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Critiques

Leaving Tulsa, Jennifer Elise Foerster (par Nicolas Grenier)

Ecrit par Nicolas Grenier , le Mardi, 24 Septembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Poésie

Leaving Tulsa, Jennifer Elise Foerster, éditions Encrages & Co, Coll. Parallèles, juin 2024, trad. anglais, Béatrice Machet, 120 pages, 17 €

 

Coma Oklahoma

On a l’impression d’abandonner un monde ancien, l’enfance de Jennifer Elise Foerster, l’ombre de ses grands-parents à Jenks, dans le comté de Tulsa, comme les derniers éclats de la tribu amérindienne, la nation Muscogee : les légendes, les rites, les funérailles. À travers ses élégies, ses lamentations, ses chansons, cette terre de mémoire pourrait s’appeler Tulsa, dans l’État de l’Oklahoma, Tucson, Tupelo, Topeka :

Je vois nos cent soixante acres

Tamponnées sur le pays abandonné de Dieu,

Un toit de hangar emporté par le vent

Les œuvres de la voix, Marwan Moujaes, Christophe Viart (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 23 Septembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Le Mot et le Reste

Les œuvres de la voix, Marwan Moujaes, Christophe Viart, Editions Le mot et le reste, juin 2024, 264 pages, 23 € Edition: Le Mot et le Reste

 

La voix en ses variations

Quoi de plus familier mais aussi de plus mystérieux que la voix ? Nous sommes habitués au timbre de notre voix, à son grain, à son phrasé ; on l’entend résonner en nous, d’une manière intime, entre diaphragme et oreille. Pourtant on ne reconnaît pas sa voix enregistrée qui nous semble bien étrangère. Et l’on n’a aucune idée de la façon dont les autres la perçoivent. Elle paraît semblable à notre visage, lui aussi si proche et si lointain que seuls les autres dévisagent véritablement. On sait que se voir dans un miroir reste une expérience des plus troublantes et trompeuses.

Alors qu’en est-il de notre voix et de celles des autres ? Il est des voix blanches, d’autres d’outre-tombe, parfois inquiétantes, certaines rocailleuses, graves, inaudibles, quelques-unes agaçantes, stridentes, quelques autres qui avalent les mots ou qui jouent des silences ou encore dont on boit les paroles.

La Petite Plage, Marie-Hélène Prouteau (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 23 Septembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

La Petite Plage, Marie-Hélène Prouteau, éditions La Part Commune, 107 pages, 13,90 € . Ecrivain(s): Marie Hélène Prouteau

 

Les plages de Marie-Hélène Prouteau

C’est une même terre que notre terre.

La Petite Plage cristallise cette conviction que grain de sable par grain de sable notre terre est un château unique, le nôtre, celui que donne à sentir, grain par grain, mot par mot, dans de belles pages, Marie-Hélène Prouteau.

Évidemment, notre œil brille et notre oreille se dresse si l’on est de Bretagne. Nos sens pourraient être autant en alerte si du Tibet, des régions indiennes d’Outre-Atlantique, de Chine ou de Vienne ou Buda. Peu importe car la Petite Plage est convexe, entre son ventre doux jusqu’au centre de tout, entre ses souffles d’abysses jusqu’aux estuaires du ciel.

Les Bouquinistes, Thomas Morales (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 20 Septembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Anthologie

Les Bouquinistes, Thomas Morales, Éditions Héliopoles, septembre 2024, 208 pages, 22 € . Ecrivain(s): Thomas Morales

 

« Les trainards s’y arrêtent souvent, palpent une couverture, s’amusent d’un titre, se souviennent d’un auteur retrouvé et, pour quelques pièces, repartent avec un morceau de Paris » (Les Bouquinistes).

« On se love dans son écriture saignante, faite d’arabesques et de précisions d’entomologiste » (Courteline).

« Il met le feu à chaque page » (Chaval).

« Carlos était un seigneur russe qui aimait la pêche, Jean Rostand, Sidney Bechet, le homard, les voyages et les lumières de la Crimée » (Carlos).

« La voix de Salvatore, ce torrent de rocailles, agit comme un détonateur, il révèle nos failles, les explose à la dynamite, nous met à nu et nous apaise » (Salvatore Adamo).

La parole aux négresses, Awa Thiam (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 20 Septembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres

La parole aux négresses, Awa Thiam, Éditions Divergences, mai 2024, 208 pages, 16 €

 

Des multiples sujétions

La parole aux négresses est l’ouvrage fondamental d’Awa Thiam, paru en 1978, d’une anthropologue novatrice, née au Sénégal en 1950, professeure associée et chercheuse en anthropologie à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, et fondatrice du Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles. En rédigeant la préface, Mame-Fatou Niang répond à Benoîte Groult en précisant que « ces Sénégalaises, Maliennes, Guinéennes, Ivoiriennes, Ghanéennes, et Nigérianes, ne sont pas tant silencieuses que silenciées », ce qui en dit long sur la problématique des femmes africaines et le sujet abordé. Awa Thiam refuse l’infantilisation des femmes noires mais n’omet pas la complicité de nombre d’entre elles à perpétrer la sujétion à l’ordre traditionnel patriarcal et à l’asservissement de genre.