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Cristallisation secrète, Yôko Ogawa

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 17 Juin 2016. , dans La Une Livres, Actes Sud, Japon, Les Livres, Critiques, Roman

Cristallisation secrète (in Œuvres-II), (Hisoyaka na kessho, 1994), trad. japonais Rose-Marie Makino-Fayolle, 1376 pages, 29 € . Ecrivain(s): Yoko Ogawa Edition: Actes Sud

 

L’écriture de Yôko Ogawa offre une caractéristique assez rare, celle de transmettre ou faire mûrir une paix et une tranquillité chez le lecteur que l’on trouve rarement, même dans les plus grandes œuvres. Cela ne veut pas dire qu’elle ne sait pas en même temps nous questionner et, assez paradoxalement, nous « inquiéter ». C’est particulièrement le cas avec ce récit publié pour la première fois en 1994. Un récit qui est par ailleurs double : la narratrice qui est le personnage central écrivant elle aussi des romans, un roman en particulier dans le temps de ce récit.

Nous sommes sur une île où, l’une après l’autre, les choses disparaissent. Ensuite, elles sont, ou plutôt elles doivent être oubliées. La police secrète veille d’ailleurs à ce que les choses oubliées disparaissent bien et pourchassent par ailleurs ceux qui ne parviennent pas à oublier ou s’y refusent. Ce sont alors eux qui disparaissent. On retrouve là quelque chose qui peut rappeler les anticipations inquiétantes d’un George Orwell (1984) ou d’un Ray Bradbury (Farenheit 451), voire, sur un autre registre, de Michael Ende (L’histoire sans fin).

Confiteor, Jaume Cabré

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 08 Juin 2016. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Espagne, Roman

Confiteor (Jo confesso), trad. catalan Edmond Raillard, 784 pages, 26 € . Ecrivain(s): Jaume Cabré Edition: Actes Sud

 

Un monument !

Quelques lignes pour rendre compte de la lecture de Confiteor… Cela semble relever du défi tant le monument qu’a bâti Jaume Cabré est touffu, riche, plein de couloirs et de portes qui surprennent… Il serait peut-être plus raisonnable de s’en tenir là et de tout simplement conseiller au lecteur de faire le grand plongeon dans ces presque 800 pages, avec ou sans boussole. Un monument qui a pris huit années à son auteur…

Confiteor c’est l’histoire d’un violon… Non. Confiteor c’est une expérience d’écriture qui reprend et développe à l’infini l’écriture faulknérienne… Non. Confiteor c’est un roman philosophique ou de la philosophie mise en récit sur l’histoire du mal et l’impuissance de la culture contre les fanatismes obscurs qui rythment l’histoire… Non. Confiteor c’est l’histoire d’un amour impossible perpétuellement contrarié… Non. Confiteor c’est un roman qui mêle avec une diabolique habileté la réalité et la fiction… Confiteor c’est… C’est tout cela à la fois. Et d’autres choses encore. Comme une expérience de lecture exigeante, perturbante, fascinante, épuisante, réjouissante… Tout cela à la fois.

Popa Singer, René Depestre

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 31 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Zulma

Popa Singer, février 2016, 155 pages, 16,50€ . Ecrivain(s): René Depestre Edition: Zulma

 

Avec Popa Singer, les éditions Zulma nous font découvrir un texte ancien mais pas encore publié de l’un des doyens de la littérature haïtienne, René Depestre (1926). L’auteur reconnaît par ailleurs qu’il s’agit d’un texte un peu particulier au point qu’un « mode d’emploi » a été ajouté à la fin du récit dans lequel René Depestre explique : « J’avais alors adressé le manuscrit à l’éditeur sans l’accompagner d’un mode d’emploi. (…) Le récit, écrit dans la tradition du réel-merveilleux haïtien, sans clefs de lecture, était impubliable. Il allait rester de nombreuses années dans les ténèbres d’un tiroir ».

Même aujourd’hui, le récit et surtout l’écriture ont encore de quoi surprendre, de quoi dérouter le lecteur, pour son bonheur sans doute, mais de le dérouter. Ecriture foisonnante, regorgeant d’images, de métaphores, de rythmes qui semblent relever autant d’une transe vaudou que d’une exubérance poétique flamboyante, abreuvée du lyrisme des Caraïbes.

Les Belges reconnaissants, Martine Nougué

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 28 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Les Belges reconnaissants, éd. du Caïman, janvier 2015, 220 pages, 12 € . Ecrivain(s): Martine Nougué

 

Que se passe-t-il au juste à Castellac, ce petit village de garrigue entre Sète et Montpellier ? Ce qui s’y passe, c’est que son édile, maire depuis trois générations si l’on peut dire, a été assassiné. Un assassinat de maire, cela n’est pas si courant, même si l’on compte que les maires sont sensiblement moins nombreux dans la population que les gens « ordinaires », ceux de ce qu’on appelle curieusement la société civile. Comme tout élu, celui-ci a ses partisans. Nombreux. Car comme d’autres il a su se faire aimer et apprécier, quitte à développer quelques pratiques clientélistes, mais uniquement dans l’intérêt de la population, bien entendu. Donc, monsieur le maire, fils et petit-fils de maire, a été retrouvé occis dans la garrigue. Linge sale lavé en famille loin des regard indiscrets ? Impossible pour l’entourage de « Ludo », ses amis et sa garde rapprochée. D’ailleurs, à Castellac, il n’a que des amis. Que des amis. Sauf peut-être… l’étrangère, là, celle qui n’est pas d’ici et qui joue les écolos… Une emmerdeuse et une fouineuse… qui mériterait bien une correction (même si elle l’a déjà eue en prétendant se présenter aux municipales contre le maire, 3e du nom).

Soleil noir, Armèle Malavallon

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 20 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Soleil noir, éd. Les Nouveaux Auteurs, février 2015, 323 pages, 19,95 € . Ecrivain(s): Armèle Malavallon

 

 

Une bonne façon de faire disparaître un corps humain, lorsque l’on a besoin de s’en débarrasser sans laisser de trace, peut consister à le brûler. Mais cela prend du temps car un corps, c’est bien connu, cela ne brûle pas tout seul. Cela ne brûle pas tout seul ? Pas si sûr ! Des fois ça brûle sans que l’on sache pourquoi. Combustion spontanée, dit-on. Surtout combustion inexplicable. La chose est rare, voire rarissime, mais pas unique, et l’énigme de ces corps calcinés reste entière dans les annales, ce depuis quelques siècles déjà.

Mais un événement inexplicable une fois, ça va. Quand il y en a un deuxième et un troisième dans la même ville à quelques jours d’intervalle… la croyance dans l’inexplicable ne suffit vraiment plus ! L’inexplicable est forcément explicable et les soi-disant lois des séries ne peuvent être que celles d’un tueur, d’un assassin qui doit bien avoir un mobile.