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Roman

Théorie générale de l’oubli, José Eduardo Agualusa

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 11 Avril 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Métailié

Théorie générale de l’oubli, traduit du Portugais (Angola) Geneviève Leibrich, février 2014, 171 pages, 17 € . Ecrivain(s): José Eduardo Agualusa Edition: Métailié

 

Il y a la littérature portugaise métropolitaine, magnifique de lumière et de mystère – de « saudade », aussi ; et puis il y a la littérature portugaise africaine – celle des anciennes colonies ; presque une autre langue, une autre lumière, des mystères et de la magie – encore plus. Les deux, une littérature sublime.

Cet Agualusa là – la jeune garde lusitano-africaine – est justement de ce tonneau : éclatant de lumière, larmes et rires, touillant merveilleusement les vieux mythes, les contes, la guerre civile, les coups d’Etat, la peur dans le ciel aveuglant de l’Angola au bord de son indépendance. D’autres y avaient mis la plume, et avec quel talent !

Le cul de Judas de Lobo Antunes nous avait laissé l’impression que la page était tournée pour la littérature, sur le conflit postcolonial. Et revoilà, pourtant, l’Angola, ses rues poussiéreuses, les milices cubaines, la fuite des colons… la guerre, mais autrement, et pas moins réussi.

La vie privée, Olivier Steiner

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 08 Avril 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, L'Arpenteur (Gallimard)

La vie privée, mars 2014, 160 pages, 13,90 € . Ecrivain(s): Olivier Steiner Edition: L'Arpenteur (Gallimard)

 

Le corps et l’esprit


Au début, il y a la mort, il y a un mort. Au premier étage d’une maison de bord de mer, gît Emile. Un vieil homme duquel le narrateur, Olivier, s’est occupé pendant 3 ou 4 ans. Il avait besoin d’un toit. Emile était malade, âgé, il tombait, il avait besoin qu’on le relève… L’un a sauvé l’autre qui n’est pas celui qu’on croit : « Le prodige est qu’en le relevant je me redressais », note le narrateur. Il y a donc un corps, ce corps sur lequel la mort opère son travail : il se refroidit, se raidit, au son d’une sonate de Schubert. Il n’y a que ce corps car Emile, la veille déjà, s’en était détaché : il « regardait le plafond, comme si tout ce qui avait un rapport avec son corps ne l’intéressait plus, ne le concernait plus ». Mais Olivier n’avertit personne. Il attend, au rez-de-chaussée. Un homme. Un autre.

Tout s’effondre, Chinua Achebe (2ème critique)

Ecrit par Victoire NGuyen , le Lundi, 07 Avril 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Actes Sud

Tout s’effondre, nouvelle traduction de l’Anglais (Nigeria) par Pierre Girard, octobre 2013, 225 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Chinua Achebe Edition: Actes Sud

De son immense œuvre, Tout s’effondre occupe une place à part. Publié en 1958, c’est le roman qui a fait connaître Chinua Achebe et l’a propulsé sur la scène littéraire internationale puisque l’œuvre a été traduite en une cinquantaine de langues et vendue à des dizaines de millions d’exemplaires.

De plus, son intrigue présente l’histoire de la colonisation de l’Afrique par les Européens en adoptant le point de vue africain. Chinua Achebe met en scène un personnage littéraire de première importance, Okonkwo,  car il porte l’histoire de l’Afrique de son apogée à sa chute au travers les vicissitudes de sa propre destinée.

En effet, dès l’ouverture du roman, Okonkwo dont le nom signifie « feu qui dévore tout » jouit d’une position sociale de prestige dans le village ibo d’Umuofia. Il est un riche fermier. Chef de son clan, il surveille ses trois épouses et règle les conduites de ses enfants selon les attentes du clan. Façonné par une société traditionnelle agraire, il respecte les rites des saisons, pratique les sacrifices pour honorer la mémoire de ses ancêtres et attirer la protection des dieux tutélaires du clan. Enfant du clan, il est aussi l’un des sages qui officient à l’établissement des règles pour maintenir le village dans l’observance des traditions.

Tendre comme les pierres, Philippe Georget

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 01 Avril 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Jigal

Tendre comme les pierres, février 2014, 344 pages, 19 € . Ecrivain(s): Philippe Georget Edition: Jigal

 

 

La Jordanie, Pétra, le Wadi Rum, les Bédouins, la silhouette de Lawrence d’Arabie en arrière-plan…

Philippe Georget a choisi ces lieux et ces personnages avec soin et amour pour situer l’intrigue de son dernier roman Tendre comme les pierres.

Lionel Terras, ancien grand reporter de guerre, travaille désormais, la cinquantaine bien sonnée, pour une société de production audiovisuelle spécialisée dans le documentaire d’entreprise, ZêtaComTV. Un reportage est prévu sur un chantier de fouilles à Pétra, dirigé par un vieil archéologue français de 82 ans, le professeur Rodolphe Moreau. Un job alimentaire pour un Terras aux fins de mois difficiles, un travail sans surprises, qui ne devrait pas poser de problème particulier. Mais, lorsqu’il cherche à contacter l’archéologue, il découvre que celui-ci vient d’être jeté en prison, accusé de pédophilie.

Le lys de Brooklyn, Betty Smith

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 27 Mars 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Belfond

Le Lys de Brooklyn (A tree grows in Brooklyn) Traduction (USA) Maurice Beerbrock 1946. mars 2014. 709 p. 19 € . Ecrivain(s): Betty Smith Edition: Belfond

Les éditions Belfond continuent avec leur collection Vintage à nous dénicher des bijoux qui ont eu leur heure de gloire et – on ne sait pour quelle étrange raison – ont un peu disparu des mémoires de lecteurs. Ce fut il y a peu le superbe « Edisto » de Padgett Powell (lien). Voici « le lys de Brooklyn » de Betty Smith, non moins superbe !

Ce livre a vraiment connu son heure de gloire. Jugez-en. Publié en 1943,  il connut un succès immédiat et phénoménal, plus d’un million d’exemplaires vendus la première année. Mieux encore, Elia Kazan s’en saisit aussitôt pour réaliser le film éponyme de 1945 qui fut également un grand succès populaire. Traduit en français en 1946 par Maurice Beerblock et depuis, plus d’édition ! Voici donc un beau présent dans nos mains !

Elle s’appelle Francie. C’est la petite héroïne du roman. Francie, presque Frankie ; Il est impossible de ne pas penser à la « Frankie Addams » de la grande Carson McCullers tant ces deux très jeunes filles ont de traits communs : La vivacité, l’intelligence immédiate des situations et des personnes, la drôlerie, la droiture morale, la bonté. Les deux livres sont parfaitement contemporains, ce qui ajoute à la nécessité du rapprochement. Mais avec Betty Smith, la période de la narration est plus étendue, quelques années et la démarche initiatique plus évidente.