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Roman

Ame qui vive, Véronique Bizot (2ème critique)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 18 Mars 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Ame qui vive, février 2014, 110 pages, 14,80 € . Ecrivain(s): Véronique Bizot Edition: Actes Sud

Il y a du Thomas Bernhard dans ce livre… mais une forme de désespoir qui trouve son exutoire moins dans le ressassement que dans l’engluement.

Quatre personnages, quatre hommes et parmi eux, deux frères, dans des lieux inhospitaliers, vivant là parce qu’ils l’ont choisi – ou accepté, mais n’est-ce pas la même chose ? – pour un temps. Accepté, choisi, le pire, la fatalité du pire.

Fouks, dramaturge à succès, détruisant au fur et à mesure toute production, cloîtré, enterré dans une maison lugubre :

« Et si une forme de joie avait autrefois existé chez eux (joie de vivre) elle donnait l’impression de les avoir depuis longtemps désertés, et sans doute s’étaient-ils, après quelque temps d’étonnement, habitués à se passer d’elle. Mais j’aimais bien les observer, assis dans l’atelier, ou bien Montoya et mon frère installés dans la bibliothèque face au bureau de Fouks éclairé par une lampe de cuivre, Fouks leur lisant parfois des passages de son travail, ce qu’il n’avait jamais fait avant de rencontrer Montoya, et raturant vigoureusement au fur et à mesure de sa lecture, si bien qu’il finissait par s’interrompre complètement et se mettait à tout récrire comme si nous n’avions pas été là » (p.36-37).

Terreur Apache, William Riley Burnett

Ecrit par Victoire NGuyen , le Dimanche, 16 Mars 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Actes Sud

Terreur Apache, traduit de l’Anglais (USA) par Fabienne Duvigneau, novembre 2013, 416 p. 20 € . Ecrivain(s): William Riley Burnett Edition: Actes Sud

 

L’altérité radicale


Walter Grein est dépêché par le gouvernement pour partir dans l’Arizona afin de capturer le chef apache Toriano qui s’est enfuit de la Réserve. Constituant une armée, celui-ci sème la terreur en massacrant les fermiers et les habitants. Il nargue la puissance des tuniques bleues. Walter Grein, lui aussi, constitue un groupe d’élites et chevauche sur les terres sauvages jusqu’aux confins des frontières connues afin de neutraliser Toriano.

En pur western, le roman décrit une action qui s’est réellement passée en 1886 dans les contrées arides de l’Arizona. D’ailleurs, à la fin du roman, grâce au « Note de l’auteur », le lecteur apprend que le personnage de Walter Grein est inspiré en partie de la célèbre figure du chef des éclaireurs Al Sieber durant les guerres avec les tribus indiennes.

Le garçon du Rwanda, Bernard Dan

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 12 Mars 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le garçon du Rwanda, Editions de l’Aube, Collection Regards croisés, janvier 2014, 256 p. 17,20 € . Ecrivain(s): Bernard Dan

 

Regards croisés


Depuis toujours Esther Lyon a un problème qui lui ronge l’existence : elle ne peut pas dormir. Son insomnie la pousse à côtoyer le monde médical et, d’errance en errance à la quête d’un diagnostic, elle rencontre des traumatisés de guerre telle la petite fille venue de Bosnie. Cette rencontre l’a profondément marquée mais c’est surtout le face à face fortuit entre Esther et un petit garçon qu’elle nomme d’emblée Sanembe qui va bouleverser son existence.

Des années plus tard, devenue adulte et brisée par la vie, Esther revoit Sanembe qui s’appelle en réalité Camille. Tous deux vont tenter de survivre en puisant chez l’autre la force nécessaire pour continuer à avancer. En effet, si Esther a une personnalité morcelée, Camille, lui, cache un mal plus grand : celui du génocide rwandais dont il semble être témoin. Chacun va aider l’autre à surmonter sa terreur de vivre. Esther, atteinte d’un mal incurable sent la vie lui échapper lentement. Cependant, elle s’apaise en écoutant les histoires de son ami :

Mustang, Frédéric Doré

Ecrit par Lionel Bedin , le Mardi, 11 Mars 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Table Ronde

Mustang, janvier 2014, 160 pages, 16 € . Ecrivain(s): Frédéric Doré Edition: La Table Ronde

 

L’histoire racontée dans ce roman est finalement très simple et banale. A New York, Manhattan, dans une petite entreprise, un « bureau d’études », une start-up à l’américaine, s’agitent, ici comme ailleurs, quelques hommes, informaticiens et chercheurs, qui préparent les futurs voyages pour tous dans l’espace. La recherche de financements et la communication sur des projets un peu aléatoires sont les principales occupations. Mais les dizaines d’heures passées devant les écrans des ordinateurs ne peuvent pleinement remplir une journée, ni une vie. Alors bien sûr il y a les à-côtés, les rencontres, les amitiés, les liaisons, l’amour, qui vont faire ou défaire le quotidien, l’avenir.

Dans ce roman on croise un petit nombre de personnages. Le narrateur, qui, après une thèse à Paris, est embauché par la start-up, qui va décrire ce petit monde et l’ambiance dans laquelle elle évolue. Sterling, le patron angoissé, qui tente de protéger sa petite troupe des turbulences de la crise, qui a besoin d’un panneau de basket dans son bureau pour calmer ses nerfs. Balandier, l’autre boss, plus taciturne, celui qui donne les orientations, qui valide les projets, qui a la confiance de l’équipe.

Bleu tatouage, Marie Causse

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 08 Mars 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Arpenteur (Gallimard)

Bleu tatouage, décembre 2013, 140 pages, 12,90 € . Ecrivain(s): Marie Causse Edition: L'Arpenteur (Gallimard)

 

Dès la dernière page fermée – une des meilleures en plus – on se demande quand l’excellent film – et plus noir que celui, serré du comptoir – tiré de ce bijou de livre nous ramènera devant ce Bleu tatouage, en salle, cette fois. Parce que de cette histoire et de son univers, on ne se lasse pas !

Tout petit livre, mais formidable récit, remarquables personnages, hauts comme tout un théâtre. Un bel objet fini, qui tient, tout l’attirail en bandoulière, dans ces quelques pages denses et fines à la fois.

Un modèle de policier ? Eh bien, oui, puisque le genre est servi : cadavre, enquête, milieu glauque de la drogue dans une province sans couleurs ; policiers droits et ripoux ; indics et fonds de bars. Donc, bien un policier… mais, pas à ranger dans la Série Noire. Ailleurs, mais où ? C’est assurément ce côté dérangé et pas mal dérangeant, cette quête de la boîte où le classer (y-en-a-t-il, du reste, une ?) qui nous emmène dans la passion de le lire… dégagez quelques heures, au calme, et dégustez !