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Roman

Un été sans alcool, Bernard Thomasson

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 14 Juin 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Seuil

Un été sans alcool, mai 2014, 264 pages, 18,00 € . Ecrivain(s): Bernard Thomasson Edition: Seuil

 

« Je m’appelle Charles. J’ai soixante-neuf ans la semaine prochaine. Et je me suis lancé à la conquête de l’identité de mon père. Je sais que c’était un résistant. Je connais son prénom, Pierre. Personne ne m’a révélé son vrai nom. Il faut avouer que je ne l’ai jamais cherché.

Jusqu’à cet été ».

Roman de l’origine, et origine du roman, c’est le principe actif d’Un été sans alcool. Son terrain d’expérimentation : celui des eaux troubles de l’occupation et de la résistance, de ce qui a été dit et donc caché. Celui de la mémoire partielle, des affirmations et des rumeurs. Roman français, s’il en est. Sans identité, sans trace, sans visage, sans mémoire, point de récit national, et par extension point de récit particulier et romanesque. Un été sans alcool est le roman de la recherche de l’identité et de l’histoire du père du narrateur, mais aussi de sa mère.

Le temps est venu d’en savoir plus et de ne plus se contenter de ce qui s’est colporté. Le temps de Charles est compté, alors il se plonge dans ce qui a fondé son existence, sa naissance, au cœur de la guerre, de l’occupation et du maquis.

Les collines d’eucalyptus, Duong Thu Huong

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 14 Juin 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Sabine Wespieser

Les collines d’eucalyptus, traduit du vietnamien par Phuong Dang Tran, 779 pages, 29 € . Ecrivain(s): Duong Thu Huong Edition: Sabine Wespieser

 

Les malheurs de Thanh


Les collines d’eucalyptus peut être lu à la suite de Sanctuaire du cœur publié en 2011 ou bien indépendamment de ce dernier. Le récit fleuve de 800 pages se veut être engagé et psychologisant. En effet, le roman illustre le combat de l’écrivaine contre le Parti communiste de son pays. Comme à son habitude, Duong Thu Huong ne mâche pas ses mots et dénonce les décisions absurdes qui ont ruiné le pays de l’intérieur comme par exemple la plantation massive des eucalyptus conduisant à l’appauvrissement des sols. Ainsi, la population des collines est privée des ressources naturelles qui l’ont nourrie depuis des millénaires :

« La forêt sauvage laissa place aux plantations de thé, de coton, de canarium, aux vergers de kakis, de jacquiers et de pamplemoussiers.

Seins et œufs, Mieko Kawakami

Ecrit par Frédéric Aribit , le Mardi, 10 Juin 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Japon, Babel (Actes Sud)

Seins et œufs, traduit du japonais par Patrick Honnoré, mars 2014, 108 pages, 6,50 € . Ecrivain(s): Mieko Kawakami Edition: Babel (Actes Sud)

 

Les touche-à-tout exaspèrent. Elle est japonaise. Diplômée de philo. Musicienne. Actrice. Romancière. Poète. Et d’autant plus exaspérante qu’elle a la beauté griffante des héroïnes futuristes d’un Enki Bilal. Seins et œufs (Chichi to Ran), son premier roman traduit en français, et qui lui avait valu le prestigieux prix Akutagawa à sa sortie, en 2007, vient de ressortir dans la collection de poche Babel. Mieko Kawakami nous ferait vraiment tout gober.

Les seins, ce sont ceux de Makiko, qui rêve, du haut de ses quarante ans, de se les faire refaire, dans cette clinique de la ville d’Osaka où elle se rend avec sa fille de douze ans, Midoriko. Installées dans le petit appartement de Natsu, la jeune sœur célibataire de Makiko, mère et fille vont partager avec elle leurs embrouilles successives, leurs disputes, leurs incompréhensions devant les questions que posent la féminité de leur corps mutant et les regards bridés de la société nippone contemporaine.

La violette du Prater, Christopher Isherwood

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Juin 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Grasset

La violette du Prater (The Prater Violet). Traduit de l’anglais par Léo Dilé. Grasset Cahiers rouges avril 2014. 150 p. 7,90 € . Ecrivain(s): Christopher Isherwood Edition: Grasset

 

Dans l’œuvre d’Isherwood, pourtant très fournie, il n’y a que des chefs-d’œuvre. Certes « Adieu à Berlin » y fait figure de sommet mais ce roman-ci est aussi l’œuvre d’un maître. Tout l’art d’Isherwood s’y retrouve, cette capacité à glisser sur la toile de fond sombre de l’histoire du XXème siècle pour se réfugier – et nous réfugier – dans le destin somme toute trivial de personnages romanesques.

Romanesque, comment l’être plus que la figure centrale de ce livre : Bergmann, metteur en scène de cinéma digne du personnage de Falstaff du grand Will. Enorme, baroque, génial, bruyant, agaçant, attachant ! Le narrateur, le jeune écrivain/scénariste « Isherwood », mais oui, en est tout ébouriffé mais fasciné surtout. Les quelques semaines partagées à travailler avec Bergmann à la réalisation d’un film, « la violette du Prater », seront pour lui un vrai parcours initiatique. Pas seulement au plan professionnel, mais surtout au plan humain.

Les scènes désopilantes se succèdent sous les yeux ébahis des collaborateurs du film et d’Isherwood.

Des clairons dans l’après-midi, Ernest Haycox

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 05 Juin 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Actes Sud

Des clairons dans l’après-midi, traduit de l’Anglais (USA) par Jean Esch, novembre 2013, 357 pages, 23 € . Ecrivain(s): Ernest Haycox Edition: Actes Sud

 

Un western explorant les profondeurs psychologiques


Des clairons dans l’après-midi est un roman sur le western mais avec une originalité rare car l’auteur prend soin de brouiller les codes du western. En effet, les personnages ont plus d’épaisseur psychologique. Ainsi, Kern Shafter est un être taciturne. Trahi par la femme qu’il aime, dénoncé par son rival, il est déchu de son grade d’officier. Des années ont passé mais n’ont pas effacé pour autant l’affront. Kern est déterminé par la vengeance et traverse les terres poussiéreuses et désertiques de l’Ouest pour retrouver l’homme qui a été responsable de son malheur.