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D’Être en ce monde, Alexandre Blaineau (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 08 Novembre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

D’Être en ce monde, Alexandre Blaineau, éditions Milagro, septembre 2021, 72 pages, 10 €

 

Depuis l’Histoire

Pour moi qui aime voir et découvrir l’être derrière l’écriture, cette lecture a suscité en moi une sagacité réelle. J’ai, dans un premier temps, été pris par le caractère squelettique du texte. Cette forme moderne d’une « anorexie » volontaire, m’a fait songer au Bonnes de Genet – qui décrit sa pièce comme étant squelettique – tant le caractère lapidaire des poèmes semble faire référence à un univers froid, emprunt, sujet au détachement, à la distance.

 

Cette vallée devenue plaine

Vaste comme la main d’un dieu

Où s’imposent le toujours des puissances

Le paysage d’un feu nouveau

Et le regard inquiet des antilopes

Sur Dieu, Rainer Maria Rilke (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 27 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Arfuyen, Poésie

Sur Dieu, Rainer Maria Rilke, Arfuyen, septembre 2021, trad. allemand, Gérard Pfister, 123 pages, 14 €

 

AH, N’ÊTRE PAS SÉPARÉ

 

Dieu sien

C’est tout à une métaphysique que ces écrits spirituels de Rilke nous mandent. Ils auraient pu s’intituler : Que sais-je en Dieu ? Car pour le poète autrichien, compte surtout le parcours de l’homme vers Dieu. Regarder la mort, prendre en compte l’invisible, étudier sa foi, évoquer la vie, tout cela conduit à la divinité. Mais à une divinité personnelle et nullement grégaire ou moutonnière. Donc un lien à une religiosité profonde et active, et non pas routinière ou sociale. C’est la charnière axiologique qui articule, à mon sens ici, l’édification spirituelle du croyant.

Donc, avec Rilke il est possible d’envisager le mystère ou le chant, l’énigme ou la prière. Dieu se livre par une espèce d’illumination. En tout cas, est une représentation intérieure. C’est là, dans le monde du dedans, que gît la déité.

Le vent la couleur, Jean Pierre Vidal (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 25 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Le vent la couleur, Jean Pierre Vidal, éditions Le Silence qui roule, septembre 2021, 100 pages, 13 €

 

Explication du vent

Ce recueil tourne proprement dans le vent et la couleur. Mais tourne sans presque de bruit, avec un vent sans nom et une couleur sans couleur, réduits à leur essence. Nous sommes plus dans l’archétype du vent que dans le vent, dans le gris plutôt que la couleur. De ce fait nous nous tenons à la limite de l’exprimable, tant sont resserrées cette émanation et cette teinture. Du reste, ce n’est pas le vent de l’Évangile, lequel n’est pas synonyme de l’amour du Dieu car il cesse sans raison et ne connaît que le désordre.

Le vent de Jean Pierre Vidal s’explique de ce qu’il fait et explique le destin de la ventosité. La quête demeure de toute façon, elle aussi essentielle, mais qui ne se jette pas par caprice depuis les quatre points cardinaux, mais davantage comme symbole de ce qui élève et emporte.

Dans les branches, Thierry Metz (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 20 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Dans les branches, Thierry Metz, éditions Le Ballet Royal, décembre 2020, 62 pages, 13 €

 

Habitation

Je suis heureux de faire part ici de mon sentiment au regard de ce petit recueil de Thierry Metz, disparu en mettant fin à ses jours en avril 1997. Je fais cette remarque car je découvre cette écriture. Et c’est grâce à l’amitié de Jean Maison, qui a composé plus un vrai texte qu’une postface à cette réédition, que je peux lire cette tragique position devant le monde. Car c’est bel et bien devant que se poste Thierry Metz. Devant le monde, un monde de signes restreints, voire fragiles, éthériques, une habitation poétique qui campe un espace de très peu de signaux, et de plus témoignant de l’abrupte réalité sans images, sans métaphores, sorte d’univers anorexique, essoufflé, côtoyant le vide. C’est ainsi d’abord une vision de la présence humaine, demeure intérieure qui s’ouvre sur quelques mots ; huis, fenêtre, description presque glaciale de la porte, de la table, et peut-être un rayon d’une lumière innommable venant frapper le sol dur du texte. On goûte une espèce d’élixir de mort.

Ars Poetica, Poèmes bibliques, Yorgos Thèmelis (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Bassin méditerranéen, Poésie

Ars Poetica, Poèmes bibliques, Yorgos Thèmelis, Éd. Ressouvenances, mai 2021, trad. grec moderne, Bernard Grasset, 188 pages, 21,99 €

 

La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.

Luc XXII, 23

 

Poèmes aigus

Pour définir mon sentiment à l’égard de cette traduction et du travail de Bernard Grasset, je voudrais user d’un peu d’étymologie avec une certaine licence. Car ces poèmes aigus, comme le titre de cette chronique le souligne, s’apparentent intellectuellement à la définition du baroque, ici pensé comme perle irrégulière. Et comme de plus cette poésie défend une idée de la croyance religieuse (orthodoxe ?), cette perle irrégulière donne à penser au caractère aigu de l’irrégularité de la perle. Angles, décrochements sur la page, majuscules, tout est ici hérissé, cubique.