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Clouer l’Ouest, Séverine Chevalier

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 03 Novembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions Ecorce

Clouer l’Ouest, juin 2014, 180 pages, 10 € . Ecrivain(s): Séverine Chevalier Edition: Editions Ecorce

 

 

Ne pas passer à côté de ce livre. Voilà, c’est dit !

D’urgence, ouvrir ce petit opuscule dont la couverture moirée hésite entre un rien de forêt du Soulages juste avant l’Outre Noir, et un reflet presque aristocratique d’un métal ancien. Puis, se jeter, au rythme d’une émotion littéraire vraiment neuve, dans ce voyage au fond du Limousin noir et des états d’âme de l’homme depuis la nuit des temps…

 

« Il faut bien que les choses se soient passées d’une certaine façon. Longtemps, je ne me préoccupais pas de la scène blanche… »

Saisons régulières, Roland Tixier

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 25 Octobre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Le pont du change

Saisons régulières, juillet 2014, 69 p. 12 € . Ecrivain(s): Roland Tixier Edition: Le pont du change

 

La Cause Littéraire a déjà eu le plaisir de recenser deux autres opus de Roland Tixier ; celui qui marche dans la ville en poétisant, si joliment, comme si de rien n’était. Deux bijoux : Le passant de Vaulx-en-Velin et Chaque fois l’Éternité*.

Ce petit livret-là n’échappe pas à la règle. Un bonheur pour jours ordinaires où ça va pas toujours fort. Un remède de poète pour mal-être peu bruyant de chacun, là, dans la société du bas des villes.

Des tercets de tous les jours, qu’on s’approprie, familiers, mais, que personne au bout ne saurait écrire comme Tixier, lui, le sait. C’est ce qui fait le précieux de la chose : de l’ordinaire, du banal, en paquet-cadeau – royal.

De tout petits vers de ville – celle de tout le monde, ni touristique, ni extraordinaire, où marche celui qui parle ; regarde, sent, sourit ou mélancolise. D’un bout de l’an à l’autre, en ce climat plutôt médium de ces régions peri-lyonnaises où se pose le recueil. Des Haïkus – on pense forcément à cette versification japonaise donnant le ressenti des saisons – mais cuisinés à la manière d’ici, avec cette robustesse lyonnaise, et ce goûteux, les pieds sur terre.

Les Singuliers, Anne Percin

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 27 Septembre 2014. , dans La Brune (Le Rouergue), La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman

Les Singuliers, août 2014, 392 pages, 22 € . Ecrivain(s): Anne Percin Edition: La Brune (Le Rouergue)

Singulier et singulièrement prenant, ce livre, hors des modes, ailleurs. Un voyage.

Échange de lettres, un peu à la manière du XVIIIème siècle finissant, entre quelques personnages, fictifs, probablement, quoique !! vivant fin XIXè dans le milieu de l’art entre Paris et Bruxelles. Des peintres ; les plus grands, mais période « galère et traîne-la-faim ». Simple et remarquablement opérationnelle, l’architecture d’Anne Percin qui confesse en aparté un amour immense pour ces Van Gogh et ces Gauguin…

Sujet qui n’habite certes pas tous les ouvrages de cette rentrée littéraire, et, qui, rien que par lui même, vaudrait la lecture. Mais, il y a tellement plus : vous entrez dans les œuvres, leur genèse, non par la banalité de salles de musée, mais par les jours « vache enragée » et doutes à toutes les sauces, de ces génies ; vous palpez leur quotidien, leur hargne ou leur lâcheté ; on pourrait dire, leur banalité ; on les entendrait presque respirer, tousser, là, devant leurs toiles roulées. Du temps que personne ne les regardait ou, plutôt, les regardait de travers. Tout Gauguin, tout Van Gogh ; tout ce qu’on voit et connaît d’eux ; leurs couleurs, leurs factures, presque l’odeur de la peinture. Vous êtes pour autant, ailleurs que devant la toile ; derrière, peut-être, dans la tête du bonhomme, dans son intime vécu psychique dirait notre psy. Une espèce de quatrième dimension impressionnante. Un musée unique que celui de Percin…

La Grande Guerre des écrivains d’Apollinaire à Zweig, Antoine Compagnon

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Essais, Histoire

La Grande Guerre des écrivains d’Apollinaire à Zweig, mai 2014, 840 p. 10,60 € . Ecrivain(s): Antoine Compagnon Edition: Folio (Gallimard)

 

« Il vient une odeur de genièvre

Des forêts que ravage le feu

Les femmes gémissent sur leurs fils

On entend pleurer dans les villages les veuves »

Anna Akhmatova, Juillet 14, dans Troupe Blanche, 1917

Et tout le reste est Histoire, pourrait-on dire en sortant, sonné, admiratif, de cette somme-anthologie unique en son genre. Plus d’un an de rédaction a été nécessaire pour accoucher de ce livre, et combien d’heures pour sa gestation ? C’est à une montagne que s’est attaqué Antoine Compagnon, ici, en partant de lui-même ; ses deux grands-pères poilus, « ses » veuves et son histoire intime, pour traverser toute la guerre, d’écrivain en écrivain et nous fournir (un petit livre savant en soi) une fondamentale préface et un récit de sa méthode de travail. Cet Anapurna a été vaincu ;

Un mort de trop, Alexandra Appers

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 13 Septembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Ring Editions

Un mort de trop, avril 2014, 263 p. 19,95 € . Ecrivain(s): Alexandra Appers Edition: Ring Editions

 

Époustouflant. On en sort – à regrets – de ce roman-rock qui nous tue les oreilles avant que de nous subjuguer, nous happer.

La séduction s’installe, s’imprime plutôt, « à tout jamais sur nous » comme un tatouage – sujet absolu, et ô combien complexe de ce livre étrange, sur ce qui fait mal, marque à vie, et manie hautement l’imaginaire. Mais – ultime et remarquable tactique littéraire de ce premier roman – ça ne vient pas d’emblée. Progressif… un tatouage, vous dit-on !

Pendant quelques chapitres, on s’immerge – du bout de l’œil, dans un bled apparemment côté montagnes, où tout le monde croit connaître tout le monde. Un bar, pour routiers, et sa tenancière – la mère du héros, typée bien vulgaire ; pas de père en vue. Le jeune, paumé, mal dans sa peau, sous la coupe, en geignant. Copain : un malabar, un peu juste en équilibre ; une fille : Ella, apprentie coiffeuse peut-être, rêvant de gloriole à gagner sur le « Télé 7 jours » de la semaine ; évidemment, pas farouche.