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Le désespoir des anges, Henri Kénol

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 02 Octobre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Actes Sud

Le désespoir des anges, avril 2013, 326 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Henri Kénol Edition: Actes Sud

 

Ce roman qui se déroule à Haïti est un roman coup de poing, sans concession, qui nous plonge au cœur de la Cité, ces quartiers à la périphérie de Port-au-Prince, ville qui ne sera jamais citée autrement que par le terme de centre-ville, en opposition à ces ghettos tombés entre les mains de gangs d’une violence qui n’a d’équivalent que la misère dont ils sont issus. Peu importe la qualité de la graine, pour survivre dans ce terreau-là, elle ne pourra devenir que mauvaise. Des gangs qui maintiennent leur pouvoir tout en servant, chef après chef, car les têtes tombent vite, le Président et ses sbires, y compris leurs intérêts étrangers, chez qui là aussi, sinon plus, trafic, violence et corruption sont les maîtres mots. Ainsi les gangs fournissent d’innombrables mains sales et promptes à faire parler fusils et machettes, les malheureusement trop fameuses « chimères » d’un président dont le nom ne sera pas cité. Qu’importe, l’histoire se répète à Haïti comme ailleurs. Des hommes de mains pour semer la terreur dans la population, faire taire des opposants et manifestants gênants. En échange, les zotobrés, les notables, ferment les yeux sur les abominations commises dans les territoires-prison qui sont sous contrôle des gangs, ces quartiers miséreux et cette population dont personne ne veut ailleurs, ils y envoient parfois discrètement des bulldozers pour enterrer les morts et cacher les charniers quand ils sont trop nombreux…

Pour en finir avec l'espèce humaine, et les Français en particulier, Pierre Drachline

Ecrit par Sophie Galabru , le Mercredi, 02 Octobre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Le Cherche-Midi, La rentrée littéraire

Pour en finir avec l'espèce humaine, et les Français en particulier, septembre 2013. 177 p. 15 € . Ecrivain(s): Pierre Drachline Edition: Le Cherche-Midi

 

Dans ce livre de Pierre Drachline nous découvrons comme un nouveau Discours de la servitude volontaire, mais depuis le monstre froid de l'Etat a bien grandi et c'est un mal tentaculaire et omnipotent qui nous enserre dans le renoncement de nous-mêmes. Comme La Boétie, Pierre Drachline constate ahuri la force d'inertie des hommes, l'auto-conformation à l'ordre, ce vice de la servilité. Mais point de généalogie de la lâcheté, de simples coups de pinceaux pour tirer le portrait de la médiocrité humaine. La voix tonitruante, l'auteur se déchaîne contre ces abonnés absents du monde, incapables de passions et de désordre, ces nouveaux morts-vivants entre lesquels il passe avec aversion et refus. Il fait partie de ces rares qui conservent le souvenir de leurs droits naturels et sont indomptables. Il y a alors étalé le plus crument possible le dégoût des autres, sauf de quelques rares amis. Mais le misanthrope est son premier poison, tant il est plus aisé de se fondre dans la masse que de la fuir, "il faudrait pouvoir se perdre de vue. Un rêve d'aveugle." Pourtant, nulle envie de plaire, plutôt celle de déplaire comme il le prétend dans ce livre.

En mer, Toine Heijmans (2 critiques)

Ecrit par Lionel Bedin , le Mercredi, 02 Octobre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays nordiques, Roman, Christian Bourgois, La rentrée littéraire

En mer, traduit du néerlandais par Danielle Losman, août 2013, 15 € . Ecrivain(s): Toine Heijmans Edition: Christian Bourgois

 

 

Donald est un homme ordinaire, qui mène une existence (trop) ordinaire, et qui a déjà subi pas mal de défaites et d’humiliations. Il a passé une partie de sa vie à « faire des choses dont je sais qu’il vaudrait mieux ne pas les faire. Mais je les fais quand même », entouré de personnes – les collègues et d’autres – pour qui « l’intrépidité ne leur est plus indispensable. Ils se passent aisément d’aventure ». Un jour il se dit que « le moment d’être ambitieux m’a semblé révolu » et se demande par quoi remplacer « le bureau, les deals, les entretiens d’évaluation, ces inutiles ingrédients de la vie ». Hagar, sa femme, lui susurre que « c’est agréablement calme, tu sais, quand tu n’es pas là » ou « je voudrais tellement que tu sois un adulte. Un homme qui prend des décisions ». Alors un congé sabbatique, un voilier et quelques mois de navigation en solitaire s’imposent. Suivis de quelques jours en mer avec Maria, sa fille. Histoire de lui proposer une belle aventure, de « faire en sorte que ça vaille la peine » et de montrer à Hagar « qu’elle s’est inquiétée pour rien ».

Le cas Eduard Einstein, Laurent Seksik

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 01 Octobre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Flammarion, La rentrée littéraire

Le cas Eduard Einstein, septembre 2013, 294 pages, 19 € . Ecrivain(s): Laurent Seksik Edition: Flammarion

 

Laurent Seksik connaît bien Albert Einstein, le père d’Eduard, dont il a rédigé une biographie, et les fils et les pères sont souvent son affaire, comme en atteste La légende des fils, un de ses – beaux – et précédents romans. Médecin, la notion de « cas » fait évidemment partie de son univers. Mais, est-ce vraiment cela qui explique la réussite de ce roman-ci ? Fallait-il seulement l’expertise biographique et scientifique pour – à ce point – emporter le lecteur dans la noria à la fois sobre et dense des émotions qu’on garde une fois le livre refermé…

Voyage terrible que celui qu’on commence, accompagnant une mère, abandonnée de son mari, « déposant » au fond d’un asile de Zurich un fils psychotique, probablement schizophrène : Eduard (« ses grands yeux clairs toujours perdus dans le vide »), le cadet d’Albert Einstein et de Mileva. On est en 1930 ; il n’en sortira plus : « Jusqu’alors, elle n’avait pas pleuré. Elle n’était pas encline à la tristesse. Seule, la peur occupait ses pensées, une frayeur immense, une terreur de mère ».

De bons voisins, Ryan David Jahn (2ème critique)

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 01 Octobre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, USA, Roman, Babel (Actes Sud)

De bons voisins, traduit de l’américain par Simon Baril, mai 2013, 270 pages, 7,70 € . Ecrivain(s): Ryan David Jahn Edition: Babel (Actes Sud)

 

Les oiseaux de nuit


Le tableau d’Edward Hopper peint en 1942 et intitulé Oiseaux de nuit suggère par sa thématique la vie des personnages de ce roman. Comme les hôtes esseulés du bar aquarium de Hopper, les protagonistes de De bons voisins évoluent dans un univers de désillusion, de solitude et de vide existentiel. Si les clients de Hopper s’attardent dans cet espace saloon, l’air hagard dans la lumière artificielle des néons, pendant qu’à l’extérieur les ténèbres écrasent le monde d’un sommeil sans rêve, nos personnages sont eux aussi des noctambules.

Le roman se concentre sur un laps de temps très court. L’action se déroule entre quatre heures et six heures du matin. C’est le temps de l’agression de Kat. C’est aussi au cours de cette nuit que les différents personnages se décident à prendre ou non leur destin en main.