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La Une Livres

Puissance de la douceur, Anne Dufourmantelle

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 17 Octobre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Payot

Puissance de la douceur, Editions Manuels Payot, août 2013, 160 pages, 15 € . Ecrivain(s): Anne Dufourmantelle Edition: Payot

 

En France aujourd’hui, nous ne sommes heureusement pas en période de guerre armée. Mais une guerre sourde est à l’œuvre qui provoque des effets sournois sur les mentalités, sur la population et sur la société toute entière. Nous sommes en butte à une idéologie de la compétition à outrance, à une compétitivité sans fin, à une envie effrénée de possession, à une rentabilité obligée, à un chômage inquiétant, à un écart de plus en plus grand entre les revenus, à un repli sur soi de mauvais aloi, à une technologie dévorante qui délite le lien social, à une communication automatisée où la machine remplace de plus en plus l’échange de paroles, à une manipulation du discours médiatique qui nous oblige à penser en rond avec des mots édulcorés et standardisés.

Dans une époque de violence pulsionnelle où l’argent et la science sont devenus des signifiants maîtres, le livre d’Anne Dufourmantelle qui s’intitule Puissance de la douceur ne peut qu’étonner, nous paraître étrange et même faire scandale pour certains. Aujourd’hui, que peut encore signifier ce mot de « douceur » et comment peut-on lui associer le mot « puissance » ? En effet, l’union de ces deux mots peut apparaître de prime abord comme un oxymore. Tout l’essai va être une démonstration de la pertinence de ce titre.

L’heure du chacal, Bernhard Jaumann

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 17 Octobre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue allemande, Roman, Le Masque (Lattès)

L’heure du chacal, traduit de l’allemand par Céline Maurice, 281 pages, mai 2013, 20,90€ . Ecrivain(s): Bernhard Jaumann Edition: Le Masque (Lattès)

 

Le passé n’est jamais mort


Sous une chaleur écrasante d’un mois de janvier, la mort approche et encercle la riche demeure d’un ancien membre actif des services secrets sud-africain. En effet, un homme qui n’a plus rien à perdre, sort son l’AK-47 et abat la victime sous les yeux de sa fille. D’autres meurtres vont suivre et obéissent au même rituel. L’inspectrice chargée de l’enquête est Clémencia Garrise. Elle vient d’un township. Elle est noire. Dans un monde post apartheid et machiste, elle doit s’imposer et mène son enquête en usant de son intelligence. Ses investigations l’amènent vers la piste d’un vieux crime politique, l’assassinat d’une figure légendaire, Anton Lubowski. Sa tâche va devenir complexe d’autant plus que ces pistes sont dangereuses à exploiter car personne n’a envie de déterrer un passé lourd de conséquences…

Intérieur, Thomas Clerc

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 16 Octobre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Récits, Gallimard

Intérieur, Gallimard l’arbalète, Juin 2013, 386 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Thomas Clerc Edition: Gallimard

 

Conseil : ne pas laisser traîner ce livre, n’importe où, exposé à l’œil curieux de vos visiteurs… le risque serait trop grand de la salve des « quoi !!! c’est fou ce bouquin ? Tu appelles ça comment ? de la littérature !! »… et d’accompagner le commentaire de rires qui vous moqueront encore, la nuit tombée.

Cet Intérieur est effectivement fou, parfaitement inimaginable, et totalement littéraire. Une sorte d’épice nouvelle jamais goûtée et définitivement adoptée.

Explication qui vaut baptême : l’auteur « a passé ses premiers mois rue de Lille, et se souvient d’avoir entendu, bébé, les plaintes des analysants de Jacques Lacan, dont le cabinet était proche, puis d’avoir habité plus tard rue de Quatrefages, où il reçut les voix de Georges Perec, et de ses Choses, avant d’aménager le 11 Septembre 2001 dans son intérieur… ». 50 m2, rue du Faubourg Saint Martin, et presque 400 pages de… visite ? certainement pas, plutôt de parcours initiatique dans le chez lui de Thomas Clerc. « Autobiographie d’une maison », nous est-il dit.

Le tigre blanc, Aravind Adiga

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 16 Octobre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Asie, Roman, 10/18

Le tigre blanc (The White Tiger), traduit de l’anglais par Annick le Goyat, 318 pages, 8,40 € . Ecrivain(s): Aravind Adiga Edition: 10/18

 

Balram, comme des millions de ses congénères, est né dans les Ténèbres, où règne la loi de la jungle, celle du plus fort.

Le plus fort, dans ces mondes obscurs, est le fils du plus fort, et son fils sera un jour, à son tour, le plus fort.

Parce que dans les Ténèbres, on est seigneur ou esclave, de naissance, de père en fils, depuis toujours, et pour toujours.

Balram est condamné, car telle est sa destinée, à vivre en esclave, à laver les pieds de ses maîtres, à accourir, l’échine courbée, à chacun de leurs impérieux appels, à ramper devant eux, et à les remercier d’avoir la bonté de les maltraiter…

Il peut arriver, exception confirmant la règle, que dans cet appareil fatal, dans ce broyeur infernal, s’introduise un humble grain de sable qui en perturbe le cours.

Arizona Tom, Norman Ginzberg

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 14 Octobre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, La rentrée littéraire, Héloïse D'Ormesson

Arizona Tom, août 2013, 224 p. 17 € . Ecrivain(s): Norman Ginzberg Edition: Héloïse D'Ormesson

« À Brewsterville, les distractions sont rares. /…/ Ce n’est pas moi qui m’en plaindrais. Moins il s’en passe mieux je me porte. Je suis le shérif de ce bled. Un shérif placide et discret, ni bégueule ni fiérot. Pas un de ces paltoquets qui bombent le torse devant les voleurs de poules, une main sur l’étoile, l’autre sur la crosse de leur colt. Je suis shérif comme d’autres sont putains ou croquemorts, parce qu’il en faut ».


Ocean Miller, alias Ocean Meier, fils de juifs immigrés venus chercher fortune en Amérique après avoir fui Hambourg où ils ne vivaient que dans la malédiction, la misère et le mépris, se livre au soir de son existence au jeu des confidences. Une vie sans grande étoffe, souvent marquée par la poisse, jusqu’à ce poste de shérif dans ce trou perdu d’Arizona aux limites du désert de Mojave. Entre deux rasades de bourbon, il se remémore… les petit boulots d’avant, les succès faciles auprès des femmes, l’engagement dans l’Union pendant la guerre de Sécession aux côtés du général Chamberlain, le poste d’adjoint d’un marshal dans le Kansas, la traque aux voleurs de bétail, les amitiés trahies et au bout de la route, ni épouse, ni enfants, ni même un toit, dans ce bled où il ne se passe rien ou presque. Sauf le mercredi 8 juin 1883, où le chemin du shérif croise dans le désert celui d’un gamin sourd-muet, Tom, tirant au bout d’une corde un homme-tronc.