidée du lycée suivant le plan inaugural (avec ses pictogrammes). L’architecture du lycée ressemble fort à celle d’une prison organisée avec ses cours, sa vie rythmée par des sonneries et sirènes (cour A et C). Elles décrivent tour à tour le quotidien de l’établissement avec ses élèves aux origines multiples. Elles se moquent de l’inepte sortie « pédagogique » à la fête des citrons à Menton, ou des « gothiques ».

Mensonges d'été, Bernhard Schlink

Ecrit par Patryck Froissart , le Dimanche, 23 Septembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Langue allemande, Nouvelles, Gallimard

Mensonges d’été, 2012, (Sommerlügen), trad. allemand Bernard Lortholary. 290 p. 21 € . Ecrivain(s): Bernhard Schlink Edition: Gallimard

 

Sept nouvelles, d’une longueur plutôt inhabituelle, ont été regroupées dans ce recueil sous l’appellation générique : « Histoires ».

Le titre en présente explicitement le thème général.

L’intrigue de L’arrière-saison commence et se poursuit comme au cinéma hollywoodien : Suzan, une dame riche, et Richard, un musicien pauvre à qui elle ne révèle pas sa richesse, se rencontrent et s’aiment. Comme de bien entendu, il est très fâché quand il découvre la vérité. Comme il se doit, ils se réconcilient, bien qu’il supporte mal ce qu’il ressent comme une dépendance, un état inférieur. Comme on s’en douterait, pour corser l’histoire, elle est américaine, il est européen, elle se projette dans l’avenir, il porte en lui le poids de l’Histoire du vieux continent.

« Vous autres Européens, vous êtes des pessimistes. Vous venez de l’Ancien Monde et vous ne pouvez imaginer que le monde devienne nouveau et les êtres humains aussi… »

Le jardin du mendiant, Michael Christie

Ecrit par Yann Suty , le Jeudi, 20 Septembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Nouvelles, Albin Michel, La rentrée littéraire, Canada anglophone

Le jardin du mendiant (The Beggar’s Garden), trad. de l’anglais (Canada) par Nathalie Bru, 6 septembre 2012, 312 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Michael Christie Edition: Albin Michel

Numéro d’urgence

Une vieille dame ne cesse d’appeler les urgences dans l’espoir que le secouriste pour lequel elle a eu un coup de cœur vienne à nouveau à son chevet. Mais le nouvel envoyé n’étant pas celui qu’elle espérait, elle menace de se suicider… en retenant sa respiration.

 

Rebut

En regardant à la télé un reportage sur les SDF, Earl reconnaît son petit-fils Kyle. Il décide de le retrouver. Mais quand il le voit, il ne peut se décider à l’aborder et décide de le suivre…

 

Goodbye porkpie hat

Un accro au crack dialogue avec le fantôme de Robert Oppenheimer, l’inventeur de la bombe atomique.

Murtoriu, Marc Biancarelli

, le Mercredi, 19 Septembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Bassin méditerranéen, Roman, Actes Sud, La rentrée littéraire

Murtoriu (Le glas), trad. du corse par Jérôme Ferrari, Marc-Olivier Ferrari et Jean-François Rosecchi, 5 septembre 2012, 270 p. 22 € . Ecrivain(s): Marc Biancarelli Edition: Actes Sud


Marc-Antoine Cianfarelli vit à contre-courant. Se définissant lui-même comme un poète raté doublé d’un libraire raté, il choisit de fermer boutique dès que l’été fait déferler sur la Corse son flot de touristes ; il se rend alors dans le berceau de sa famille, les Sarconi, « un petit village blotti dans sa coquille, asphyxié entre les pins et les châtaigniers ». Dans ce repaire, il se plait à goûter des moments de grande paix « enveloppé par une nature sublime et généreuse ». Pourtant, de tels instants sont rares ; la solitude et l’absence de femmes pèsent au libraire et dès qu’il revient en ville, la vanité de la société actuelle l’horripile. Il se met à ruminer et à déblatérer, ici sur les politiciens, là sur les pistonnés, ou encore sur les « pinzuti  et les lucchesi que l’été vient vomir sur nos côtes ». Personne ne trouve grâce à ses yeux. Les Corses sans doute encore moins que les autres. D’ailleurs Marc-Antoine qui n’a appris la langue corse que sur le tard, à un moment où ses locuteurs étaient déjà regardés de haut, se sent-il tout à fait corse ? On peut en douter quand il confie : « j’ai compris que j’avais toujours été un étranger. Les vieux me menaçaient de leur bâton, me forçaient à parler aux chiens, les gamins qui attendaient le car avec moi voulaient me renvoyer sur le bateau et les gens d’aujourd’hui me menaçaient de leurs sourires en coin et de leur regard condescendant ».