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Articles taggés avec: L_ Petauton Martine

Bleu tatouage, Marie Causse

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 08 Mars 2014. , dans La Une Livres, L'Arpenteur (Gallimard), Les Livres, Critiques, Roman

Bleu tatouage, décembre 2013, 140 pages, 12,90 € . Ecrivain(s): Marie Causse Edition: L'Arpenteur (Gallimard)

 

Dès la dernière page fermée – une des meilleures en plus – on se demande quand l’excellent film – et plus noir que celui, serré du comptoir – tiré de ce bijou de livre nous ramènera devant ce Bleu tatouage, en salle, cette fois. Parce que de cette histoire et de son univers, on ne se lasse pas !

Tout petit livre, mais formidable récit, remarquables personnages, hauts comme tout un théâtre. Un bel objet fini, qui tient, tout l’attirail en bandoulière, dans ces quelques pages denses et fines à la fois.

Un modèle de policier ? Eh bien, oui, puisque le genre est servi : cadavre, enquête, milieu glauque de la drogue dans une province sans couleurs ; policiers droits et ripoux ; indics et fonds de bars. Donc, bien un policier… mais, pas à ranger dans la Série Noire. Ailleurs, mais où ? C’est assurément ce côté dérangé et pas mal dérangeant, cette quête de la boîte où le classer (y-en-a-t-il, du reste, une ?) qui nous emmène dans la passion de le lire… dégagez quelques heures, au calme, et dégustez !

L’été des lucioles, Gilles Paris

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 21 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Héloïse D'Ormesson

L’été des lucioles, janvier 2014, 220 p. 17 € . Ecrivain(s): Gilles Paris Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Voilà encore un livre où c’est l’enfant qui dit « je ». Ah ! Une petite « Guerre des boutons » bis ? un livre carrément gnian-gnian, sucré – faussement dégoulinant de choses sacrées de l’enfance ? Cela semble si facile d’écrire-enfant ; un jeu de môme… et au bout, souvent, n’intéresser personne, ni gamin, ni adulte…

Sauf quand on est Gilles Paris. Lui, il connaît parfaitement (ses livres, les prix qui vont avec, sont là pour le dire) ce code, cette musique-là ; pas une seule fausse note dans sa partition ! Au point qu’on a parfois des doutes : serait-il, ce Gilles Paris, un magicien, qui a les tours qu’il faut dans sa besace étrange ? Ou, mieux, serait-il lui-même encore un enfant ? malgré les apparences – sérieuses, de l’éditeur, de l’auteur. A-t-il gardé des secrets de savoirs, d’écriture, de langage, pour – quasi parfaitement – nous embarquer chez les 10/14, aussi sûrement qu’Alice (il doit bien, du reste, la connaître un peu) traverse le miroir.

Jour, Jean-Jacques Marimbert

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 10 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Carnets du dessert de lune

Jour, juin 2013, 59 pages, 10 € . Ecrivain(s): Jean-Jacques Marimbert Edition: Carnets du dessert de lune

 

En poésie, il y a tant de manières d’aborder, de lire, d’aimer… et tant d’émotionnel dans cet exercice-là ! Ceux, par exemple, qui vous diront tout de l’architecture, des chemins qu’empruntent ces mots à part du reste des écritures, qui analysent, conceptualisent et vous « disent » – sans contestation aucune – le sens, le vrai, le définitif. Ceux qui sauront, presque immédiatement, les ponts si évidents, disent-ils, avec cet autre immense poète, et qui intimident au point de nous laisser à la porte de leur précieuse chapelle. Et puis, il y a ceux qui veulent voyager en poésie, à leur rythme, comme ça leur chante ; ceux qui vont au pays des vers, comme au concert, pour la musique, le voyage, le coup au cœur. Ceux qui la lisent, cette poésie, à mi-voix, et l’emportent partout en promenade, pour en savourer deux ou trois vers, ici ou là, comme deux tranches de mandarine d’hiver…

Jean-Jacques Marimbert – sa biographie le dit – est un homme à plusieurs vies, donc, un poète !

Cent vingt et un jours, Michèle Audin

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 08 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Cent vingt et un jours, décembre 2013, 184 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Michèle Audin Edition: Gallimard

 

Nombres ; chiffres ; raisonnements. Mathématiques. Michèle Audin est ainsi construite ; ses écritures aussi. Pour autant, poésie – ô combien ! sentiments, humanité surtout – donc, littérature, se sont invités au banquet de ce petit livre dense, poignant, dont le titre Cent vingt et un jours est, du reste, écrit, mais non posé en langage mathématique.

Cela aurait pu être un recueil de nouvelles, dont les chapitres auraient porté le nom de ceux, nombreux et bien campés, qu’on croise dans ce reflet du fleuve du siècle dernier. Enfer brumeux que visiterait Orphée, où divaguent ceux de la Grande Guerre et ceux de la terrible Seconde, brisés, bourreaux ou carrément perdus ; parfois, tout ensemble… Mais c’est un roman-récit, et non des nouvelles, qu’a préféré Michèle Audin, la mathématicienne, qui fréquente aussi – et, plutôt bien – la façon si particulière de penser et de travailler des historiens. Elle n’a pas voulu de ce mot « fin » au bas des chapitres, de ces mini histoires bouclées. Son récit a besoin du temps long, décliné et repris d’un bout à l’autre des pages, sans presque reprendre son souffle, comme un immense problème, dont on ne sait au final s’il peut se résoudre, et qui va son chemin, raisonné, rassemblant ses données, n’en oubliant aucune, cherchant les preuves, les vérifiant, les additionnant au fil de l’Histoire. Comptabilité unique ; scansion des malheurs.

Buvard, Julia Kerninon

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 30 Janvier 2014. , dans La Brune (Le Rouergue), La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Buvard, janvier 2014, 200 pages, 18,80 € . Ecrivain(s): Julia Kerninon Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

Un buvard, souvent rose ; un touché, un duveteux unique qui va avec les souvenirs – autant de traces d’encre. Quand on regarde de près, on trouve – à l’envers – les mots de la page originale, tremblés comme autant de caractères orientaux. Il s’agit d’écriture – mais, curieuse, et – avant les ordi, c’était un peu une autre main de l’écrivain…

Le Buvard de Kerninon est tout ça, moins le rose, et il râpe vraiment la peau…

Quelque part au fond d’une campagne anglaise, une écrivaine, plus que célèbre, se cache (« un trou d’herbe où elle vivait ») :

Catherine N Spacek, « sa prose splendide, sa voix de fumeuse ». Un étudiant, très fan, gagne le droit d’interroger la bête étrange, dont la curieuse beauté – solaire, ou minérale, selon l’heure – nous fait pencher parfois pour une Amélie Nothomb (« impitoyable, petit oiseau de proie portant rouge à lèvres », petit génie surdoué et prolifique, et son club d’inconditionnels). Mais on peut hésiter et préférer Garbo : « il était fait mention de lectures publiques tumultueuses, d’une réputation sulfureuse, des sommes colossales d’argent touché, du succès international, et de son silence surtout ».